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HISTOIRE

DU

VICOMTE

DE

TURENNE

BREDEDEDEDEDEDEDEDEDEDEDEDEredea

LIVRE PREMIER.

E Regne de Louis XIV Nombrefut fignalé dès fon com- fesConque.

mencement par un

fi

tes du Re

gne de grand nombre de Vic- LouisXIV. toires & de Conquêtes, que rien n'avoit fait plus d'honneur aux François depuis l'établissement de leur Monarchie. J'entreprens d'écrire la Vie d'un Capitaine, qu'on dues A doit

Tome 1.

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ont échoué. Turenne. Plus d'un Ecrivain y a déja fuccombé, & il femble qu'elles devroient détourner tout le monde de l'entreprendre; outre que perfonne ne paroît avoir moins befoin d'Histoire que ce Prince les chofes qu'il a faites pour le bien & pour la gloire du Royaume étant d'une nature à ne pouvoir jamais être oubliées. En effet, il n'y a point de François qui ne fache dequoi la France lui eft redevable; il n'y a point de Pere qui ne l'apprenne à fon Fils: de forte que, fans le fecours de l'Hiftoire ce qu'il a fait ne fauroit manquer de paffer jufqu'à la derniere Poftérité. Mais outre ces actions éclatantes, que prefque personne n'ignore, il y en a beaucoup d'autres, qui font moins connues & dont je croi être affez inftruit pour en faire part au Public, les ayant apprifes par le moyen des Mémoires particuliers qui m'ont été comNouveaux muniqués. Ces Mémoires font Mémoires ceux du Vicomte de Turenne

fecrets,

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qu'il commença à écrire de fa pro

pre

pre main fi-tôt qu'il fut à la tête des Armées, les Lettres du Roi & des Sécrétaires d'Etat qui lui ont été écrites pendant tout le tems qu'il a commandé, & fes Réponses à ces Lettres.

DES Perfonnes d'une haute Dif- communitinction m'aïant procuré ces di- qués à l'Auverfes Piéces dont on peut tirer teur, de fi grands fecours pour fon Hiftoire, je me trouve engagé, par leurs inftances, à les mettre en œuvre & à faire tous mes efforts pour répondre à la confiance dont on m'a honoré.

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,

Je vais donc effaïer de raconter qui entretout ce qu'a fait le Vicomte de prend d'en Turenne faire ufage. foit en France foit dans les Païs Etrangers, durant la plus grande partie du Siécle paflé.

JE tâcherai de faire connoître Son Plan, cette profonde Intelligence avec touchant le laquelle ayant formé le Plan de fa Génie, Campagne, il favoit où il rencontreroit les Ennemis, où il leur livreroit Bataille, & tous les mouvemens qu'il leur feroit faire: ce

A 3

ca

les Vertus,

caractère particulier de valeur, qui le rendoit en même tems fi circonfpect à donner des Batailles ; & fi prompt à s'y déterminer dans l'occasion: car, quoique, pour ménager le fang de fes Soldats, il évitât autant qu'il pouvoit d'attaquer les Ennemis, il prenoit néanmoins fi promptement fon parti lorfqu'il étoit néceffaire d'en venir aux mains, qu'il ordonnoit un Combat & une Bataille, comme un autre auroit fait un fimple Campement & une fimple Marche, fans affembler pour cela de Confeil; de quoi même qui que ce foit ne fe formalifoit, la fupériorité de fes lumieres reconnues faifant que perfonne ne s'offenfoit de n'être pas confulté. Je ferai voir cette difpofition d'efprit fi fage, qui le porta toujours à penfer modeftement de lui-même avant le Combat, & à parler des Ennemis avec honneur après la Victoire.

JE dirai comment fa Vertu naiffante excita d'abord la jaloufie ; & comment fon mérite s'accrut par

la

la fuite jufqu'à un tel point, qu'il fit, de fon vivant même, taire la médifance, & que fes Concurrens sefférent enfin d'être fes ́envieux, & applaudirent comme les autres à fa Gloire.

Héros.

Il n'y a rien dans ces derniers & le CaraSiécles, qui puiffe nous fournir tere de fon 'une Idée jufte de la Simplicité qui étoit le véritable fond de fon Caractere il faut remonter, pour cela, jufqu'au premier Age de la République Romaine ; & c'est-là, où, dans les fentimens d'un petit nombre de Capitaines également grands & modeftes nous trouverons des traits par le moyen defquels nous pouvons nous former quelque Image de ce Caractere fimple, qui a porté à un fi haut point de grandeur le Vicomte de Turenne. Cette réputation générale qu'il s'eft acquife: il ne la doit à rien de ce qui éblouit la plûpart des hommes. Il n'avoit, ni l'Air impofant, ni même l'Extérieur prévenant; mais, une aimable Simplicité accompagnoit toutes fes A 4 pa

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