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les autres par sa toilette et par sa taille, me salua avec affabilité. Aussitôt le reste de la compagnie en fit de même. Je rendis le salut, et continuai mon chemin. Après quelques pas, je me retournai. La grande Dame me suivait des yeux ; et je l'entendis qui disait aux autres : * Elle a quelque chose d'intéressant. » Encouragée par cette expression et par l'air engageant de la Dame, je fus tentée de retourner sur mes pas, pour lui demander quel chemin je devais prendre, en apperçevant à une certaine distance plusieurs qui se croisaient. Si elle avait été seule, je n'aurais pas hésité: mais les autres...! Oh! qu'ils ont tort avec l'infortuné, ceux qui, favorisés du sort, ne re

doublent pas d'accueillance pour balancer l'effet que produit sur lui leur extérieur brillant! Aussi est-ce toujours à l'homme simple que l'infortuné s'adresse. Il détourne la vue en passant devant les superbes avenues des châteaux et vient avec

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confiance frapper à la porte de la chaumière.

J'en vis une au milieu des champs : j'y dirigeai mes pas. La porte était ouverte j'entrai. Est-ce toi, Pierre?» dit une femme qui était auprès du feu, occupée à faire de la

bouillie.

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Non, ma bonne. »

Elle se retourne m'apperçoit, se lève sans quitter son poëlon, et me faisant je ne sais combien de révérences, dont chacune lui faisait répandre

un peu de sa bouillie. . . . « Ah ! » pardon, excuse, ma belle Demoiselle. J'croyons que c'était not'fils.»Je suis une étrangère. C'est égal, » Mam'zelle. Etrangère ou non, fai»tes-nous toujours l'honneur de vous >> asseoir. En après de ça, vous nous apprendrez à qubi je pouvons vous » être bonne. Vous êtes bien hon» nête. Dites-moi, je vous prie, si »je suis encore bien loin de la de» meure de Madame d'Allgane. » Oh! mon Dieu! non. Tout au » contraire; car c'est ce beau château

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qu'vous vous voyez là-bas. » beau château ? » dis-je en moi

même ; «j'aimerais mieux que ce ne >> fût qu'une maison. Et la con

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> naissez-vous cette Dame ? Si

» j'la connaissons! Mon doux Jésus! » A qui vous adressez-vous ? Si j'la » connaissons! Eh! c'est not' Sauveur. » T'nez, ma chère Demoiselle. R'gar » dez-moi ces trois berceaux là. Dans chacun y a un enfant ; et si ce» pendant pour tout ça, j'nons fait 93 qu'eune couche. Faut bian rece» voir c'que Dieu nous envoie : mais, » c'est pas pour dire, j'étions déso» lée à cause qu'j'étions trop pauvre

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pour tant de famille à la fois.

Quand je dis qu' j'étions désolée, » pas tout-à-fait pourtant, parc'que » j'avions not' repos sur ç'te bonne » Madame d'Allgane ; et j'avions bian 22 raison. Drès qu'all' sut ma peine, all' vint me trouver, et all'

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me

dit

» com'ça: Eh bien! mère Satrin, tu

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"nous en donnes donc trois à la fois? Eh! mon Dieu ! ma chère » Dame! que je lui fis, c'n'est pas »l' tout d' les avoir pondus; faut les »couver, et j'nons pas les ailes assez » grandes. All' se mit à rire de tout "son cœur. - Gn'y a qu'ça qui t'in

quiette, refit-alle; oh bien ! dors » tranquille. J' m'en charge, moi » qui ai les ailes plus grandes.-Oh! » pour ça, c'est bien vrai, que je lui » refis. Mais c'est qu'vous en avez déjà C'est égal, me refit-elle » à son tour; j' m'en charge. — Je lui >> refis encore: Oh! ma figue! vous

» tant!

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m'ôtez-là eune reude épine du pied. » L'bon Dieu vous en récompensera : » et s'il veut écouter les prières d la

pauvre mère Satrin, j'vous faisons

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