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paroles & fes actions: vertu rare
dans une auffi grande élévation
que celle où il étoit, & qui, jointe
à ce Génie éminent qu'il avoit pour
la Guerre, le fit adorer de tout le
Monde, ainfi qu'on le verra dans la
fuite de fon Hiftoire.

HENRI DE LA TOUR D'AUVERANNE'E GNE, Vicomte de Turenne, naquit 1611. à Sedan le 11. Septembre de l'anNaillance née 1611. Il étoit fecond fils de du Vic. de Henri de la Tour d'Auvergne, Turenne. Duc de Bouillon, Prince Souve

rain de Sedan, & d'Elifabeth de Naffau, fille de Guillaume de Naffau I. du nom, Prince d'Orange. Ainsi, du côté Paternel il tiroit fon Origine des anciens Comtes d'Auvergne, dont la Maison, par fes Alliances, tient à ce qu'il y a de plus grand en Europe pour la Naiffance: &, du côté Maternel, il defcendoit de la Maifon de Naffau, qui a donné un Empereur à l'Allemagne, plufieurs Capitaines généraux à la République de Hollande, & un Roi à l'Angleter

re.

Com

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ANNE'E

1611, &c.

Ses Parens,

COMME les Parens du Vicomte de Turenne étoient de la Religion prétendue réformée ils le firent élever à Sedan, dans les fa Religion, principes de cette Religion. Si- & fon édu tôt qu'il fut en âge d'avoir des Maî- cation. tres, le Duc de Bouillon, fon Pere, mit auprès de lui des gens capables de lui donner une éducation digne de fa naissance & des grandes vûes qu'il avoit pour lui. Dans ces premieres années, où l'Homme encore incapable de déguisement découvre également fes bonnes & fes mauvaises qualités il fit voir une maturité fi fort audeffus de fon Age, un fi grand empire fur lui même, & une difpofition d'efprit fi préparée à embraffer tout ce qu'on lui propofoit de raifonnable, qu'on jugea bien dès-lors, qu'il étoit né pour donner au monde de grands exemples de Vertu.

ANNE'S

LE Tems de l'éducation do- 1625. mestique étant fini, & le Duc de Envoyé en Bouillon étant venu à mourir, la Hollande Ducheffe de Bouillon, chargée de Maurice,

la

au Prince

ANNE'E

1625.

le Prince

fervi depuis fous aucun Capitaine de qui on puiffe avoir lieu de croire qu'il ait rien appris de tout ce qu'il a exécuté de grand dans l'Art militaire.

APRE's la mort du Prince Maules Hollandois

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1626. rice de Naffau Fait Capi-aïant remis le Gouvernement gétaine d'In-néral de leurs Armées au Prince fanterie par Frederic-Henri, fon frere, ce PrinFrederic- ce donna au Vicomte de Turenne Henri, fert une Compagnie d'Infanterie, à la aux Siéges tête de laquelle il fervit aux Siéges de Groll & de Groll, & de Bolduc; & mon& eft re-tra, qu'il n'étoit pas moins bon Ofpris de trop ficier, que bon Soldat. On ne voïoit d'ardeur. point, dans toute l'Armée, de Com

de Bolduc;

il

pagnie plus belle, ni mieux disciplinée que la fienne. Tout jeune qu'il étoit, il ne s'en repofoit point fur les foins d'un Lieutenant; faifoit lui-même faire l'Exercice aux Soldats, il les dreffoit avec patience, il les formoit avec bonté il les corrigeoit à propos, & fa bourse leur étoit ouverte dans tous leurs befoins. Il alloit toujours le premier à la Tranchée, & aux Attaques.

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1.626.

taques. Son Gouverneur, qui étoit un homme de fervice, s'efforçoit ANNE'E en vain d'empêcher qu'il ne s'expofât comme il faifoit: hors de-là, il le refpectoit comme fon pere; mais, quand il s'agiffoit de donner l'exemple à ceux à la tête de qui il étoit, il n'avoit égard qu'à ce que demandoit fon honneur. Le Prince Frederic-Henri fon oncle crut même devoir lui reprocher, comme une Ardeur immoderée, ce Courage qui ne connoiffoit point de peril, afin de lui donner quelques bornes; mais, il avoit bien de la peine à diffimuler la joie qu'il reffentoit d'être obligé à lui faire de tels reproches, dans le tems même qu'il les lui faifoit : jufque-là qu'un jour, après lui avoir fait une de ces fortes de reprimandes, il fe tourna vers les Officiers qui étoient préfens, & leur dit qu'il fe trompoit fort, ou que ce jeune homme effaceroit la gloire des plus grands Capitaines; auffi n'y avoit-il pas un feul des Soldats de fa Compagnie, qui n'eût eu hon

te

ANNE'E

dans fon Confeil; &, perfuadé qu'il 1626. avoit d'ailleurs du zele pour fon fervice, & de l'attachement pour fa perfonne, il l'avoit fait fon premier Miniftre, & lui avoit remis l'Administration générale de toutes les Affaires.

forme le

baiffer la Maifon d'Autriche,

LE Cardinal de Richelieu, fe deflein d'a- voyant maître de difpofer comme il voudroit de la Puiffance Souveraine, réfolut d'élever la France à un fi haut point de Grandeur, que fon Miniftere devint célebre dans tous les Siécles à venir. Il falloit, pour cela cela, abaiffer la Maison d'Autriche, qui, poffédant l'Empire d'Allemagne, & la Monarchie d'Efpagne, fe trouvoit fort au-deffus de toutes les autres Maifons de l'Europe; & c'eft auffi ce qu'il avoit entrepris de faire. Mais comme l'autorité de Louis XIII n'étoit pas fort abfolue dans fon propre Royaume, le Cardinal de Richelieu n'avoit pas ofé d'abord faire déclarer ouvertement la France contre la Maifon d'Autriche. Il s'étoit contenté d'affifter, com

me

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