Imágenes de páginas
PDF
EPUB

les résultats du calcul & de l'expérience; de même auffi on peut affurer que la fublime Théorie de Newton, fur le Syftême de l'Univers, ne fera que fe confirmer de plus en plus par les découvertes ultérieures ainfi qu'on l'a déjà éprouvé depuis que cette Théorie a été géné ralement adoptée dans le monde favant.

SECTION PREMIÈRE. De la Pefanteur en général, & de fes principaux

effets.

ON

ARTICLE

PREMIER.

Ce que c'est que la Pefanteur.

N nomme pefanteur cette force par laquelle, un corps abandonné à lui-même, fe précipite vers la terre. Il n'en eft aucun fur la furface du globe qui ne foit affujetti à fon action; & fi quelques-uns, tels que la vapeur de la fumée, &c, s'élevent au lieu de descendre, c'eft qu'étant fpécifiquement plus légers que le fluide dans lequel ils nagent, la pefanteur des parties de ce fluide les force de remonter à fa furface.

Tous les corps obéiffent également, & avec la même vîteffe, à la pefanteur, lorsqu'aucun obftacle ne les empêche. Ainfi dans le vuide de la machine pneumatique, une plume & une balle de plomb tombent de la même hauteur dans le même espace de tems. De-là il est aifé

[ocr errors]

de conclure, en vertu des principes les plus fimples de la méchanique, que la pefanteur eft proportionnelle à la maffe, c'est-à-dire qu'un corps qui renferme deux ou trois fois plus de matière qu'un autre, eft deux ou trois fois plus pefant. On peut donc, par la pefanteur, eftimer les rapports des corps hétérogènes, tels que l'or, l'argent, &c., & déterminer leur denfité refpective.

La Pefanteur eft perpendiculaire à la furface de la Terre, & à celle de l'Océan qui la recouvre en grande partie : car on démontre en Hydroftatique, que la mer, & généralement un fluide quelconque, ne peut être en équilibre, à moins que la direction de la Pefanteur ne foit perpendiculaire à fa furface. Il s'enfuit que fi la Terre étoit parfaitement Sphérique, la Pefanteur feroit dirigée fuivant fon rayon, & par conféquent toutes les directions de la Pefanteur iroient fe réunir au centre de la Terre; mais cette Planète n'étant pas exactement une Sphère, comme je l'ai déjà dit, la Pefanteur n'eft pas dirigée précisément vers fon centre,

Lorfqu'on a lancé un corps en l'air, on le voit s'élever & retomber enfuite en décrivant une ligne courbe, que Galilée a démontré être une parabole, Sans l'action de la Pefanteur, ce corps continueroit de fe mouvoir uniformément dans la direction, fuivant laquelle il a été lancé; mais la Pefanteur agiffant fur lui à chaque inftant, le détourne fans ceffe de fa direction, en l'abaiffant vers la Terre, & le force ainfi à décrire une parabole,

L'action de la Pefanteur n'eft pas bornée à la

[ocr errors]

furface de la Terre; elle agit encore dans fon intérieur ainfi qu'au fommet des plus hautes montagnes. Il eft donc très-naturel de penfer que s'il étoit poffible de s'élever au deffus, on fentiroit encore fon pouvoir, & qu'il s'étend jufqu'à la Lune, éloignée de la Terre de plus de 86 mille lieues, ou de 60 fois le rayon du Globe Terreftre,

Si l'on conçoit un boulet, lancé horizontalement du fommet d'une montagne, il retombera vers la Terre à une certaine diftance du point d'où il fera parti. Cette distance fera d'autant plus grande que la force de projection aura été plus confidérable, & il eft poffible d'imaginer cette force affez grande, pour que le boulet ne retombe pas fur la Terre, mais tourne fans ceffe autour d'elle: il deviendroit alors un fatellite de la Terre. C'eft exactement ainfi que la Lune fe meut autour de cette Planète.

ARTICLE II.

De la Pefanteur de la Lune vers la Terre. LA Pefanteur s'étend à l'infini dans l'espace, mais elle diminue à mefure que l'on s'élève audeffus de la Terre: cette diminution eft trop peu fenfible à des hauteurs auffi petites que celles où nous pouvons atteindre, pour y , pour y être apperçue: elle eft très-considérable à la hauteur de la Lune & voici comment on l'a déterminée.

La Lune, fans l'action de la Pefanteur, s'éloigneroit de la Terre, en continuant de fe mouvoir

dans la direction de la tangente qu'elle décrivoit à l'instant où la Pesanteur viendroit à l'abandonner. L'effet de la Pefanteur confifte donc à lui faire changer à chaque instant de direction, en l'approchant de la Terre, & à la faire mouvoir autour de cette Planète, dans une orbite prefque circulaire; or, on trouve par un calcul fort fimple, que la Lune dans l'efpace d'une minute, s'eft éloignée de 15 pieds & un dixième de la direction de la Tangente fur laquelle elle étoit au commencement de cette minute: d'où il fuit que cet efpace eft celui que la Pefanteur fait parcourir dans une minute à la Lune, ou, ce qui revient au même, à un Corps éloigné du centre de la Terre de 60 demi diamètres terreftres.

[ocr errors]

Mais à la furface de la Terre, c'est-à-dire, à une distance de fon centre, égale à fon demidiamètre, l'expérience a fait voir que les Corps parcourent dans une minute, 3600 fois quinze pieds & un dixième. La Pefanteur eft dont 3600 fois moindre, à une distance 60 fois plus grande; or, 3600 eft le quarré de 60 ; il est donc prouvé que la Pefanteur diminue en même raison que le quarré de la diftance augmente; c'eft ce que l'on exprime en difant que la Pefanteur eft en raifon inverfe ou réciproque du carré des distances au centre de la Terre.

ARTICLE III.

De la Pefanteur de toutes les Planètes vers le

Soleil.

LES Corps, placés à la furface du Soleil,

pèfent auffi vers fon centre, & cette Pefanteur diminue en raifon du carré de la diftance au centre du Soleil. Sans l'action de cette force, les Planètes lancées dans l'efpace, continueroient de s'y mouvoir uniformément en ligne droite; mais la Pefanteur toujours fubfiftante, les ramène fans ceffe vers le Soleil, & les oblige de décrire des courbes elliptiques. Non feulement les belles Loix découvertes par Képler, en font une fuite néceffaire, mais elles en démontrent inconteftablement l'existence; car il eft prouvé par la Géométrie la plus rigoureufe:

1°. Que, puifque les Planètes tournent autour du Soleil, de manière que leur rayon vecteur décrit des furfaces proportionnelles au tems, la force qui les retient dans leurs orbites, doit être dirigée vers le Soleil ;

2o. Que, puifque ces orbites font des ellipfes cette force doit diminuer en raifon du carré de la distance au centre du Soleil.

3o. Enfin, que, puifque les carrés des tems des révolutions des Planètes font comme les cubes des distances moyennes, toutes les Planètes, fuppofées à égale distance du Soleil & abandonnées à leur Pefanteur, tomberoient fur lui avec une vîteffe égale.

D'où il fuit que relativement au Soleil, comme

« AnteriorContinuar »