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qu'à cette confidération, la colonne de l'Equateur doit être plus longue que celle du Pôle de la 578me partie de fa longueur totale.

Mais il existe une autre caufe qui contribue encore à l'alonger. A mefure que la Terre change de Figure & devient plus applatie vers les Pôles, la pefanteur à un point quelconque pris dans fon intérieur ou à fa furface, doit néceffairement changer: car il est vifible que la pefanteur étant le résultat des attractions de toutes les parties de la Terre, elle doit varier avec la Figure de cette Planète. Toutes les parties qui font également éloignées du centre, ne feront plus également pefantes, comme dans la fuppofition où la Terre feroit une Sphère, puifqu'elles ne feront plus alors femblablement fituées par rapport à la maffe entière de la Terre. Or, on démontre que dans ce cas un corps pèfe un peu moins lorfqu'il eft placé dans le plan de l'Equateur, que lorsqu'il eft placé fur l'axe de rotation, fa diftance au centre de la Terre étant d'ailleurs la même dans ces deux fituations. L'excès du poids de la colonne d'eau du Pôle fur celui de la colonne d'eau de l'Equateur, eft donc augmenté par cette nouvelle confi dération ce qui tend par conféquent à diminuer la longueur de la première de ces deux. colonnes & à augmenter celle de la feconde. Leur différence en longueur doit donc être un peu plus grande que d'un 578e. Et l'on trouve, par le calcul, qu'elle eft alors d'un 230°: d'où il fuit que dans ce cas la Terre a un 230° moins d'épaiffeur dans le fens du Pôle que dans le

fens de l'Equateur, ce qui eft beaucoup plus conforme aux obfervations.

Ce n'eft pas tout encore; ce que l'on vient de dire fuppofe que la maffe de la Terre eft compofée de parties de même denfité. Mais l'eau qui la recouvre en grande partie eft d'une denfité moindre qu'elle; & il eft poffible qu'elle

foit elle-même formée de couches différemment denfes, ce qui doit produire un applatiffement plus ou moins confidérable. Et comme la figure & la profondeur de la Mer font très-irrégulières; que, fuivant toutes les apparences, les parties inégalement denfes de la Terre ne font pas fymmétriquement diftribuées autour de fon centre; on voit qu'il doit en réfulter dans la direction & la force de la pefanteur, & conféquemment dans la Figure de la Terre, des irrégularités fenfibles. On ne doit donc pas être furpris fi les différens degrés des Méridiens, mefurés jufqu'ici, font, comme on l'a vu précédemment, trèsirréguliers. Cette irrégularité, loin de donner atteinte à la loi générale de l'attraction de toutes les parties de la matière, la confirme, puifqu'elle n'auroit pas lieu fi la pefanteur étoit une force dirigée vers un feul point & n'étoit pas le réfultat des attractions de toutes les parties de la Terre.

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ARTICLE IV.

1

De la diminution de la Pefanteur en allant des Pôles à l'Equateur.

ON voit, par ce qui précède, que la Pefanteur n'eft pas la même fur toutes les parties de la furface de la Terre. Elle doit diminuer à mesure que l'on s'éloigne du Pôle pour s'avancer vers l'Equateur; enforte qu'un poids d'une livre à Paris, peferoit moins à l'Equateur. C'est aufli ce que l'obfervation confirme. Voici comment on s'en eft affuré.

Le Pendule ne fait fes vibrations que par l'action de la Pefanteur qui tend à le ramener fans ceffe à la fituation verticale dont on l'avoit écarté d'abord. Il ne la dépaffe qu'en vertu de la viteffe qu'elle lui imprime & au moyen de laquelle il remonte de l'autre côté à une hauteur égale à celle dont il eft parti. Il redefcend enfuite & continue d'ofciller de la même manière ; il continueroit ainfi toujours fans les frottemens & la réfiftance de l'air qui s'y oppofent. On conçoit que plus la Pefanteur eft confidérable, plus les ofcillations du Pendule doivent être rapides. Un moyen de s'affurer fi la Pefanteur eft plus grande ou moindre dans un endroit que dans un autre, eft donc d'y porter fucceffivement le même Pendule, & de voir fi, toutes chofes d'ailleurs égales, les ofcillations font plus promptes dans l'un que dans l'autre. On peut être certain que la Pefanteur fera plus grande

dans le lieu où ces ofcillations fe feront dans le moins de tems.

On a fait cette expérience à l'Equateur & vers le Pôlé, & l'on a trouvé que le Pendule qui, dans un jour à Paris, faifoit un certain nombre d'ofcillations, en faifoit moins lorsqu'il fut tranfporté à Cayenne, & plus lorsqu'il le fut à Pello (1), qui eft beaucoup plus près du Pôle que Paris. On a trouvé ainsi qu'à Pello la Pefanteur étoit plus grande qu'à Paris, tandis qu'à Paris elle étoit plus grande qu'à Cayenne, & l'on a conclu qu'un poids de 100000 livres en France ne peferoit que 99533 livres à Cayenne; tandis que tranfporté à Pello, il peferoit 100137 livres ; enforte que dé Cayenne à Pello, fa Pefanteur augmenteroit de 604 liv.

Il est aifé de fentir que dans les lieux où la Pefanteur eft moindre, il faut raccourcir le Pendule pour lui faire battre les fecondes & l'alonger dans ceux où elle eft plus grande. Auffi a-t-on obfervé que le Pendule qui bat les fecondes eft plus long à Pello qu'à Paris, & qu'à Paris il eft plus long qu'à Cayenne. Il eft à Pello, de 441,27 lignes; à Paris, de 440,67 lig. & à Cayenne, de 438 lignes.

(1) Pello au Nord de Tornea, en Laponie, au pied d'une montagne appelée Kittis. Lat. 66° 48' 20",

ARTICLE V.

De la Pefanteur confidérée comme caufe de la Préceffion des Equinoxes (1) & de la Nutation

de l'axe de la Terre.

Νους

ous avons vu précédemment qu'une fphère attire tous les corps qui l'environnent, comme fi toutes fes parties étoient réunies à fon centre: d'où il fuit que la réaction étant égale & contraire à l'action, cette Sphère eft pareillement attirée par ces corps, comme le feroit une maffe égale à la fienne & dont toutes les parties feroient réunies à fon centre.

En fuppofant donc que la Terre fût une sphère parfaite, l'attraction du Soleil & de la Lune fur elle n'influeroit que fur les mouvemens de fon centre, fans changer d'ailleurs la pofition de fon axe de rotation. Mais la Terre eft plus élevée, comme nous venons de le voir, à l'Equateur que fous les Pôles. Si donc on conçoit une Sphère dont le diamètre foit l'axe même de la Terre & qui ait le même centre qu'elle, la Terre fera formée de cette Sphère & de plus d'une croûte appelée Ménifque, qui ira en augmentant en épaiffeur des Pôles vers l'Equateur. Par exemple, (fig. 14) AMBRA, représentant la Terre dont AB eft l'axe de rotation, MR le diamètre de l'Equateur; AN BOA étant la sphère

(1) Préceffion des Equinoxes. Ce mot vient du latin præcedere, aller devant, devancer.

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