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mée, venoit de mourir de la blef- ANNE'E fure qu'il avoit reçue au Siége de 1643. Rottweil, Ville Imperiale fituée à France en. la fource du Neker. Le Comte Allema de Rantzaw, qui étoit le plus an- gn. cien Officier de l'Armée, en avoit pris le Commandement, & l'avoit menée aux environs de Dutlinghen, Ville peu éloignée de la fource du Danube, où le Baron de Mercy, Général des Troupes du Duc de Baviere, qui s'étoit ligué avec l'Empereur contre nous, l'enleva avec tous fes Officiers généraux & toute fon Armée, à la réferve de cinq à fix mille hommes qui fe fau verent en-deçà du Rhin, fans Chef, fans argent, & fans armes. C'eft à quoi fe trouvoit réduite cette Armée, qui avoit été la terreur de l'Empire fous. le Duc de Veimar; & ce fut avec ce débris de Troupes, fans autres forces, qu'on chargea le Vicomte de Turenne de défendre la France, du côté de l'Allemagne, contre les efforts des Armées de l'Empereur, du Duc de Baviere, & du Duc de Lorrai

ne

ANNE'E

11644.

Défait le

Frere du

Général Mercy à Hutinghem.

ne, que les Ennemis avoient réunies, dans l'efpérance de profiter du trifte état où l'affaire du Dutlinghen nous avoit réduits. Pour furcroit de malheur, Torftenfon, Général de l'Armée Suédoife, qui, jufques-là, avoit agi de concert avec la nôtre contre les Imperiaux, s'en alla dans le Holstein, fans même nous donner avis de fon départ.TEL étoit l'état de nos affaires en Allemagne, lorfque le Vicomte. de Turenne y arriva. Il commença par emprunter fur fon crédit une fomme confidérable d'argent, pour fubvenir aux befoins des Troupes : &, pendant que prefque: tous les Grands du Royaume furvendoient à la Reine Régente les moindres fervices qu'ils rendoient à la Couronne, il fit remonter la Cavalerie, & r'habiller l'Infanterie, à fes propres dépens; il acheta de nouveaux équipages d'Artillerie :: & les recrues de chaque Régiment. ayant été faites, il trouva par la Revue qu'il en fit, que ce petit Corps de Troupes étoit de fix à sept

fept mille hommes. Avec une auffi foible Armée, bien loin d'être en état de faire aucune entreprife, il n'y avoit pas d'apparence qu'il pût feulement tenir la Campagne.Néan

moins,

comme au commence

ANNE'E

1.644.

ment d'une Minorité, il étoit trèsimportant pour les Intérêts de la France de faire tête par-tout à nos Ennemis, le Vicomte de Turenne Le 3. Juin.. paffa le Rhin à Brifac ; &, ayant fçu que le Frere du Général Mercy étoit avec un Corps de deux mille chevaux aux environs d'Hutinghem au-delà de la Forêt-Noite, il le fit attaquer par quatre ou cinq Régimens, il lui tailla en piéces fix cens hommes, & en fit cinq cens prifonniers avec beaucoup d'Officiers: le refte fe fauva vers le Général Mercy, qui, malgré cet échec, ayant encore quinze ou feize mille hommes, alla mettre le Siége devant Fribourg Capitale du Brifgaw. Quelque foible que fût le Vicomte de Turenne, il vouloit tenter de fecourir cette Place; mais, la Reine Régente lui ayant défen

du

ANNE'E

du de rien entreprendre de ce cô 1644. té-là, jufqu'à ce que le Duc d'Anguien y fût arrivé avec le Maréchal de Guiche qui y conduifoit douze mille hommes, il fut obligé de les attendre..

Difpofition

entre Fri

bourg &

;

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ce

CEPENDANT, les Bavarois ayant de l'Armée vivement preffé Fribourg, ils s'en de Mercy rendirent maîtres avant que le Duc d'Anguien fût arrivé mais Brilac. Le Prince n'eut pas plutôt joint fes 28. Juillet. Troupes à celles du Vicomte de Turenne, qu'il réfolut d'aller chercher l'Ennemi, & de le combattre en quelque endroit qu'il fût. Le Général Mercy, après la prife de Fribourg, étoit refté dans le Camp qu'il avoit auprès de cette Ville, ne croyant pas pouvoir fe pofter, ailleurs plus avantageufement. En effet, il étoit dans une plaine toute environnée de Marais & de Montagnes, qui formoient une efpéce de quarré long, lequel n'avoit, pour toute ouverture, de notre côté, que le grand chemin de Brifac à Fribourg. Il avoit derriere lui cette derniere Ville : la tête de

de:

Ton Armée faifoit face au chemin
de Brifac, par lequel on devoit
naturellement venir à lui; car, les
Marais qui étoient fur fa droite
étoient abfolument impraticables,
& les Montagnes qui fermoient fa
gauche étoient fi près l'une de l'au-
tre, que l'efpace qui fe trouvoit
entre deux devoit plutôt être re-
gardé comme un défilé, que com-
me un Vallon. Cependant, com-
me fon armée prêtoit le flanc à
ceux qui l'auroient attaquée par ce
Paffage, il y avoit fait faire des
Retranchemens outre ceux que les
Ravins y formoient déja : il l'a-
voit fait barrer de Sapins couchez
en travers, dont les branches é-
toient occupées par la moitié, &
qui par ce moyen hériffées de
Pieux en tout fens fervoient de
chevaux de frife: il avoit garni le
bois, à droite & à gauche, de Mouf-
quetaires: fi bien qu'il étoit per-
fuadé, qu'on n'oferoit pas l'attaquer
par cet endroit. Quant au chemin
de Fribourg à Brifac, il croyoit
y avoir affez bien pourvu, en met-
Tome I.
G

tant

ANNE'E

1644.

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