Imágenes de páginas
PDF
EPUB

rite d'être excepté. Il fit plus que ce que l'on appelle des exploits; il n'eut rien tant à cœur que de rendre fon peuple heureux. Au rapport de Xanthus, cité par Suidas, fes fujets, pleins du fentiment de leur bonheur, s'affemblèrent, la feptième année de fon règne, pour demander aux Dieux, par des vœux unanimes & des facrifices, sa prospérité, & pour les prier de le faire régner longtems fur eux. Leurs vœux furent exaucés. Alcyme mourut dans une extrême vieilleffe, & fa mort, comme celle de tous les bons Princes, parut encore prématurée, On croit que Tantale régnoit de fon tems fur quelques contrées de la Phrygie. Le dernier Roi de la race des Atyades fut Jordanus. La débauche la plus effrénée fembla monter avec lui fur le trône; en forte même qu'Omphale, fille unique du Roi, ne fe trouvoit pas en fûreté dans fon palais, tant l'exemple du Monarque avoit contribué à autorifer la licence. Après fa mort, Omphale régna à fa place, du confentement de tous les Grands de la Lydie, Elle punit févèrement

[ocr errors]
[merged small][ocr errors][ocr errors]

ceux qui pendant la vie de fon père avoient attenté à fon honneur. Mais par la fuite elle s'abandonna à fa paffion pour Hercule, qui, devenu fon esclave, laiffa ternir une partie de fa gloire en filant auprès d'elle. Diodore (1) prétend au contraire que cette Reine, ayant appris qui il étoit, le remit en liberté & l'épousa. Elle eut de lui un fils, que cet Historien appelle Lamon,. & qu'Apollodore (2) nomme Agélaüs. Selon le témoignage de quelques Ecrivains, le fils d'Hercule & d'Omphale fuccéda à fa mère, & fut le premier Roi de Lydie de la race des Héraclides ou defcendans d'Hercule. Hérodote ne donne pas à ceux-ci une fi noble origine. Selon lui (3), les Héraclides qui ont régné en Lydie, defcendoient d'Alcée, fils d'Hercule & d'une efclave. Le premier Roi de cette race qui monta fur le trône, fut Argon, qui eut pour père Ninus, pour aïeul Bélus (tant les mêmes

(1) Diod. l. 4, P. 237, (2) Apollod. 1. 2. (3) Hérod. 1.

c. 7.

noms

noms fe répétoient en mille endroits), & Alcée pour bifaïeul. On penfe que ce fut Argon qui fit de Sardes la capitale de la Lydie. Il fut fuivi, au rapport du même Historien, de vingt & un Rois, qui ne firent rien de mémorable, & fur le dernier defquels Gygès ufurpa la cou-,

ronne.

Ainfi commença la race des Mermnades, qui finit dans la perfonne de Créfus, le cinquième Roi de cette troisième. race. Nous reviendrons, lorfqu'il en fera tems, furces évènemens, prefque les feuls qui nous reftent à raconter de l'Hiftoire des Lydiens. Leur Religion étoit la même que celle des Phrygiens, fur lefquels nous allons nous arrêter; & leurs mœurs, felon Hérodote, étoient femblables à celles des Grecs, fi l'on en excepte l'ufage infame qu'il leur attribue de proftituer leurs filles pour leur faire une dot. Pour armes ils fe fervoient de lances telles. qu'on en portoit autrefois à cheval; & ils paffoient pour d'excellens cavaliers. Les Phrygiens font le fecond peuple de l'Afie- Mineure, dont il nous importe TOME II.

N

par

maintenant de parler. La Phrygie, placée d'Anville fur la même ligne que la Lydie, étoit bornée par elle au couchant; à l'orient elle touchoit à la Cappadoce; elle avoit au nord la Bithynie, la Galatie, & elle confinoit à la Lycie & à la Pifidie au midi. Les Savans ont toujours été très - embarraffés à fixer les bornes précises de cette contrée, fameufe autrefois par fa fertilité : c'eft, après tout, à cette partie, dit M. d'Anville (1), quoiqu'elle pût être d'abord fort limitée, en comparaifon de l'accroiffement qu'elle prit enfuite, que le nom de grande Phrygie est donné par diftinction d'une Phrygie-Mineure, prife fur la Myfie & vers l'Hellefpont, défignant ce que les Phrygiens vinrent occuper de pays après que Troie eut été détruite par les Grecs. On comptoit, parmi les principaux fleuves de la Phrygie, le Méandre, qui

(1) Géogr. anc. tome II, p. 49; & voyez la Carte de l'Afie-Mineure dans le petit Atlas dreffé par ce Géographe pour l'Hist. anc, de M. Rollin,

7

arrofoit auffi la Lydie; le Marfyas, qui! avoit avec le Méandre une fource commune, & qui prenoit fon nom de ce célèbre Muficien qui ofa défier Apollon ; & le Sangare, qui tiroit fa fource du mont Dindymus, & fe déchargeoit dans la mer Noire.

[ocr errors]

Nous ne dirons rien de l'antiquité des Phrygiens, de leur origine, de celle du nom qu'ils portoient, n'ayant rien à en dire que de très-incertain. Hérodote, qu'on pourroit auffi bien appeler le père des Fables que le père de l'Hiftoire, prétend que les Egyptiens cédoient le pas aux Phrygiens en fait d'antiquité d'après une épreuve affez bizarre que fit Plammetique, Roi d'Egypte. Curieux dit l'Historien (1), de favoir quelle étoit la Nation la plus ancienne, il donna à un Berger deux enfans à élever, & lui recommanda expreffément de les renfermer dans une maifon ifolée, où ils n'euffent de rapport qu'avec lui, de les faire allaiter par une chèvre, & de

y

(1) Herod. 1, 2, C. 2)

« AnteriorContinuar »