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S. V.

De la Chine.

La Chine eft un Pays immenfe, & renfermant une population nombreuse, qui fe nourrit prefque uniquement de riz, que l'on y recueille en grande abondance. Nous ne connoiffons guère ici des Arts de la Chine, que ceux qui s'occupent de porcelaines, d'étoffes de foie, & d'une forte d'encre propre à deffiner. Les Chinois en ont plufieurs autres; mais ils femblent exceller plutôt dans ceux où il faut de l'adreffe, que dans ceux qui demandent du génie. Ils n'ont que de mauvais Peintres, de mauvais Architectes & n'ont rien produit dans les Sciences. Ce font les Miffionnaires François qui ont porté chez eux la vraie connoiffance des Mathématiques, & qui les y ont cultivées.

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Les principales Villes de la Chine font PÉKIN, capitale, au Nord; Nankin, à l'Eft, fur le Kian; & Koan-tcheu, appelée vulgairement Canton, au Sud. A peu de diftance eft Macao, dans une prefqu'île.

Remarques.

L'Empire de la Chine (1) qui a environ 500 lieues du Sud au Nord, & autant de l'Ouest à l'Eft, eft la partie de l'Afie la plus peuplée &

(1) Quelques Auteurs croient que le nom de Chine eft pris du mot Chin que porte la foie dans le Bengale. D'au tres le font venir du nom de la Dynastie des Tsin. Quoi qu'il en foit, ce pays eft nommé par les Tartares Kathay & par les Chinois Tchon-Koué. C'eft peut-être de Tchon que l'on a fait Chine.

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la plus anciennement foumise à une même forte de Gouvernement. Ce n'eft pas que j'admette la haute antiquité que quelques Ecrivains lui donnent; car ce pays a été ce me femble longtems partagé entre plufieurs Dynafties avant de former un feul Empire. M. de Guines, fi juftement célèbre par fes profondes connoiffances dans la Langue de ce pays, & dans les autres parties de l'Hiftoire Orientale, a formé à l'égard de l'antiquité de l'Empire Chinois une conjecture heureufe, & que de nouvelles recherches ne feront peutêtre qu'affermir. Selon lui, la Chine étoit peuplée depuis des tems très anciens ; mais elle n'a commencé à former un Corps politique, ayant une Langue écrite, un Gouvernement, des Loix, que dans le troifième fiècle avant J. C. & ces avantages, les Chinois les tinrent des Egyptiens qui s'établirent fur les côtes, & dominèrent enfuite dans tous le pays. Ceux qui s'en rapportent à la Chronologie Chinoise, telle qu'elle eft reconnue par leurs meilleurs Critiques, font commencer cet Empire vers l'an 2000, ou même 2411 avant l'Ere vulgaire, au règne d'Yao; quoique ce Prince n'ait été, felon l'opinion vulgaire, qu'un des fucceffeurs de Fohi, regardé pendant long-tems comme le fondateur de l'Empire de la Chine.

On compte ordinairement vingt-deux Dynafties de Souverains en Chine; & deux feulement ne font point Chinoises. Celle des Mangous en fit la conquête au treizième fiècle; celle des Mantcheoux s'en eft emparée depuis, vers 1645, & règne encore actuellement.

Ces Tartares ont adopté les loix & la forme

du Gouvernement des Chinois; ils ne les ont gênés que fur certains ufages. On remarque que ceux des Chinois qui font établis dans les îles de la mer des Indes s'affranchiffent de cette efpèce de joug, & fuivent les coutumes de leurs ancêtres.

Quoiqu'il y ait beaucoup de Loix en Chine, cependant l'Empereur eft moins gêné par elles que par l'opinion générale. C'eft un Detpote qui reçoit des représentations & qui s'y conforme. En général, il eft regardé comme le père de fon Etat, & cette idée s'oppofe aux excès du defpotifme qu'il pourroit exercer. Tout l'Empire est divifé en Provinces, gouvernées chacune par un Vice-Roi, appelé Fou-Yven. Il eft à la tête du confeil de la Province. Chaque ville a fon Tribunal fubordonné à celui de la Province. Les affaires fe jugent en dernier reffort aux différens Tribunaux de Pékin, qui font ceux 1°. des Mandarins; 2°. des Finances; 3°. des Rites; 4°. de la Guerre ; 5°. des Affaires criminelles; 6°. des Travaux publics.

Les Chinois cultivent les Arts méchaniques avec affez d'adreffe, les Sciences d'une manière très-bornée, & le commerce avec affez peu de bonne foi, du moins à l'égard des étrangers.

Leur écriture, ne tend pas, comme la nôtre, à peindre les fons qu'ils profèrent en parlant, mais à rappeler l'idée qu'ils ont de la chofe dont ils veulent parler. C'eft une forte d'écriture hiéroglyphique: ainfi chez nous les chiffres 1, 2, 3, 4, 5, 6, &c. rappellent l'idée des nombres qu'ils défignent, indépendamment de la manière dont on les prononce. Ils écrivent

du haut en bas des pages, en allant, comme tous les Orientaux, de droite à gauche.

Des quinze cens Cités, renfermées dans la Chine, je ne me fuis permis d'en nommer ici que trois c'eft affez pour des commençans. Je n'ai pas même mis le nom de fes quinze provinces, parce que ce feroit fe charger inutilement la mémoire. Prefque toutes ces Provinces font trèsvaftes; & prefque toutes les maifons des villes fe reffemblent, n'ayant que le rez-de-chauffée, & formant des rues très-bien alignées. Celles des Mandarins font un peu plus considérables.

Pékin, dont le nom fignifie Cour du Nord, fe divise en ancienne & en nouvelle ville. C'eft la réfidence de l'Empereur dont le palais eft d'une étendue prodigieufe. Ces deux villes forment une enceinte de fix grandes lieues, fans y comprendre les fauxbourgs.

Nankin, ou Cour du Midi, étoit autrefois la capitale de cet Empire. Elle eft encore plus grande que Pékin, & renferme un plus grand nombre de Savans & d'Artistes.

Canton, au Sud, eft le feul port fréquenté aujourd'hui par les Européens. C'eft auffi un lieu de relâche plus commode que Macao.

Macao, dans une prefqu'île, appartient aux Portugais; mais il feroit aifé aux Chinois de s'en rendre maîtres, s'il furvenoit quelque rup ture entre les deux Nations.

S. VI

Du Japon.

L'Empire du Japon eft renfermé dans plufeurs îles. Les peuples y ont à-peu-près la même industrie qu'en Chine, & la même écriture, quoique la Langue parlée y foit différente. La capitale eft YEDO.

Remarques.

La plupart des îles du Japon (1) font peu fertiles, mais cependant bien cultivées & riches en minéraux. Il y a en quelque forte deux Empéreurs au Japon; l'un, féculier, a réellement toute l'autorité: on le nomme le Cubo-Sava; il eft defpote, & réfide à Yédo. L'autre, qui réuniffoit autrefois les deux puiffances, a le nom de Daïri. Il eft le chef de la Religion; il réside à Méaco.

Yédo eft une très-grande ville; on dit même qu'elle a vingt lieues de tour, ce qui paroît exagéré. Au refte il eft difficile de s'en afsurer, parce que les Etrangers n'ont la liberté d'aller, pour leur commerce, qu'à Nangazaqui, où les Hollandois habitent une petite île du port.

(1) Les Japonois appellent leur Empire Nipon, du nom de la plus grande des îles qui le compofent. C'est du mot Chinois Guêpuangue, où Royaume du Soleil Jevant, en Chinois, que les Portugais ont fait Japon.

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