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emprunté dix mille fur fon crédit à Strasbourg; & l'on ne trouva, après fa mort, que cinq cens écus dans fa

caffette.

On pourroit rapporter plufieurs Autre autres exemples de fa générofité; mais je crois que, pour achever de la faire connoître, il fuffit de dire qu'après avoir commandé les Ar mées pendant plus de vingt ans, il laiffa moins de bien en mourant, qu'il n'en avoit eu de sa Maison dont il n'étoit pourtant que Ca

det.

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& les Sol

LE foin qu'il prenoit de la for- Son huma tune des Officiers, & fon humani-nité pour té envers les Soldats, lui avoient les Officiers gagné le coeur des gens de guer dats. re. Loin d'imputer les mauvais événemens au défaut de conduite des Officiers qu'il employoit, it étoit le premier à les excufer. Si quelqu'un avoit été battu en Parti,il prenoit foin de le confoler luimême, & de lui relever le courage: il lui donnoit de nouvelles Troupes, & en plus grand nombre, afin qu'il eût fa revanche, & continuoit

à

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à le renvoyer toujours à la Guerre',
jufqu'à ce qu'il eût remporté quel-
qu'avantage.

Sa bonté de UN jeune Gentilhomme de l'Ar-
riereban, arrivant un jour à l'Ar-
mée, après l'avoir falué, lui de-
manda où il mettroit fes chevaux.
A cette queftion, tous ceux qui é-
toient préfens, fe mirent à rire de
la maniere du monde la plus mor-
tifiante pour ce Gentilhomme. Mais
le Vicomte de Turenne prenant fon
férieux C'est donc, leur dit-il, une
chofe bien étonnante, qu'un homme ..
qui n'est jamais venu à l'Armée, n'en
fcache pas les Ufages? N'y a-t-il pas
bien de l'efprit à fe rire de lui, parce®
qu'il ne fait pas des chofes qu'il ne peut
fçavoir, & qu'au bout de huit jours il
fçaura auffi-bien que vous? Il ordon-
na en même-tems à fon Ecuyer
d'avoir foin des chevaux de ce Gen-
tilhomme, & de l'inftruire des au-
tres chofes. Les airs infultans le
choquoient au dernier point; & la
bonté étoit tellement le fond de fon
caractére, qu'il ne pouvoit fouffrir
qu'on fe moquât de perfonne. A

la

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la Cour, comme à l'Armée, lorfqu'il arrivoit quelque Provincial dont on vouloit fe divertir, il prenoit d'abord fon parti d'un air qui impofoit auffi-tôt filence à tout le monde quelque démangeaison qu'on eût de railler.

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IL arriva plufieurs fois, qu'ayant Son Elprit reçu de la Cour des Ordres pofitifs de fupport: de caffer des Capitaines, dont les Compagnies n'étoient pas complet tes, il prit fur lui d'en fufpendre l'exécution, & fçut les conferver, en leur donnant le tems de rétablir leurs Compagnies.

AVANT fçu que le Duc de Lu- It obtient xembourg avoit fait condamner à la grace de une mort infamante Duport, qui Duport. avoit rendu Naerden, dont il étoit Gouverneur, & qui étoit pourtant un fort brave homme, il obtint du Roi, que cet Officier auroit la permiffion de fe jetter dans Grave, où il expia, par une mort glorieufe, la faute qu'on l'accufoit d'avoir faite à Naerden.

IL prenoit foin de l'avancement Son Equité de tous ceux qui étoient dans fon pour les

Ar-Troupes,

lui.

leur re-

Armée, depuis le plus grand juf
qu'au plus petit: il faifoit valoir
leurs fervices à la Cour, & il
leur faifoit donner des Charges &
des Emplois à chacun felon leur
capacité & leur mérite. Auffi les
Officiers & les Soldats avoient-
ils pour lui un amour & un atta-
chement qu'ils firent paroître en
tant d'occafions, que je crois de
voir en rapporter ici quelque cho-
fe.

APRE'S fa mort les Officiers
connoiffan- Généraux tinrent Confeil pour fça-
ce envers voir où ils meneroient l'Armée; &
Exemple. Comme ils étoient long-tems à fe
déterminer,les Soldats dirent ce bon
mot: Les voilà bien embarrassez. Qu'on
lâche la pie, & nous camperons où elle

Autre,

s'arrêtera.

MAZEL,qui paffoit pour un des
meilleurs Officiers du Royaume, &
qui l'étoit véritablement, fe voyant
prêt à mourir en Allemagne, de-
manda, pour toute grace, qu'on
l'enterrât au même endroit où le
Vicomte de Turenne avoit été
tué.

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IL fe trouve encore aujourd'hui, Autre parmi nous, de vieux Officiers, devant qui on ne sçauroit parler du Vicomte de Turenne, qu'ils ne verfent auffi-tôt des larmes ; & j'en ai vu, qui voulant me raconter les Le Marquis bontez qu'il avoit eues pour eux, de Miraen étoient encore fi vivement pé- beau, annetrez, que la douleur leur cou-taine aux cien Capi pant la voix, & les faififfant jufqu'à Gardes. les faire fangloter, ils ne pouvoient achever leur récit.

timée,

SA bonne-foi étoit fi bien. éta- Sa bonne-blie, non-feulement chez nous, mais foi généra lement ef encore chez nos voisins, que la plupart des Princes d'Allemagne traitoient avec lui perfonnellement pour leurs interêts, fans demander aucune garantie de ce qu'il leur promettoit; & que les Republiques même les plus foupçonneufes fe croyoient en affurance dès qu'il leur avoit donné fa parole. QUAND il fallut réfoudre dans Exemple le Confeil d'Espagne en 1650. fi on le mettroit à la tête des Troupes, il n'avoit aucune caution à donner aux Espagnols pour fûreté

de

En 1650

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