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fent s'être diftingués de très-bonne heure. Ils s'élançoient fur leurs chevaux fans étriers, s'y tenoient affez communément fans felle, & les conduifoient la plupart du tems fans mors & fans bride.

Quant à la difcipline militaire, l'honneur en faifoit le nerf. Aux ieux du foldat la honte étoit pire que la mort; auffi avoit-on attaché l'infamie, à la lâcheté ou à la défobéiffance de ceux qui quittoient leur rang, ou qui n'exécutoient pas les ordres du Général. Cependant on ne leur ôtoit pas les moyens de rétablir leur honneur; & s'ils réparoient leurs fautes par des actions de vigueur, la tache étoit auffi-tôt effacée.

Les Egyptiens avoient en partage la forte & le courage; mais, faute de détails affez confidérables pour les tems dont nous parlons, nous n'oferions affurer qu'ils euffent fait de grands progrès dans la fcience militaire, dans l'art de manœuvrer, de défendre & d'attaquer les places; & l'on ne fauroit dire fi leurs conquêtes, particulièrement fous Séfoftris dont le règne eft l'époque brillante de

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leur hiftoire, ont été le fruit de leur ha bileté en ce genre, ou s'ils les devoient principalement à l'ignorance des autres peuples. Leurs armes défensives étoient le cafque, lacuiraffe, & le bouclier; & les offenfives, l'épée, la pique, & le javelot. Ainfi que tous les peuples Afiatiques, ils avoient adopté un ordre profond & très ferré (1). Ils faifoient, comme prefque tous les autrès peuples, un grand ufage des chariots armés en guerre, & l'on a vu que Séfoftris en avoit vingt-fept mille, lorsqu'il partit pour fubjuguer tant de Nations.

La garde du Roi étoit compofée de 2000 hommes, qui chaque année faifoient place à d'autres outre le produit annuel des douze arures de terres labourables affignées à chaque foldat, & que l'on peut eftimer environ onze arpens mesure de Paris (2), ils avoient alors, dit Héro

(1) Voy, Notes fur le génie, la difcipline militaire, & la Tactique des Egyptiens, des Grecs, &c., par M. le Comte de Saint-Cyr.

(2) D'autres les évaluent feulement à fix arpens; mais voy. M. Goguet, tome IV, in 12, p. 281. Note,

dote (1), cinq livres de pain par`jour, deux livres de viande, & la valeur de deux ou trois pintes de vin; ce qui eût été beaucoup trop pour un feul homme, fi, n'ayant point de famille fur le lieu, ils n'euffent pas été libres de le recevoir, non en nature, mais en argent.

Le commun des habitans étoit divifé en trois claffes; les laboureurs, les pasteurs, & les artisans. En parlant des pasteurs, dont on distinguoit plufieurs fortes, Dio dore obferve (2) que ceux qui élevoient des oiseaux de baffc-cour avoient trouvé le moyen de les multiplier d'une façon. toute particulière; car au lieu de laiffer cou ver les œufs par les oifeaux mêmes qui les avoient pondus, ils avoient la patience de les faire éclore en les échauffant entre leurs mains. Ils avançoient par-là, dit-il, l'ouvrage de la Nature, & en augmentoient confidérablement les productions. D'après cette méthode, il ne paroît pas, quoi qu'en difent les Auteurs Anglois de

(1) Hérod. 1. 2, c. 168. (2) Liv. 1, p. 67.

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l'Hiftoire Univerfelle, que les Egyptiens euffent trouvé dès lors le fecret de fe fervir de fours, tels qu'on les emploie encore aujourd'hui en Egypte pour cet ulage (1).

Une même loi avoit lieu pour les trois claffes que nous venons de citer, & pour les claffes fupérieures: ceux qui étoient nés dans un état, ne le quittoient point pour en exercer un autre, & rien ne pou voit les retirer de la profeffion paternelle (2); ce qui avoit de grands avantages & de plus grands inconvéniens.

Je ne vois en Egypte d'exception à cette loi qu'à l'égard de ceux qui exerçoient la

(1) Voyez l'Hift. Univ. des Angl. tome I, p. 367, note, édit. in-4°., & les Lettres édifiantes, tome I, de la nouvelle édition, où l'on obferve qu'il n'y a en Egypte que les habitans d'un certain canton, qui poffèdent comme il faut cette méthode artificielle de faire éclore les poulets; méthode dont l'entier fuccès paroît d'ailleurs dépendre autant du climat que de tous les moyens particuliers qu'elle renferme, & des foins qu'elle exige. (2) Diod. 1. 1, p. 68.

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juftice. Les Egyptiens croyoient avec fondement que ce n'étoit point là une fonction dont on dût hériter, & encore moins que l'on dût acheter. Convaincus que la juftice eft le foutien des Empires & la base fur laquelle repose tout le bonheur des fociétés, ils avoient choifi, pour ia rendre, ceux qui, dans les principales villes de l'Egypte, s'étoient le plus diftingués par leur probité, & cn avoient composé un corps de Magiftrats, aufli exacts à punir le crime, quel que fût le rang du coupable, qu'à protéger l'inno cence contre le pouvoir & les artifices des méchans (1). Ces Juges étoient au nombre de trente, fans compter le chef qu'ils avoient élu eux-mêmes, en choififfant le plus vertueux d'entre eux, pour préfider à leurs jugemens. Comme il eût paru abfurde qu'ils fiffent payer la justice, qui eft une dette de l'Etat envers tous ses membres, mais qui fur-tout eft due aux pauvres, & que le pauvre ne doit

(1) Diod. ibid.

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