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de laquelle il étoit, & à peine

ANNE'E fûmes-nous formez, que nous vî1673. mes fa premiere Ligne défiler comme la feconde, & fe retirer avec le refte de l'Armée, qu'il mena entre Ochfenfurt & Virtzbourg dans un endroit tout environné de Montagnes & de Marais. Le Vicomte de Turenne fuivit aussi-tôt les Impériaux, donna fur leur Ar riére-Garde, y fit plufieurs prifonniers, leur enleva une partie de leurs Bagages & de leurs Munitions; & ne pouvant les engager à combattre, il fe porta de telle forte auprès d'eux, qu'ils ne pouvoient plus, ni marcher vers la Hollande par le Mein, dont il étoit Maître, ni s'avancer du côté de l'Alface, fans lui prêter le flanc, & expofer leur Armée à être défaite. Il avoit le Mein à la gauche, un grand Ravin à fa droite, & derriere lui un très-bon Pays, d'où il pouvoit tirer des vivres en abondance pour faire fubfifter fon Armée encore plus de deux mois : Situation à finir cette Campagne avantageufe

hem

ANNE'

1673

ment pour la France, i l'Evêque de Virtzbourg eût gardé la Neutralité comme il l'avoit promis; mais nous ayant manqué de parole, & ayant livré fon Pont aux Imperiaux. Le Comte de Montecucully fit auffi-tôt paffer fon ca- Le 14. Sepnon & fes gros Equipages, & mar-tembre. cha vers le Rhin avec fon Armée : il n'avoit point de Pont, non plus que nous fur le Fleuve, s'il entreprenoit d'y en jetter un, nous pouvions en faire autant, & paffer même avant lui; mais l'Electeur de Tréves, qui nous avoit auffi promis de garder la Neutralité, lui ayant encore livré les deux Ponts qu'il avoit à Coblentz fur le Rhin & fur la Mofelle, ce Général fut bien plûtôt que nous à Bonn, où s'étant joint aux Espagnols & aux Hollandois, ils affiégérent cette Place avec leurs trois Armées, & la prirent. Le Vicomte de Turenne, Le 12. Nopour punir l'Evêque de Virtzbourg vembre. & l'Electeur de Tréves de leur infidélité, fit vivre fes Troupes à diferétion dans l'Evêché de VirtzG 3

bourg,

ANNE'E

1.673.

bourg, & leur donna des Quartiers d'Hyver dans l'Electorat de Tréves; & après une Campagne de prèsde deux ans, il alla enfin à la Cour, Le 18. Dé- où le Roi l'attendoit pour confe

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ANNE'E

te de la

Franche-
Comté

rer avec lui, fur les diverfes opérations de Guerre, qui devoient Occuper fes Armées l'année fui

vante.

La Conquête de la Franche1.674. Comté fut la premiere entreprise Il feconde par laquelle on réfolut d'ouvrir la la conquê- Campagne. Les Places de cette Province n'avoient, à la vérité que de foibles Garnifons; mais il étoit à craindre que les Ennemis ne vinffent à leur fecours avec quelque Corps d'Armée confidéra-ble; car le Duc de Lorraine, qui regardoit la Franche-Comté, comme le paffage le plus commode par où il pût rentrer un jour dans fes Etats, s'intereffant par-là plus qu'aucun autre à la confervation de cette Province, s'étoit chargé de la fecourir, dès qu'on avoit fçu que nous avions deffein de l'attaquer. Il avoit envoyé le Prince de Vau

démont

démont fon fils fe jetter dans celle des Places qui paroîtroit devoir être la premiere affiégée, & il étoit déja lui-même avec fest Troupes, & une partie de celles de l'Empereur & de l'Electeur Palatin auprès de Bafle, où il deman doit avec de grandes inftances aux Suiffes la permiffion de paffer fur leurs Terres, pour entrer dans la Franche-Comté. La Maifon d'Autriche même, qui n'avoit point encore voulu leur envoyer d'Ambaffadeur, quoiqu'elle eût reconnu leur indépendance, leur en envoya un alors, efperant les engager, par cette démarche, à accorder le paffage à fes Troupes. Comme nous n'avions point de ce côté-là d'Armée qui pût rien faire appréhender aux Suiffes, il étoit à craindre, que fe rendant enfin aux follicitations de l'Empereur, & à celles du Duc de Lorraine, ils n'accordaffent le paffage aux Ennemis; & le bruit couroit déja', qu'ils étoient fur le point de le faire, lorfque le Vicomte de Turenne entreprit de' G. 4.

l'em-

ANNE'E

1674.

Le 10. Mai.

l'empêcher, & d'aller appuyer

la

ANNE' Négociation que nous avions avec 1674. eux à ce fujet. Pour cela il ordonna à une partie des Troupes, qui étoient en quartier dans la Lorraine & dans l'Alface, de le venir joindre du côté de la Suiffe, & avec quelques Compagnies de Cavalerie qu'il prit pour Escorte, il fe rendit en diligence à Hefinghen, Village qui n'eft qu'à une lieue de Bâle. Il y arriva affez tard; mais afin que toute la Ville en fût informée, il y envoya le lendemain de grand matin fon Maître d'Hôtel avec une grande fuite de Pourvoyeurs, qui avoient ordre d'acheter & d'enlever tout ce qui fe trouveroit dans les Marchez, & de dire que c'étoit pour le Vicomte de Turenne, qui étoit arrivé à Hefinghen, & qui donnoit ce jour-là, à manger aux Principaux Ófficiers de fon Armée. Ce fracas eut fon effet tout Bâle ne parla que de l'arrivée du Vicomte de Turenne; & les Magiftrats de cette Ville le fçachant fi près d'eux, écouterent

nos

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