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hymnes facrés & un fymbole de mufique. Les vêtemens des Egyptiens confiftoient dans des veftes de fin lin, toujours lavées très-récemment, ornées de franges, & qui leur venoient jufqu'aux cuisses; ils met→ toient par-dessus ces veftes, qu'ils appeloient calafires, une espèce de manteau de laine blanche, mais dont il leur étoit défendu de faire usage, ainsi que de tout autre habit de laine, dès qu'ils entroient dans les temples (1). Les Prêtres étoient feulement couverts d'une robe de lin; ils portoient des fouliers faits de l'arbre que l'on nommoit papyrus; les habits de laine left étoient interdits (2): jaloux d'une propreté extérieure qu'ils croyoient né ceffaire au culte des Dieux, ils fe faifoient rafer la tête & tout le corps de trois jours en trois jours, fe lavoient deux fois le jour & deux fois la nuit dans l'eau froide, & faifoient quantité d'autres cérémonies, dont le nombre, dit Hérodote, pourroit paffer pour infin

Le caractère des Egyptiens étoit natu

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(2) Plut. de Ifid, & Ofirid. n. 2.

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rellement doux & pacifique : ils le mon troient entre eux civils & prévenans: les plus jeunes cédoient le pas aux plus âgés (1), & quand ils les voyoient arriver, ils fe levoient de leurs fièges & leur donnoient la place qu'ils occupoient. Lorfqu'ils fe rencontroient par les chemins, ils fe faifoient un falut, en abaissant la main jufqu'aux genoux.. On s'accorde à mettre au nombre de leurs principales vertus la reconnoiffance; ce qui suppose en même tems qu'ils étoient bienfaifans.. Leur efprit, à en juger par leurs ouvrages, fembloit porté au grand; & malgré ces idées de grandeur qui fe manifeftoient dans les travaux publics, dans la plupart de leurs: inftitutions & de leurs Loix, les Egyptiens étoient le plus fuperftitieux de tous les peuples, comme nous allons le voir en parlant de la Religion en général fous. cette quatrième époque, & de la leur en particulier : matière affez intéreffante mon fils, pour nous occuper dans une autre lettre qui fervira comme d'introduction aux grands faits de l'époque fuivante..

(1) Hérodot, c. 78.

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LETTRE X V.

SUITE DES PRÉCÉDENTES.

Etat de la Religion fous la quatrième

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époque.

Tous avons vu, mon fils, au com

mencement de cette époque, le choix que Dieu a fait d'Abraham pour être le gardien fidèle des traditions, qui, transmises par les premiers hommes, s'étoient per pétuées dans la famille de Seth, fils d'Adam, &, après le déluge, dans celle de Sem, fils de Noé. Ces traditions primitives renfermoient fur toutes chofes ce qui avoit rapport au culte du vrai Dieu, c'est-à-dire, & la Religion naturelle, fi diffi-, cile à connoître par les feules lumières de la raifon, non moins difficile peut-être à conferver par elles dans toute la pureté,& quelques vérités que nous regardons comme plus spécialement révélées, parce qu'elles font au deffus de la raifon même. A la tradition des dogmes fe joignoit celle des

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faits; cette dernière s'étoit accrue par tous les évènemens qui avoient fuivi la creation de l'Univers, la chute de l'homme, & la promeffe d'un Rédempteur; mais toutes ces traditions fi importantes s'étoient altérées infenfiblement. Des fables groffières avoient pris la place de la vérité, ou l'avoient étrangement défigurée; l'idolâtrie avoit jeté fur elle un voile épais, & fes ombres couvroient toute la face de la terre.

Ce n'eft pas que du tems d'Abraham l'idée du vrai. Dieu fût entiérement effacée au milieu même des peuples idolâtres. Le Prince qui régnoit en Egypte fembloit refpecter le pouvoir fuprême du Dieu que ce Patriarche adoroit.

Parmi les peuples de Chanaan, le Roi de Salem eft nommé le Prêtre du TrèsHaut. Le Roi de Gerar le craint & le révère. A peu près du tems de Jacob (1), dans la terre de Hus, Job & fes trois amis fe montrent les adorateurs fidèles

(1) Voyez la Differtation de M. Goguet fur Job, tome VI, in-12. Origine des Loix, &c.

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d'un Dieu unique & tout-puiffant, & ce Jufte fe confole de fes peines, par l'idée

de la réfurrection future & de l'attente d'un Rédempteur. Mais ces reftes de lumières, répandus çà & là, fouvent fans ordre & fans fuite, atteftoient feulement le grand jour qui les avoit précédés; & l'idolâtrie n'en étoit pas moins devenue le culte prefque univerfel.

On croit qu'elle avoit commencé par les enfans de Cham: on la voit, de bonne heure, répandue chez les Chaldéens, les Affyriens, les Egyptiens, & les Phéniciens, d'où elle paffa chez les Grecs: on la retrouve chez les autres Nations fous mille formes diverfes. La famille même des Patriarches en fut infectée, & Tharé, père d'Abraham, n'en fut pas exempt (1).

Rappelez-vous, mon fils, ce que nous avons déjà dit en parlant de fon origine & des divers objets de fon culte (2), & en nous réservant à entrer ici dans de plus grands détails. Lorsqu'une fois le

(1) Jofué, 24, 2.

(2) Tome I, p. 360 & fuiv.

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