Imágenes de páginas
PDF
EPUB

& autres officiers domestiques; & il y avoit grand nombre des deux cens gentilshommes de la maison dudit seigneur, & plusieurs autres gentilshommes; & à l'entrée dudit tribunal, étoient les capitaines des gardes & prévôt de l'hôtel, & devant la chaire dudit seigneur, étoient à un genouil, les huissiers de chambre; & au pied du degré dudit tribunal, étoient les prévôt des marchands & échevins de ladite ville de Paris; & au bas de la salle, dont les portes demeurèrent toujours ouvertes, y avoir un nombre infini de gens de diverses nations. En la présence desquels ledit seigneur roy a dit & exposé. que la cause qui l'avoit mû faire icelle assemblée, étoit pour ce que l'élû en empereur lui. avoit envoyé un hérault d'armes; lequel, ainsi que ledit seigneur pensoit, & que celui hérault avoit dit, comme aussi son sauf-conduit contenoit, portoit audit seigneur lettres-patentes & authentiques de la sûreté du camp, pour le combat qui devoit être entre ledit élû en empereur & lui. Et d'autant que ledit hérault d'armes, sous ombre d'apporter la sûreté dudic camp, pourroit, pour divertir & éloigner l'affaire, user de quelques fictions, simulations ou hypocrisie, & que ledit seigneur roy demande la brièveté & expédition dudit combat, afin que moyennant icelui, se puisse mettre fin à la guerre, qui a si longuement duré entre eux, au soula

gement de toute la chrétienté, éviter l'effusion de sang & autres maux qui en adviennent, a bien voulu ledit seigneur que cela fût connu par toute chrétienté, afin que chacun puisse à la vérité juger dont procède le mal & la longueur; d'autre part aussi, a fait ladite assemblée pour remontrer qu'il n'a légèrement entrepris un tel acte; car le droit est de sa part; & quant eût fait autrement, son honneur eût été grandement blessé; ce que les seigneurs de son sang & autres ses sujets du royaume, n'eussent trouvé bon; & sçachant la cause du combat & le droit d'icelui, se comporteront comme bons & loyaux sujets doivent faire, espérant, avec l'aide de Dieu, y aller; de sorte que clairement se verra si le droit est de son côté, & que, contre vérité, il a été accusé d'être infracteur de sa foi. Les rois ses prédécesseurs & ancêtres, dont les effigies son en taille affigiées par ordre en icelle salle, qui ont en leur temps fait successivement actes glorieux, & augmenté grandement leur royaume, estimeroient ledit seigneur n'être capable d'être leur successeur, s'il souffroit contre son honneur une telle note lui être par l'élû en empereur imputée, & qu'il ne défendît de sa personne, son honneur ainsi & par la forme & manière accoutumée. Et pour entendre la matière, faut présupposer qu'après que par fortune de guerre, ledit seigneur roy fut pris de ses

ennemis devant Pavie, à nul desquels ne bailla sa foi, pensant que seroit par la magnanimité de l'élû en empereur, mieux traité en Espagne autour de lui qu'ailleurs, consentit y être mené; ce que fut fait sur les galères qu'il fit armer à ces fins, & lui arrivé en Espagne fut mis au chasteau de Madrid, où a été nuit & jour gardé par gros nombre d'arquebusiers & autres, qui lui ennuyoit & fâchoit grandement; tellement que pour la détresse où il étoit, devint malade jusqu'à la mort. L'élû en empereur le visita, & depuis sur sa guérison, se traita un accord entre les députés d'icelui élû en empereur, & les ambassadeurs que madame, mère dudit seigneur, y avoit envoyés à ces fins, par vertu du pouvoir que ledit seigneur roy lui avoit laissé de régir son royaume, quand il partit d'icelui pour passer les monts, par lequel elle ne pouvoit obliger la personne dudit seigneur. Même que, par l'inspection d'icelui traité, chacun évidemment pourra reconnoître qu'il est déraisonnable tant en paroles qu'en effets, & violemment extorqué, & que jamais prince qui eût été en liberté n'eût passé un tel traité, ne pour sa délivrance, promis telle rançon que celle qui fut promise; lequel traité toutefois firent jurer audit seigneur qui étoit prisonnier, contre les protestations que par plusieurs fois il avoit publiquement faites, lui étant encore bien ma

lade, en danger de récidivation & de la mort ; après lequel traité ledit seigneur, tenu toujours sous la garde des dessus dits hors la liberté, fut mis en chemin pour retourner en France, sur les ôtages de messeigneurs ses enfans, auquel fut dit par plusieurs fois, qu'après qu'il seroit en France en sa liberté, falloit qu'il baillât sa foi, sçachant & connoissant que ce qu'il avoit fait & promis en Espagne étoit nul, & si n'est records, ledit seigneur, que ledit élû en empereur lui dit jamais, que s'il n'accomplissoit le contenu audit traité, le tienderoit infracteur de foi; & ores que lesdites paroles lui auroient été dites, ledit seigneur n'étoit en sa liberté pour lui répondre aucune chose, & n'y auroit donné son consentement. Par ainsi avec cas du présent, il y a deux choses à considérer; l'une le traité extorqué violentement fait par ceux qui n'avoient pouvoir d'obliger sa personne, & lequel, quant au demeurant, a été accompli par madame, mère dudit seigneur, qui a baillé ôtages messeigneurs les enfans dudit seigneur ; l'autre est la prétendue foi dudit seigneur, sur laquelle ne peuvent faire fondement devant qu'au moyen d'icelle ne l'ont mis en liberté. Or, en matière de guerre, la foi d'un prisonnier, si celui à qui elle a été baillée ne le met en pleine liberté, n'a ancun effet d'obliger; de sorte que s'il évade de ceux qui le gardent, ne peut être redargué de

foi enfreinte; & par ainsi qu'ils ont tenu ledit seigneur sous grosse garde, & n'ont fait fondement sur sa foi, ne la peuvent accuser; car en rien ne l'oblige. Aussi par plusieurs fois les ministres dudit élû en empereur, ont dit & confessé que la foi qu'ils prétendoient avoir dudit seigneur étoit nulle, parce qu'il n'étoit en liberté que là où il seroit, étoit nécessaire que de nouveau leur baillât la foi, ce que ledit seigneur ne fit, ains seulement bailla messeigneurs ses enfans en ôtages, qui étoit une autre grosse & grande sujettion, pour montrer qu'ils ne s'arrêtoient à sa foi, & ne le mettoient en pleine liberté sur icelle. Aussi faut présupposer qu'en matière d'honneur & combat, y a assaillant & défendeur; l'assaillant baille la sûreté du camp, & le défendeur provoqué & assailli, baille les armes. Or averti ledit seigneur roy, tant par ses ambassadeurs, hérault d'armes, qu'autres, que ledit élû en empereur le blâmoit d'avoir roinpu sa foi, & usoit de grosses parolles, touchant grandement son honneur, ainsi qu'il se pourra voir par les lettres missives qu'icelui élû en empereur a écrites à maître Jean de Calvimont, président de Bordeaux, ambassadeur dudit seigneur en la cour d'icelui élû en empereur, lesquelles ledit seigneur fit lire devant toute l'assistance, & dont la teneur s'en suit: Monsieur l'ambassadeur, j'ai vû les lettres que vous

« AnteriorContinuar »