Imágenes de páginas
PDF
EPUB

la victime, on l'égorgeoit, on en coupoit la tête, & on écorchoit le refte du corps; alors on chargeoit cette tête d'imprécations, & on la portoit enfuite dans la place où fe tenoit le marché, afin de la vendre à des Marchands Grecs, s'il s'y en trouvoit, finon on la jetoit dans le fleuve. Les imprécations fe faifoient de cette manière on prioit les Dieux que s'il devoit arriver quelque mal à ceux qui facrifioient, ou généralement à toute l'Eils le détournaffent & le fiffent tomber fur cette tête ; ce qui étoit cause que l'on n'ofoit manger d'aucune tête d'animal.

gypte,

Dans de certaines folennités, telle qu'étoit, dans la ville de Bufiris, celle d'Ifis, qu'ils eftimoient la plus grande de toutes les Déeffes, & dont ils célébroient la fête avec le plus de pompe & de magnificence (1), ils jeûnoient la veille; & le jour étant arrivé, après les prières prefcrites, étant encore à jeun, ils immoloient un bœuf, en découpoient les

(1) Hérod. 1. 2, c. 5.9~

[ocr errors]

membres, & en rempliffoient le corps de pain blanc, de miel, de raisins fecs, d'encens, de myrrhe & d'autres parfums; après quoi ils le brûloient, en y répandant beaucoup d'huile & de vin. Tandis que la victime fe confumoit, ils fe fuftigeoient eux-mêmes, & on leur préfentoit enfuite les reftes du facrifice à manger.

Nous ne dirons rien du culte qu'on rendoit au bouc dans la ville de Mendès, ni des motifs de ce culte, qui n'étoit, comme celui de Priape chez les Grecs, de Mercure chez les Pélafgiens & les Athéniens (1), de Bacchus parmi bien des Nations, qu'une fuite de la dépravation de la nature humaine, rendue, hélas ! trop fenfible, au sein du Paganisme, par les objets les plus infames expofés à la vénération des peuples, & par les plus extrêmes licences (2).

Une fête, que nous ne croyons pas

(1) Hérod. 1. 2-, c. 40.

(2) Vid. Diod. 1. 1, p. 78.

devoir paffer fous filence, & à laquelle reffemble beaucoup la fête des lanternes qui a lieu encore dans la Chine, étoit la fête des lampes, qu'on célébroit partilièrement à Saïs, par des facrifices en l'honneur de Minerve. On y allumoit, autour des maifons, une quantité de lampes remplies d'huile & de fel, & on les laiffoit brûler toute la nuit ; ce qui fe pratiquoit également dans tout le refte de l'Egypte.

De même que les Egyptiens étoient les premiers qui avoient donné naissance à la plupart des Divinités païennes connues des Grecs, de même auffi ils avoient les premiers établi les fêtes célébrées en leur honneur, la pompe de leur culte,

les cérémonies, les oracles; car ceux de

Thèbes en Egypte, & ceux de Dodone en Grèce, dit Hérodote (1), étoient presque femblables.

Si, dès l'origine, les Egyptiens & les Phéniciens portèrent dans la Grèce les principes de leur Mythologie; des Grecs

(1) Hérodote, 1. 2, c. 58.

[ocr errors][merged small]

illuftres, tels qu'Orphée, Mufée, Mé lampe, & dans la fuite Homère, Lycur gue, Solon, Platon, Pythagore, voyagèrent à leur tour en Egypte, & achevèrent de puifer, dans les usages de cette Nation, une quantité d'inventions & de pratiques qui firent partie de leur Reli gion (1). C'eft ainfi qu'Orphée avoit rapporté de fon voyage fes mystères, fes or gies, & toute la fable des Enfers. Les fupplices des méchans dans le Tartare, le féjour des bons aux Champs Elifées, & quelques autres idées pareilles étoient visiblement prifes des funérailles des Egyptiens. Ces plaines heureufes, qu'on difoit être le féjour des Juftes après leur mort, n'étoient, à la lettre, que les belles campagnes fituées aux environs du lac d'Achérufe auprès de Memphis. Mercure, conducteur des ames chez les Grecs, avoit été imaginé d'après un homme à qui l'on remettoit en Egypte le corps d'un Apis mort, pour le porter à un autre homme qui le recevoit avec un mafque à trois

(1) Diod. 1. 1, p. 86 & fuiv..

[merged small][ocr errors]

têtes comme celles de Cerbère. Dans les cérémonies Egyptiennes, pratiquées pour la fépulture des morts, on retrouvoit la barque qui tranfportoit les corps, la pièce de monnoie qu'il falloit donner au Nocher, nommé Caron: on y retrouvoit le temple de la ténébreufe Hécate placé à l'entrée de l'Enfer, les portes du Cocyte & du Léthé pofées fur des gonds d'airain. Dans la ville d'Acanthe, qui étoit au delà du Nil, du côté de la Libye, il y avoit un tonneau percé dans lequel 360 Prêtres verfoient tous les jours de l'eau que l'on . avoit puifée dans le Nil; & c'étoit fans doute fur cela qu'avoit été inventé le fupplice des Danaïdes. C'étoit Mélampe, difoient encore les Egyptiens (1), qui de leur pays avoit porté en Grèce les fêtes de Bacchus, l'hiftoire de Saturne, le combat des Titans, les périls & les malheurs des Dieux. Homère fur-tout tira un trèsgrand parti de la Mythologie des Egyptiens ; & les Philofophes eux-mêmes prirent dans cette contrée une partie de leurs

(1) Diod. ubi fuprà.

« AnteriorContinuar »