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comme orphelins & abjects, nous interpréte rons ce refus en jugeant que le soin de notre conduite nous est laissé, & que nous devons chercher ailleurs des remèdes. Mais afin de n'y être pas forcés, nous prions votre sainteté de seconder notre souverain en de si saints desirs, & nous la supplions instamment de lui être favo rable sans délai ni retardement, en approuvant ce que des hommes très-savans affirment. Nous la supplions par cette piété pastorale qu'elle nous doit, & avec le sentiment de notre affection mutuelle, de ne pas fermer ses entrailles paternelles à des fils si soumis, si remplis de bienveillance, si exacts à remplir leurs devoirs, La cause qui intéresse la majesté royale, concerne chacun de nous; elle s'étend de la tête aux membres; la douleur & l'injure, nous touchent tous. Nous souffrons tous dans sa majesté, & votre sainteté pourroit facilement dissiper nos maux; & non-seulement elle le pourroit, mais la piété paternelle lui en fait un devoir. Que si votre sainteté ne le fait pas, ou si elle diffère notre situation sera sans doute d'autant plus déplorable, que nous aurons travaillé longtemps en vain; mais elle ne sera pas sans remède. Les remèdes extrêmes sont toujours durs, il est vrai; mais un malade emploie tous les moyens pour se délivrer de la maladie; & le changement de maux laisse toujours quelque

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espérance: si l'on n'obtient pas le bien, on a du moins un moindre mal, que le temps rend facile à supporter. Nous prions de nouveau votre sainteté de considérer ces représentations,au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont elle fait profession d'être vice-gérente sur la terre, de montrer en ceci par des actions, qu'elle l'est en effet, & de confirmer par son jugement, pour la louange & gloire de Dieu, la vérité trouvée, reconnue & confirmée par les travaux & les veilles des hommes les plus savans. Cependant, nous supplions le Dieu très-grand & très-bon, que nous savons par un témoignage très-certain être la vérité même, qu'il veuille diriger & éclairer les desseins de votre sainteté, de sorte qu'obtenant de l'autorité de votre sainteté ce qui est saint, juste & véritable, nous soyons délivré de toute autre sollicitude pour trouver la vérité.

[1.10 2207 N° VII, 184.

DISCOURS de Catherine d'Arragon au roi. SIRE, je supplie humblement votre majesté de m'écouter, afin que je ne puisse me plaindre ni de son injustice, ni qu'elle m'ait privée de la faveur de sa clémence ordinaire. Je suis une

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femme & une étrangère, privée d'amis & de conseil, qui ne peut plaider pour elle-même, & qui ne connoît pas ceux qu'elle peut employer. Ma famille & mes amis sont loin de moi, & je ne puis me reposer sur eux dans une chose de si grande conséquence. Ceux qui sont pour moi, sont ceux qu'il vous a plu de me nommer : ce sont vos sujets, s'ils vouloient s'expliquer sincerement encore ne peuvent-ils résister à votre volonté ! Mais, quel crime ai-je donc commis, pour qu'après trente ans d'une union paisible, vous ayez un si grand désir de vous séparer de 'moi? J'étois veuve de votre frère, il est vrai, si l'on peut appeler veuve celle qui n'a jamais connu son mari; car je prends Dieu à témoin, & vous ne pouvez l'ignorer, que je vins à votre lit entièrement vierge. J'en appelle de la manière dontje me suis conduite depuis, à ceux, quels qu'ils soient, qui me souhaitent du mal. Quelle que soit leur pensée, ils conviendront que vous avez toujours trouvé en moi une fidelle épouse, n'ayant jamais à ma connoissance résisté à vos volontés. J'ai toujours aiaél ceux qui vous ont plû, sans examiner leur mérite. J'ai si soigneusement servi vos plaisirs, que je crains plutôt d'avoir offensé Dieu par trop d'efforts à cet égard, que par la plus légère négligence de mes devoirs. Par cet amour que je vous ai porté, par notre frère, par la mémoire de mon père, qui vous a été pré

cieuse, je vous supplie de vouloir différer la définition de cette affaire jusqu'à ce que j'aye envoyé en Espagne : c'est là que je puis être conseillée par mes amis quel parti je dois prendre. Si alors en justice, je suis condamnée à me separer de vous, dont j'ai été si long-temps une partie, je continuerai à obéir; mais s'il en est comme je pense de la sagesse de nos parens, par lesquels ce mariage a été conclu, je ne puis que bien espérer de ma cause. Votre père fut un second Salomon pour la sagesse ; l'Espagne, ni aucun royaume ne peut citer un roi semblable à Ferdinand mon père. Eh! quels auroient donc été les conseillers de ces deux princes, s'ils avoient contribué à nous précipiter dans les misères d'un mariage incestueux? Mais il n'y eut alors aucun doute sur la légalité de ce mariage, & cependant il y avoit alors ( & j'en ai trop fait l'expérience) des gens de savoir, qui en sagesse & en'amour de la vérité, valoient bien tous les flatteurs de ce temps. (a)

(Goodwin. ANN. d'ANGLET. p. 95.)

(a) Catherine prononça ces mots, parce que tous les évêques du royaume avoient prononcé contre son mariage ; & en effet ce décret avoit été rendu & figné de chacun, & lu publiquement en présence du roi, Le seul Fisher, évêque de Rochester, protesta qu'il n'avoit pas signé, & que le primat avoit faussement contrefait son seing.

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N°. VIII, 190.

DISCOURS d'un gentilhomme de Graysin, prononcé aux séances du parlement en 1529, en réponse aux objections de l'évêque de Rochester.

SI

I tout autre que l'évêque de Rochester & ses adhérens, avoit tenu un pareil langage, il me causeroit moins d'effroi. Mais puisque tant de nouvelles sectes répandues dans le monde, prétendent chacune se réserver à elles seules le nom de la véritable église, s'efforcent même par les instances & les menaces, à réduire enfin notre foi à la simple obéissance, je demande la permission d'exposer ce que je crois de meilleur, en ce cas, pour nous laïques & séculiers. Non que je veuille donner mon sentiment comme une règle, lorsqu'il en est peut-être de meilleures à suivre, mais parce que j'examine cette affaire comme la plus importante qui nous concerne & puisse jamais nous concerner.

Si dans les actions humaines, il nous paroît difficile de trouver un milieu qui nous empêche de marcher vers l'une ou l'autre extrémité, il l'est encore plus de l'apporter dans ce qui concerne le culte religieux. Le fentier est étroit, & les précipices l'environnent de tous côtés. L'homme est

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