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avons déjà eu occafion de l'observer (1), il n'eft pas naturel de penfer que les hommes ayent commencé par des allégories & des fyftêmes; qu'on ne doit pas d'ailleurs être étonné qu'il fe rencontre dans la Mythologie des anciens peuples tant de chofes abfurdes, qui fe détruifent mutuellement, n'étant, pour la plupart, qu'un affemblage mal afforti de diverfes fictions, ajoutées les unes aux autres en des lieux & des tems différens ; & qu'en vain chercheroit-on à les concilier, ni à les expliquer, en prêtant à ces peuples, nos idées, notre efprit de méthode & de comparaison; puifque cette fuite, cette liaifon, cet accord dans les idées ne font pas même le partage ordinaire du commun des hommes dans les fiècles les plus éclairés (2): fixièmement enfin, qu'on

(1) Ci-deffus, p. 432, note au bas de la page. (2) Rien, en apparence, n'eft plus fenfé que ce que dit M. l'Abbé Foucher fur les Théophanies païennes, & en particulier fur celles des Egyptiens (Mém. de l'Acad. des Infcript. tome LXVI, in-12). D'après fes TOMEIL

E

ne doit pas confondre les Cofmogonies inventées par des Philofophes ou par des Poëtes, avec les Théogonies des peuples, qui fouvent les contredifent & les dé

mentent.

Ne portons point nous-mêmes l'efprit de fyftême dans l'Hiftoire. Dans toutes les chofes de fait, ne raifonnons que d'après les faits; fuivons-en le fil; laissonsnous conduire par la fuite naturelle & la marche connue des évènemens, fans en changer l'ordre, fans les altérer ni les déplacer : & la vérité fe préfentera d'ellemême, ou nous ferons du moins plus exempts de préventions, d'erreurs, & de méprifes,

principes, il explique affez raifonnablement leurs fables, & trouve affez bien Noé dans Ofiris, la mer dans Typhon, la terre dans Ifis (p. 256 & fuiv.); comme d'autres Ecrivains y ont trouvé toute autre chofe avec autant de vraisemblance; mais tout cela n'est point la Mythologie inconféquente & ab◄ furde des premiers peuples Païens, qui, dans l'origine, n'avoient pensé à rien moins qu'à lier leurs fables, & à les rendre vraisemblables.

LETTRE XVI.

CINQUIÈME ÉPOQUE
La fortie d'Egypte.

SEIZE
EIZE cents ans environ avant Jésus-
Christ, Dieu, touché des misères de fon
peuple, fufcita Moïse pour en être le li-
bérateur.

Expofé dans une corbeille de jonc fur les bords du Nil, au moment où la fille du Roi d'Egypte, fuivie de toutes les femmes, alloit fe baigner dans le fleuve; sauvé par cette Princeffe, qui, touchée du fort de cet enfant, l'adopta pour fon fils; nourri par fa propre mère, qui s'étoit ménagé avec art cette fonction si intéreflante pour elle, & fi douce à remplir; élevé à la Cour de Pharaon dans

*

215 depuis l'entrée des Ifraélites en Egypte, & 430 depuis que les Ifraélites & leurs pères comme;ncèrent à habiter dans la terre de Chanaan, c'eft-à-dire, depuis la vo cation d'Abrahan.

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toute la fageffe des Egyptiens; forcé quarante ans de fuir dans la terre de Madian, pour avoir pris le parti d'un homme de fa Nation contre un Egyptien qui l'outrageoit; devenu en dernier lieu l'époux d'une des filles de Jéthro, Prêtre des Madianites, &, conformément aux mœurs de ce pays, chargé de la garde de fes troupeaux; Moïse, ainsi préparé par tant d'évènemens divers & fuffifamment inftruit par cette alternative de bonne & de mauvaise fortune, fut appelé par le Très-Haut, pour fervir d'inftrument à routes les merveilles de fa puiffance (1),

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J'ai vu, lui dit le Seigneur, l'affliction de mon peuple, & j'ai entendu le cri de fa mifère. Allez vers Pharaon; je vous ai choifi pour faire fortir d'Egypte les enfans d'Ifrael, & pour les conduire dans la terre de Chanaan que j'ai promife à leurs ancêtres. Eh! qui fuis-je, répondit Moïfe, pour une œuvre fi grande? Sous quel nom vous ferai-je connoître aux Hé breux, lorfqu'ils me demanderont quel

(1) Exod, c. 2 & fuiv,

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eft celui qui m'a envoyé ? Je fuis celui qui eft, repartit le Seigneur : & à un homme aufli éclairé que Moïfe, c'étoit dire affez qu'il étoit feul la fource, la plénitude de l'être, qu'il le donnoit à tout & ne le tenoit que de lui-même, Mais, après avoir peint d'un mot fon effence, Dieu ajouta, pour fe mettre plus à la portée de fon peuple, vous direz aux enfans d'Ifraël: Le Seigneur, le Dieu de vos pères, le Dieu d'Abraham, d'Ifaac & de Jacob, m'a envoyé vers vous. Les Ifraélites écouteront votre voix. Ils en croiront les prodiges que vous opé rerez en leur préfence; & le Roi d'Egypte lui-même fe verra contraint d'obéir aux ordres que je vous aurai dictés. Moïfe fe retrancha fur la difficulté qu'il avoit de parler. Qui a fait la bouche de l'homme, répondit le Seigneur ? n'est-ce pas moi? Allez donc, je ferai fur vos lèvres & je vous fuggérerai tout ce que vous aurez à dire. Seigneur, reprit enfin Moïfe, en rendant par-là un témoignage authentique à la tradition répandue parmi fon peuple, envoyez, je vous prie,

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