Parallaxe du Soleil étant prefque infenfible, fa maffe eft incomparablement plus grande que celle de la Terre, & fa diftance eft exceffive, Or, n'eft-il pas abfurde de fuppofer un auffi grand corps tourner en 24 heures à cette diftance autour de la Terre, tandis que l'on peut fatisfaire à cette apparence & à celles que nous préfentent tous les autres Corps céleftes, en faifant tourner fur fon axe, un Globe de 2800 lieues de diamètre? Enfin ce mouvement de rotation eft indiqué par la diminution de Pefanteur à l'Equateur. Car il eft visible que fans ce mouvement, la Terre feroit parfaitement fphérique, & que les Corps ne devroient pas pefer davantage aux Pôles qu'à l'Equateur.

Quant au mouvement de la Terre autour du Soleil, il eft prouvé par la bifarrerie des mouvemens célestes, lorfqu'on les rapporte à la Terre; & par leur fimplicité, lorfqu'on les rapporte au Soleil. Dans la fuppofition de la Terre immobile, il faut, pour expliquer les Phénomènes, fuppofer que les Planètes & les Comètes décrivent des courbes très-compofées, par des mouvemens encore plus compliqués, & en vertu defquels elles font fucceffivement directes, ftationnaires & rétrogrades. En fuppofant au con-traire la Terre en mouvement, tous ces différens. Corps fe meuvent autour du Soleil dans des orbites elliptiques, en fuivant des loix fimples, uniformes pour les Planètes & pour les Comètes, & qui fe retrouvent dans les mouvemens des Satellites autour de leurs Planètes principales.

L'Analogie vient encore à l'appui de ce fyftême. Jupiter, beaucoup plus gros que la Terre,

tourne fur lui-même ; il eft le centre du mouve:; ment de quatre Satellites: n'eft-il pas naturel de penfer que la Terre eft, comme lui, une Planète qui fe meut fur fon axe, & dont la Lune eft un Satellite?

Enfin tout annonce dans ce fyftême, cette grande fimplicité & cette généralité qui, aux yeux d'un Obfervateur Philofophe, eft la marque infaillible du vrai Systême de la Nature. D'ailleurs le mouvement de la Terre eft prouvé directement par l'aberration des Etoiles, qui n'eft qu'une combinaison de ce mouvement avec celui de la Lumière.

Telles font les preuves tirées des Obfervations, en faveur des mouvemens de la Terre fur ellemême & autour du Soleil; & il faut convenir qu'elles font de nature à porter une conviction entière dans tout efprit attentif & dégagé de préjugés. Voyons maintenant celles que fournit le principe de la Pefanteur univerfelle.

Pour cela j'obferve qu'il y a deux moyens d'augmenter la probabilité d'un Systême : l'un eft de réduire à un plus petit nombre, les fuppofitions fur lefquelles il eft fondé; l'autre eft de faire voir qu'il explique un plus grand nombre de Phénomènes. Or le principe de la Gravitation at procuré ces deux avantages au Systême de Copernic.

D'abord, ce principe eft tellement lié au mouvement de la Terre, qu'il n'ajoute aucune fuppofition nouvelle à ce Syftême. En effet, fi la Terre eft en mouvement, il eft néceffaire d'admettre les loix de Képler, & il eft démontré que ces loix ne peuvent fubfifter fans la Pefanteur

