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qu'il avoit faite en le fervant. Affligé de ce meurtre, il s'exile lui-même de la ville de Calydon; prenant avec lui Déjanire & fon fils Hyllus, ils arrivent ensemble au bord du fleuve Evénus. Le centature Neffus faifoit traverser ce fleuve aux voyageurs, moyennant une rétribution. Sa barque ne pouvant contenir qu'une perfonne, il commence par transporter Déjanire à l'autre rive, & frappé de fa beauté, il veut lui faire violence. Hercule, averti par les cris de fon époufe, lance un trait contre le centaure. Bleffé à mort, Neffus, pour se venger, offre à Déjanire un philtte propre à fixer l'inconftance de fon époux. Ce philtre devoit être compofé d'huile mêlée avec le fang qui couloit de fa bleffure les flèches d'Hercule étoient empoifonnées. Déjanire, trop crédule, veut effayer la vertu de ce prétendu philtre fur fon mari, qui, mêlant à de nouveaux exploits, de nouvelles infidélités, ne ceffoit d'irriter sa jaloufie. Elle lui envoie la tunique dont il avoit coutume de fe revêtir lorfqu'il vouloit faire des facrifices à quelque Divinité, & la teint du fang de

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Neffus. Cette robe fatale lui fait bientôt éprouver les plus vives douleurs. Ne pouvant plus en foutenir l'excès, il prend le parti de licencier fes troupes, & fe conformant à l'Oracle d'Apollon, il fe fait tranfporter fur le mont Eta, ordonne qu'on lui dresse un bûcher, y monte, & conjure fes amis les plus chers d'y mettre le feu. Le feul Philoctète fe rend à fa prière; & Hercule, pour l'en récompenfer, lui laiffe fon arc & fes flèches.

la

Ainfi mourut l'Hercule Thébain, dans quarante-neuvième année de son âge; & l'apothéofe fuivit de près fon trépas. Hardi jufqu'à la témérité, bouillant, emporté jusqu'à la fureur, cruel, implacable dans fes vengeances, fans respect pour fes captives, fa vie n'offre, après tout, qu'un mélange bizarre de valeur & de férocité, de fuperftition & de licence effrénée, d'aventures purement romanefques, & de faits hiftoriques altérés par la Fable.

Quarante ans avant la naiffance d'Hercule & d'Eurythée, felon le calcul de

M. Fréret (1), qui place la date de cette naiffance cent un ans avant la prife de Troie; dans un tems plus reculé encore, fi l'on en croit Paufanias (2); & au contraire, felon le fentiment plus vraisemblable de quelques autres Chronologiftes, pendant la jeunesse d'Hercule, & dans le tems de fes premiers explois, Pélops, fils de Tantale, Roi de Lydie, s'étant vu forcé de quitter les Etats, après qu'Ilus, fils de Tros, s'en fut emparé, paffa de l'Afie-Mineure dans le Péloponnèse, qui emprunta de lui fon nom. Il parvint au Royaume de Pise en époufant Hippodamie, fille d'Enomaüs, Roi de cette ville, & y joignit Olympie, ville voifine, qu'il avoit conquife fur Epéus (3). Pélops eut d'Hippodamie plufieurs enfans entre autres Atrée & Thyefte. Ceux-ci, par le confeil de leur mère, ayant fait mourir

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(1) Mém. de l'Acad. des. Infcript. tome V, in-4°. Recherc. fur la Chron. de l'Hift. de Lydie. (2) Paufanias, 1.5, c. 8.

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(3) Ibid. 1. 5, c. 1 ; & l. 6; c. 20 & 21. Diod. 1. 4, p. 274.

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Chryfippe que Pélops avoit eu d'une maîtreffe nommée Aftioche, ce Prince les chaffa de fa Cour.

Atrée fe retira chez Euryfthée, Roi de Mycènes, qui, felon Thucydide (1), étoit fon neveu du côté de fa mère, & dont il avoit, felon d'autres, époufé la fille. Eurythée, craignant que les Héraclides ou defcendans d'Hercule ne vinffent lui difputer la couronne qu'il poffédoit depuis fi long-tems, mena contre eux dans l'Attique une puiffante armée; mais les Héraclides, fecourus par les Athéniens, & commandés par Iolaüs, neveu d'Hercule, par Théfée, & par Hyllus, vainquirent Euryfthée en bataille rangée, & lui tuèrent un grand nombre de foldats. Euryfthée lui même, au rapport de Diodore (2), & de plufieurs autres Historiens, périt de la main d'Hyllus, fils d'Hercule, fon char s'étant rompu fous lui lorfqu'il s'enfuyoit, & tous fes enfans périrent auffi dans le combat. Atrée, à qui ce Monarque ayoit laiffé en partant le gou

(1 Thucyd. 1. 1.

(2) Diod. 1. 4, p. 260.

vernement de fon Royaume, s'en faifit fur la nouvelle de fa mort, tant par fes propres forces, que par l'affection des peuples, qui redoutoient la puiffance des Héraclides (1). Thyefte avoit fuivi fon frère à Mycènes. Rien ne fouille plus PHiftoire que le récit des crimes de ces deux frères, de leur haine, & de leur vengeance. Thyefte déshonora la femme d'Atrée, & dans un horrible feftin Atrée fir manger à Thyefte fes propres enfans.

Sur ces entrefaites, les Héraclides remplis du fouvenir de la gloire d'Hercule, du fentiment de leurs forces, & du défir d'occuper le trône de Mycènes, vinrent, conduits par Hyllus, réclamer ce Royaume, dont ils avoient été chaffés autrefois par Euryfthée. On convint, à cette occafion, qu'il y auroit entre Hyllus & un champion d'Atrée un combat, avec cette condition expreffe, que fi le champion du Prince étoit tué par Hyllus, le Royaume resteroit aux Héraclides, & que fi au contraire Hyllus perdoit la vie, les Héraclides partiroient fur le champ, & (1) Thucyd. ubi fuprà.

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