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N°. II. pag. 63.

LETTRE de l'ambassadeur françois, à la reine doairière, régente d'Écosse, concernant Nesbitt.

DEPUIS les dernières que je vous ay escriptes. du premier de ce mois, par le hérault roi, & du septième, par le sire de Bethune, j'ay eu advis qu'il estoit venu vers ceste royne aulcuns personnaiges de la Congrégation, qui ont esté fort secretement introduits vers elle; & celluy qui premièrement m'en a adverty me dict, que c'estoit ung mylord qui s'appelle Hatton, lequel avoit esté conduict depuis le Barwick jufques icy par ung gentilhomme appelé Teleby. Et autres monc dict de plus avoir fcu que le secrétaire Leudingtou, & ung Meluin, étoient paffez de deça pour faire nouuelles menées, afin d'avoir secours; & m'a l'on voulu assurer, que à c'est effect ils sont venus offrir tout ce qu'ils ont peu de la part de ladite Congrégation, & de remonstrer avec ce tant de choses pour le bien & advantaige de cestedicte royne, si elle entendoit à leur requeste, & tant de perte, ruyne & domaige, s'ils estoient refusez, qu'elle s'est laissée persuadée tout ce qu'ils ont voulu. Et incontinent après, l'on a despesche

commissions de toutes parts pour lever argent, & advancer le paiement de cinq ou six mois avenir; & en mesme heur l'on faict redoubler la diligence d'armer les navires, dont je vous ay escript cy-devant, de façon qu'en ceste heure il y en a quatorze de équippés & en victuailles pour trois mois, qui n'attendent que le vent pour estre gettés en mer & prendre incontinent la route de Barwick, en la conduite de M. Winter, qui en doibt estre vice-admiral; les aultres demeurent pour encoires en ceste rivière, pour la garde de l'entrée de cedict, & des costes de deçà. Au surplus, madame, le duc de Norfolk n'attend que l'heure de partir pour s'en aller lieutenant-général en tous les pays de north, & mylord Grey avec luy pour tenir lieu du comte de Northumberland, estantz leurs despesches déjà si prestes, qu'il ne feur reste plus que de prendre congé. Et pour ce qu'il m'a esté baillé de bon lieu une sommaire coppie en françois des lettres que ledit duc doibt emporter, en forme de commission ou de pouvoir, selont la coustume de ce pays, je l'ay bien osé estendre en la mesme sorte que je l'ai reccueilli. «Par la royne: comme ne donbtons point "que par le commun bruit & fame du monde, il » appert de la grande démonstration d'hostilité » que les François font vers ce royaulme, transportans grandes puissances en Écosse, sous prétexte seulement de ainsi faire pour la conqueste

دو

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dycelluy royaulme; mais estant la chose cog»nue de leurs entreprinses, auons délibéré en » temps d'avoir à icelles bon regard, & estant » fort jalouse de nostre ville de Barwick, la prin

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כן

cipalle clef de nostre royaulme, auons déter» miné avec expédition pour icelle & en fron» tières aussy, menner secours de gens de cheual » comme de pied, comme y enuoyons aussy » nostre très-cher & très-aymé cousin le duc de Norfolk, pour estre nostre lieutenant-général en tout le north, par della la rivière de Trent; auquel propos, auons encoire addressé nos lettres à plusieurs de nostre nobilité & gentils» hommes en pareille sorte, comme addressons » certes à vous, voulians & requérans, &c. » De quoy, madame, votre majesté pourra assez cognoystre que ceste royne veult abreuer, que ces petites forces, qui ont esté envoyées de France en Écosse, ne sont que pour la conqueste de ce royaulme, voulant soubs ce prétexte plus facilement leur faire prendre les armes pour rompre les justes & nécessaires entreprinses du roy, & autres, & par mesme moyen fauoriser celles de vos rebelles. Et ce qui me faict croire & du tout confirmer ce dessain, est que j'ay esté aujourd'huy adverty du susdit mesme

lieu, que

, que ladicte dame faict présentement despescher cincq cens commissions aux gentilshommes des pays plus voysins du north, par lesquelles elle

leur mande de faire le plus de gens de cheual qu'ils appellent demy lances, & le plus de gens de pied, qu'il leur sera possible, suiuant les ordonnances & loix du pays, qui à celles s'obligent, pour les marcher droit à Neufcastell, où ledice duc les doibt recepuoir: faisant entendre en en icelle commission, comme elle est advertie de la volunté du roy & ses entreprinses, qui ne sont point de conquerir Escosse (estant puissance d'ung tel prince trop grande pour une si foible nation); mais le principal but dudit seigneur, n'est que d'entreprendre en Angleterre. A cause de quoi il est temps qu'elle ouvre, son trésor, ses moyens & pouuoir, pour y donner empeschement; & qu'il est besoing de commencer, plustost que d'attendre que la chose leur empyre, tant que le remède ne valut plus rien. Je me suis enquis à celluy qui m'a porté ces nouvelles, en quel temps precisement il étoit mandé par icelles lettres de se tenir prest, & se trouuer audit Neufcastell; lequel a répondu que la date auoit esté laissée en blanc pour estre remplye de la main du secrétaire Cécille; mais que le mois de janvier y estoit & qu'il estimoit que ce debvoit être pour la fin d'iccluy, qui m'a semblé terme assez court, pour ne deuoir faillir d'en avertir promptement votre majesté par porteur exprès, ainsi qu'à cet effect j'ay despeché cestuy qui poura encore rendre quelque compte des communes

partycularités de ce lieu, & mesmes de l'armement des navires, pour auoir esté par moy envoyé où l'apprest s'en est faict. J'escrips à M. d'Oisel d'aultres particularités, qui dépendent de ce qu'il aura plu à vostre majesté de voir cy-dessus; ausquels me remettant, je supplieray le Créateur vous donner, &c. de Londres, ce XXIe jour de décembre 1559 ›

Madame,

G. DE NOAILLES.

No. II (bis.)

Hier bien tard, ung personnaige Françoys, appellé Nesbet, se disant à M. le comte de Lenox, me vint trouuer en mon logis, & me dire que ledit sieur son maistre auoit entendu par le capitainne Bourdicq, qui n'aguaires s'en allant en Escosse estoit passé chés luy, comme nous auions tenu propos de luy, & que j'auois desiré de sçavoir de lui la généalogye de la maison de Leneux; à cause de quoy l'auoit aduisé de m'en enuoyer une, qu'il me bailla en ung arbre tiré sur deux feuillets de papier, coullés l'ung au bout de l'autre, & au pied plusieurs discours de sa race, & des aduantages qu'il prétends sur la maison de Haran, & mesme sur ceulx qui sont aujourd'huy les chefs. Après il me dict, q'ung gentilhomme Escossois, nommé maistre Gaston, auoit esté pris peu de

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