des Planètes vers le Soleil; d'où il fuit que le mouvement de la Terre fuppofe néceffairement le principe de la Pefanteur. Il eft d'ailleurs vifible que réciproquement ce principe ne peut exifter fans le mouvement de la Terre. Mais Copernic étoit obligé de faire trois fuppofitions pour expliquer les Phénomènes céleftes, en donnant à la Terre un mouvement autour du Soleil, un mouvement fur fon axe, & de plus en faifant mouvoir les extrémités de cet axe autour des Pôles de l'Ecliptique. Le principe de la Pefanteur univerfelle les réduit à la feule fuppofition d'un mouvement imprimé à la Terre dans une direction qui ne paffe pas par fon centre d'inertie; car, en vertu de ce mouvement, cette Planète doit tourner autour du Soleil & fur elle-même; elle doit prendre une figure applatie vers les Pôles, & l'action du Soleil & de la Lune fur elle doit produire un mouvement dans fon axe autour des Pôles de l'Ecliptique. La Gravitation univerfelle a donc réduit au plus petit nombre poffible les fuppofitions fur lefquelles eft fondé le Systême de Copernic. Elle a d'ailleurs l'avantage de lier ce Systême à tous les Phénomènes aftronomiques. Sans elle, l'ellipticité des orbites des Planètes, les loix que les Planètes & les Comètes fuivent dans leurs mouvemens, leurs perturbations, les nombreuses inégalités de la Lune, celles des Satellites de Jupiter, la figure applatie de cette Planète & de la Terre, la préceffion des Equinoxes, & la nutation de l'axe Terreftre, enfin le flux & le reflux de la mer ne feroient que des résultats de l'observation, isolés entr'eux; mais nous avons vu dans le fecond

Chapitre qu'ils dérivent néceffairement du principe de la Pefanteur univerfelle qui les enchaîne & qui les lie au mouvement de la Terre, de manière que ce mouvement étant une fois admis, on eft conduit à tous ces Phénomènes par une fuite de raisonnemens Géométriques. Chacun d'eux fournit donc une nouvelle preuve de l'existence de ce mouvement; or, fi l'on confidère que ce ne font point des Phénomènes particuliers qui laiffent toujours lieu de douter fi quelque effet non obfervé ne démentiroit pas le Systême qui les explique, mais qu'il s'agit des mouvemens & de la pofition des Corps céleftes dans tout leur cours; il eft impoffible de fe refuser à l'ensemble de toutes ces preuves, & de ne pas convenir qu'il n'y a rien de mieux conftaté dans les Sciences, que le mouvement de la Terre, & la Gravitation univerfelle de toutes les parties de matière.

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NOMS ET USAGES

De quelques Inftrumens dont on fe fert pour dé montrer le Systême du Monde, ou quelques-uns des Phénomènes célestes.

ON

Na fait, pour la démonftration du Syftême du Monde, des Sphères, des Planifphères, des Globes céleftes: je ne parlerai que de ceux qui font les plus connus qu'il importe le plus de connoître.

&

1o. La Sphère de Ptolémée, appelée auffi Sphère armil laire, à caufe des cercles qui entrent dans fa compofition, eft conftruite d'après un fyftême faux. La Terre y occupe le centre; le Soleil & la Lune, fufpendus à des fupports, peuvent paroître dans leurs révolutions périodiques paffer fous tous les points de l'Ecliptique. Ceci n'eft bon à la rigueur que pour repréfenter des appa rences. Et l'on y fupplée avantageufement par quelquesuns des ufages du Globe, dont je parlerai à la fin de la Géographie. Cette Sphère n'eft utile qu'à préfenter à la vue les principaux Cercles imaginés dans le ciel pour la jufteffe des Obfervations aftronomiques, tels font L'Equateur, le Méridien, les deux Tropiques, les deux Cercles Polaires, les deux Colures dont un paffe aux points des Solftices, & l'autre aux points des Equinoxes, & enfin l'Horizon qui tient au pied de la Machine, & dans le→ quel on la fait tourner. Mais cette Sphère peut donner des idées fauffes aux Commençans; je confeille bien de ne pas s'en fervir.

2. La Sphère de Copernic eft conftruite pour repréfenter le Systême du Monde tel qu'il eft réellement. Le Soleil eft au centre, les Planètes, au nombre defquelles eft la Terre, font autour de lui leurs révolutions. Elle eft entourée d'un cercle qui repréfente la portion du ciel que l'on nomme Zodiaque, large de 164, & féparée dans fa largeur en deux parties par le cercle appelé Ecliptique. Mais cette Machine a trois grands défauts.