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préfente du gouvernement & des loix des différens peuples, de leurs coutumes, de leurs mœurs, & de leur religion. C'est de là en effet que nous pouvons tirer, pour nous-mêmes, les lumières les plus précieuses & les plus importantes leçons.

Avouons-le cependant, l'Hiftoire des premiers peuples, fi l'on en excepte celle des Egyptiens, ne nous offre que bien peu de détails fur la plupart de ces objets, pour les fiècles dont nous continuerons à nous occuper dans cette Lettre. Nous n'avons presque rien à ajouter, fous cette époque, à ce que nous avons déjà dit touchant les Affyriens, les Babyloniens, & même touchant les Phéniciens & les Grecs. Les premiers font comme oubliés dans cet intervalle, & les autres, ou ne font que de naître, ou ne nous préfentent encore que des notions vagues & incertaines de leurs loix & de leurs ufages.,

Les deux Empires de Babylone & de Ninive ont toujours été monarchiques, & la couronne en étoit héréditaire ; celui d'Affyrie, tel qu'on le fuppofe

environ cinq cents ans après la naiffince, paroît avoir eu d'assez bonne heure le fort qu'ont eu les grandes monarchies, furtout dans l'Orient. L'extrême puiffance des premiers conquérans qu'il aura vu naître dans fon fein, l'aura fait pencher infenfiblement vers le defpotifme. C'est du moins en partie l'idée qu'on peut s'en former fous les règnes de Ninyas & de ses successeurs (1): tout y marque assez & l'entière dépendance des peuples & l'abfolu pouvoir du Monarque.

Ce pouvoir aura été plus balancé dans cette foule de petits Royaumes qui subfiftoient vers le même tems. Il paroît néanmoins que, dans ces contrées qui ont été comme le berceau du gen e humain, l'autorité paternelle, à laquelle celle des Monarques a dû fon origine, & qui ne s'eft confervée pure & fans mélange, que dans la famille des Patriarches, avoit laiffé dans les efprits des impreffions de refpect & de foumillion affez profondes, pour affermir & per

(1) Voyez ci-deffus tome I, p. 521.

pétuer cet empire plus ou moins abfolu que prefque tous les Rois de l'Afie ont exercé fur leurs fujets.

Ce n'eft pas au refte, comme nous l'avons pu remarquer, que du tems d'Abraham, l'Hiftoire ne nous laiffe apper'cevoir, fur-tout parmi les Chananéens (1), quelques peuples, quelques familles nombreuses, qui formoient ou comme des Etats mixtes, ou comme des efpèces de Républiques au milieu de tous les autres Etats purement monarchiques dont ils étoient environnés.

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Les Syriens, & en d'autres lieux plus reculés les Scythes, les Indiens, les Arabes, en Afrique les Ethiopiens d'autres nations à demi civilifées, fans parler de celles qui étoient entièrement fauvages & barbares, ne nous offrent rien de certain à cette époque, en genre de loix & de gouvernement.

L'Egypte, ainfi que nous l'avons dit, eft de tous les Etats qui fubfiftoient

(1) Hiftoire Univerfelle des Anglois, trad. in-4 tome I, p. 579.

alors, le feul, à proprement parler, qui, fur ces objets, fatisfaffe jusqu'à un certain point notre curiofité. Monarchique & héréditaire, comme prefque tous les autres, dès fon commencements au moins quant à la partie de l'Egypte qui a été la première habitée par Cham & fes enfans, cet Etat naiffant aura pu être environné, à quelque diftance, de plufieurs peuplades forties de la même fouche, ou peut-être de quelques autres familles errantes, qui fe feront réunies par la fuite à la première; mais avant cette réunion, il fe fera formé de là plufieurs petits Etats féparés qui auront fubfifté pendant quelque tems dans une forte d'indépendance. Peut-être aussi auront-ils relevé, d'affez bonne heure, de celui de Thèbes, dont la dynaftie tenoit de toute ancienneté le premier rang dans. l'Egypte; & auront-ils formé des espèces de fouverainetés féodales, fi je puis me fervir de cette expreffion, qui me semble propre à rendre l'idée que l'on pourroit fe faire de l'union qui régnoit entre eux. Ce n'eft que vers la quatrième

époque qu'il aura réfulté de cet affemblage, ou par une foumiffion forcée, ou par un affujettiffement volontaire, un feul Royaume proprement dit (1); & d'eft alors que, par fa grandeur & fa puiffance, il aura incliné vers le defpotifme, dont les règnes de Séfoftris, & des Pharaons qui ont vécu du tems de Jofeph (2) & de Moïfe, portent au moins quelque empreinte.

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Diodore nous raconte il est vrai, que, plus fage, & en cela même plus heureux que bien des Monarques, qui, chez des peuples moins éclairés, faifoient confifter leur grandeur & les priviléges de la royauté à n'avoir d'autre

(1) Ce Royaume n'aura pas toujours été parfaitement un. Il paroît que dans des tems poftérieurs, il s'en fera détaché quelques parties qui auront formé pour la feconde fois de petits Etats indépendans. C'eft ainfi qu'à des époques plus modernes, l'Ecriture parle de quelques Rois d'Egypte, de dynasties particulières.

(2) Vid. Genef. cap. 40, . I 12, 13, 18, 19, & feq. & cap. 41, . 39, 40, 41, 42, 43 & 44.

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