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Les eaux fituées aux points A & B, à 90 du point E au-deffus duquel répond la Lune, doivent s'abaiffer en même tems en fe précipitant vers le point E. La Mer fera donc dans fa plus grande élévation au point E, & dans fon plus grand abaiffement aux points A & B. A 180° du point où répond la Lune, ou, ce qui revient au même, au point R directement oppofé à E, les eaux étant plus éloignées de la Lune que le centre de la Terre, en font plus foiblement attirées; enforte que leur preffion fur la furface de la Terre en eft diminuée, puifque cette furface entraînée par le centre de la Terre, obéit à une attraction plus puiffante. On voit donc qu'à ce point R, la colonne d'eau doit encore s'élever; & le calcul fait voir que l'élévation des eaux eft, à très-peu de chofe près, la même dans les deux points oppofés E & R. Confidérons maintenant (fig. 15) le Soleil S en conjonction avec la Lune L, il eft clair qu'alors fon action concourt avec celle de la Lune, & qu'ainfi la hauteur des marées fera la plus grande poffible, fur-tout fi ces deux Aftres font dans leur plus grande proximité de la Terre.

Si nous fuppofons enfuite, comme dans la figure 16, le Soleil en oppofition avec la Lune, l'effet de ces deux Aftres doit être encore le même car puifque l'effet de chacun de ces Aftres eft le même fur les eaux au-deffus defquelles il répond & fur celles qui font dans la partie directement oppofée, il eft clair que l'effet de l'attraction des deux Aftres fera le même, foit qu'ils fe trouvent du même côté ou du côté oppofé, pourvu qu'ils foient à-peu

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près fur une même ligne avec le centre de la Terre.

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Mais fi, comme dans la figure 17, la Lune étoit à 90° de diftance du Soleil, ainfi que cela arrive dans les Quadratures ( 1 ); il est clair par tout ce que l'on vient de voir, que la plus grande hauteur des marées, occafionnée par l'action de la Lune, répondroit au point où l'action du Soleil produiroit le plus grand abaiffement; enforte que cette action du Soleil détruiroit une partie de l'effet de la Lune, & la marée ne feroit alors que le réfultat de la différence des actions de ces deux Aftres.

On voit donc que lorfque la Lune & le Soleil font en conjonction & en oppofition (ce qui arrive dans les Nouvelles & Pleines Lunes les marées doivent être les plus grandes, & qu'elles doivent être les plus petites lorfque ces deux Aftres font à 90° de diftance l'un de l'autre, ce qui arrive, comme je viens de le dire, dans le tems des Quadratures.

Dans les diftances intermédiaires, la Marée eft plus forte que dans les Quartiers, & plus foible que dans les Pleines & les Nouvelles Lunes. Le point de la Terre où la plus grande élévation des eaux a lieu, n'eft point exactement celui qui eft directement au-deffous de la Lune; ce doit être un point intermédiaire entre le Soleil & la Lune, mais plus près de la Lune que du Soleil, parce que l'action de la Lune, pour produire

(1) C'eft ce que l'on nomme le premier & le dernier quartier de la Lune. Il en fera parlé dans le troisième Chapitre.

les

les Marées, eft environ deux fois plus confidérable que l'action du Soleil; par la même raifon que la première de ces deux actions influe deux fois plus que la feconde fur la Préceffion des Equinoxes.

Maintenant, fi l'on compare aux Obfervations ce qui vient d'être dit d'après la Théorie, on trouvera le plus parfait accord, fur-tout fi l'on a foin de faire entrer dans le calcul toutes les circonftances effentielles. Mais comme de plus grands détails fur cet objet ne peuvent être du reffort de cet Ouvrage, les Lecteurs curieux de s'inftruire à fond de cette matière, pourront confulter les Mémoires de MM. Bernouilli Euler & Maclaurin & les Nouvelles Recherches de M. de la Place, inférées dans les Mémoires de l'Académie des Sciences pour les années 1775 & 1776.

ARTICLE VII.

La Pefanteur, caufe d'un mouvement régulier dans l'Atmosphère, ne l'eft pas des vents alifés; & de la véritable caufe de ces vents.

ON fent aifément que les attractions du Soleil & de la Lune ne pouvant arriver jufqu'à la Mer fans pénétrer l'Atmosphère, doivent néceffairement y produire des ofcillations analogues à celles de la Mer. On peut donc affurer qu'il y a dans la maffe d'air qui environne la Terre, un Flux & Reflux femblable à celui de l'Océan. Les colonnes de l'Atmosphère ne peuvent s'élever

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ni s'abaiffer fans que la hauteur du Baromètre augmente ou diminue; enforte qu'il y a dans le Baromètre des ofcillations pareilles à celles de la Mer. Indépendamment de toutes les variations accidentelles auxquelles il eft foumis, il s'élève & s'abaiffe deux fois par jour, par l'effet de l'attraction du Soleil & de la Lune fur l'Atmosphère. Mais le peu de denfité de l'air rend ces variations infenfibles, & fous l'Equateur même où elles font à leur plus haut point, elles ne doivent être, fuivant la Théorie, que d'un cinquième de ligne.

Quelques Auteurs ont penfé que les vents. alifes (1) doivent leur origine à ces attractions du Soleil & de la Lune fur l'air; mais on a reconnu que cela eft impoffible, & que l'action de ces Aftres ne peut exciter que des ofcillations périodiques & infenfibles dans l'Atmosphère. Il faut donc pour expliquer ces vents, recourir à une autre caufe. Voici celle qui paroît la plus vraifemblable.

Le Soleil étant fuppofé dans le plan de l'Equateur, y raréfie les colonnes d'air par fa chaleur & les élève au-deffus de leur véritable niveau. Elles doivent donc retomber par leur poids en fe portant vers les Pôles, dans les parties fupérieures de l'Atmosphère. Mais en même tems dans la partie inférieure, il doit furvenir un nouvel air frais, qui, arrivant des climats fitués vers les Pôles, remplace celui qui a été raréfié fous l'Equateur. Il s'établit ainfi deux courans

(1) Vents réguliers qui fe font fentir principalement dans la Zône Torride..

d'air, l'un dans la partie fupérieure de l'atmofphère, & dont la direction eft de l'Equateur vers les Pôles ; & l'autre à la furface de la Terre, & qui a lieu des Pôles vers l'Equateur.

Ces deux courans font faciles à concevoir par ceux que l'on remarque dans un appartement échauffé, dont on tient la porte ouverte. Si l'on préfente une bougie à la partie inférieure de la porte, on voit la flamme fe porter vers l'intérieur de l'appartement, ce qui prouve l'existence du courant d'air du dehors en dedans; & fi l'on élève la bougie au haut de la porte, on voit la flamme se porter en dehors de l'appartement, ce qui indique un courant d'air en ce fens.

Cela pofé, l'air, en vertu de la rotation de la Terre, a une vîteffe d'autant moindre qu'il eft plus éloigné de l'Equateur, puifque les cercles qu'il décrit font plus petits. En s'avançant vers l'Equateur, il doit donc tourner moins vîte que les parties correfpondantes de la Terre. Les corps placés à la furface de la Terre doivent par conféquent frapper l'air avec l'excès de leur viteffe & en éprouver une réfiftance qui tend à diminuer leur mouvement de rotation. On voit ainfi que pour un fpectateur placé fur la Terre & qui fe croit immobile, l'air paroît avoir un mouvement réel dans un fens contraire à celui dans lequel la Terre tourne, c'est-à-dire, d'Orient en Occident; & c'eft en effet la direction des vents alifés.

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