Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ne pourra demeurer dans la ville, sans le consentement du lieutenant ou député de la reine ; que ladite ville sera tenue & gardée par la susdite reine ou ses lieutenans, pour la conservation du prince, de ses alliés, & des autres sujets du roi qui sont vexés & attaqués par le parti des Guises, au sujet de la profession de la religion & de l'évangile, & de l'observation de l'édit royal.

La susdite reine ou son lieutenant, fera remettre auprès de Dieppe, au capitaine de ladite ville du Hâvre, trois ôtages qui demeureront dans Dieppe ou aux cnvirons, jusqu'à ce que ces articles, signés de la main, & scellés du sceau de la 'reine, soient remis entre les mains de l'électeur Palatin, & d'un autre prince protestant Allemand, dont il sera convenu entre les parties contractantes.

La susdite reine d'Angleterre fera remettre au prince de Condé où à son député à Strasbourg, Francfort, ou ailleurs, comme il en sera convenu, cent milles couronnes d'or, savoir soixante-dix mille, dès qu'on pourra savoir à Strasbourg ou Francfort, que le Hâvre-de-Grace a été livré à la susdite reine ou à son lieutenant, & trente mille ensuite dans l'espace d'un mois.

Outre trois mille hommes de garnison pour le Havre de Grace, la reine enverra trois autres mille hommes pour garder ou secourir les aures villes, comme Rouen & Dieppe; & elle

continuera ce secours, jusqu'à ce qu'il ait été payé de cette manière quarante mille couronnes d'or, à moins que la paix ne se fasse entre le prince & ses ennemis. Dans le paiement de cette somme, on comprendra l'argent qui sera payé sur l'ordre de la susdite reine au capitaine du Hâvre ou à son député, depuis le dernier jour d'août précédent, jusqu'à celui où le Hâvrede-Grace sera livré à la reine ou à son lieutenant. Si celui-ci ne peut pas envoyer de secours à Rouen, la susdite reine, au défaut de ce secours, fera payer au prince de Condé ou à son député en Normandie, vingt mille couronnes d'or pour la défense de Rouen, ou autres usages du prince; & si la reine n'emploie pas vingt mille couronnes pour la défense de Dieppe, le reste sera de même payé au princes de sorte que deux sommes de vingt mille couronnes chacune, soyent comprises dans celle de quarante mille stipulée ci-dessus, que la reine ne sera plus tenue d'entretenir garnison dans Dieppe.

Les troupes Angloises seront reçues & traitées comme amis & partisans du prince.

Les habitans des villes & lieux où elles seront, jouirant de leurs biens, liberté, priviléges & loix.

Les villes de Dieppe & du Havre seront outvertes à tous les sujets du roi de France qui seront poursuivis pour cause d'une religion plus

pure, où serviront fidèlement leur roi, sous la conduite du prince de Condé. Cependant le lieutenant de la susdite reine pourra refuser l'entrée de la ville, dans le cas où le nombre des réfugiés pourroit nuire à sa défense.

La susdite reine promet de restituer entre les mains du susdit roi de France, le Hâvre & ses dépendances, sans en emmener aucune des machines de guerre qu'on y aura trouvées, & sans répétition des dépenses pour réparations, dès que par les soins du prince de Condé, Calais & ses dépendances auront été remis à la susdite reine ou à ses lieutenans, suivant le traité de Cateau-Cambresis entre elle & Henri II, roi de France, quoique ce traité rejette plus loin la restitution de cette ville de Calais, & dès que la susdite somme de cent quarante mille couronnes d'or, aura été payée à la reine ou à ses députés, sans intérêts.

La sérénissime reine ne rendra point le Hâvre, & ne recevra point Calais du susdit roi de France, sans le consentement du prince de Condé ou des principaux de son parti, & sans qu'ils soient dédommagés des biens dont ils sont privés, à raison de cette remise du Hâvre aux mains de la reine.

Le lieutenant de la sérénissime reine permettra que le capitaine du Hâvre-de-Grace ou ses députés, en emportent les choses qui ne sont pas marchandises, & ne peuvent contribuer à la défense.

Il sera aussi permis au capitaine d'emmener douze vaisseaux François, de ceux qui y sont déjà, avec les agrès & munitions qui ne sont pas destinés à la défense de la ville, mais seulement aux usages maritimes.

Enfin la sérénissime reine & le prince de Condé ne permettrons, transigerons, ni ne ferons rien qui puisse nuire à l'une ou à l'autre des parties contractantes, sans le consentement de celle à laquelle il seroit porté préjudice.

Et la sérénissime reine, pour très-certaine confirmation de ces articles, a apposé à cet écrit son seing & le grand sceau d'Angleterre.

Forbec, tom. II, pag. 48, 30 septembre 1562, tiré de la Bibl. Cotton. Cal. E. V.

No. VI, pag. 154.

PROCLAMATION DE PORTSMOUTH, concernant l'expédition des Anglois en Normandie.

ÉLISABETH, par la grace de Dieu, reine d'An

gleterre, de France & d'Irlande, défenseur de la foi, à notre fidèle & bien amé sir Adrian Poypings, chevalier, commandant de notre ville & ifle de Portsmouth; faisons savoir, de notre expręsse volonté & commandement, ce qui suit ;

La susdite majefté, pour différentes causes grandes & nécessaires, tendantes à l'honneur de Dieu, à la conservation de son royaume & de ses sujets, & enfin pour le salut de la couronne d'Angleterre, a été engagée à lever un certain nombre de ses fidèles sujets, & à les préparer à une guerre défensive. Elle en a donné le commandement à certains nobles & gentilshommes d'Angleterre de bonne expérience. Et sa majesté ayant nommé pour son lieutenant le comte de Warwick, a déterminé, avant qu'il puisse être en état, à envoyer promptement une certaine partie de ses forces sous la conduite de sir Adrian Poynings, chevalier, commandant de son port & ifle de Porsmouth, au port de Normandie le plus prochain, pour conserver & préserver de toute surprise & de toute violence tendante au préjudice de la couronne d'Angleterre, comme majesté est bien informée que le pourroient faire ceux qui l'ont déjà fait & tenté, ce qui est prouvé par leur première entreprise,

Donc sa majesté ordonne que tous ses sujets assemblés à Portsmouth ou à Rye, ayent à entendre que son intention n'est de faire aucune guerre, ou d'user d'aucune hostilité contre le roi de France, ou aucuns de ses fidèles sujets (avec lesquels elle enjoint à tous les siens de vivre en paix), mais seulement de conserver les ports voisins & les villes de Normandie, par

« AnteriorContinuar »