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Après J. C.

L'an 742.

Ven-bien

Ce nouveau Chef des Hoei-ke envoya des ambaffadeurs à l'Empereur de la Chine qui lui donna le titre de Hoai ginFong-y-vam. Enfuite à la faveur des troubles qui reg- khan. noient parmi les Turcs, auxquels jufqu'alors il avoit été Lie-tai-kifoumis il fe révolta avec le chef des Ko-lo-lou : ils at- Ju. taquerent ensemble les Pa-fi-mi qui venoient de défaire le Tam-chou. Khan des Turcs. Ko-li-fio-lo prit alors le titre de Ko-to- tum-kao lou-pi-kia-kiue-khan. C'eft à cette époque que commen- L'an 744 ce la grandeur des Hoei-ke qui avoient toujours été les fujets des Turcs & des Chinois. Ce Khan obtint de l'Empereur le titre de Hoai-gin-khan ; il s'empara de tous les pays que les Turcs occupoient & mit fa Cour entre la montagne Ou-te-kien-chan & le fleuve Kuen-ho. Toutes les Hordes des Hoei-ke étoient fous fa domination, il réduifit enfuite les Pa-fi-mi & les Ko-lo-lou, & il établit partout dans fon nouvel Empire des Officiers ; mais ce qui affuroit le plus fa puiffance, c'eft qu'il avoit été reconnu grand Khan par l'Empereur de la Chine de la maniere la plus authentique & la plus folemnelle. Ses ambaffadeurs avoient reçu d'un des premiers Miniftres de l'Empire les lettres patentes dans la Cour Impériale au bruit des tambours, ayant devant eux leurs étendarts déployés. Après que Ki-li-fi-lo eut été ainsi installé Khan de la Tar- L'an 745. tarie, il défit & tua Pe-moei-khan Empereur des Turcs: alors fes Etats s'étendirent du côté de l'Occident jufqu'aux monts Altai & à l'Irtisch, & vers l'Orient jufqu'au pays des Che-goei ou Tongoufes qui habitoient le long du fleuve Amour. Mais il ne jouit pas long-tems du fruit de fes conquêtes, il mourut prefque auffi - tôt qu'il fut GrandKhan de Tartarie. Son fils Mo-yen-tcho lui fucceda fous le titre de Ko-le-khan. Ce Prince envoyoit reguliérement Ko Je-khan tous les ans à l'Empereur de la Chine des ambaffadeurs L'an. 756. & il rendit de grands fervices aux Chinois. Ce fut lui qui offrit d'envoyer à leur fecours des troupes pour dompter le rebelle Gan-lo-chan qui venoit de prendre le titre d'Empereur, & qui ménaçoit d'enlever l'Empire à la Dynaftie des Tam.

Gan-lo-chan étoit un des Généraux de l'Empereur

Après J. C.

Hiuen-tçong à qui ce Prince avoit laiffé prendre trop d'auArte-khan torité dans l'Empire. Il le combloit tous les jours de nouveaux bienfaits, & lui laiffoit rendre des honneurs qui n'étoient dûs qu'au Souverain. Cet Officier étoit le maître dans le palais imperial, & fous prétexte qu'il avoit été adopté par l'Impératrice, il pouvoit y entrer librement de jour & de nuit, & s'entretenoit avec les Princeffes. L'Empereur reçut mal les avis qu'on lui donna fur la revolte que Gan-lo-chan méditoit. Les Miniftres & les Officiers qui étoient oppofés à Gan-lo-chan furent exilés, & ce Prince ne commença à fe défier de fon favori que quand celui-ci fut affez puiffant pour ne le plus craindre. Gan-lo-chan s'étoit formé une armée de plus de cent cinquante mille hommes, compofée pour la plus gran de partie de Khitans & d'autres Tartares Orientaux. Il commença par venir infulter Lo-yam où l'Empereur étoit alors, & il s'empara de prefque toutes les Provinces de Chantong, de Chanfi & de Honan. Les mauvais confeils auxquels l'Empereur fe laiffoit entraîner, achevoient de ruiner l'Empire. Si-gan-fou fut prife, & l'Empereur fut contraint de fe fauver dans la Province de Sfetchouen. C'eft dans ces circonftances & après la perte d'une grande bataille que Hiuen -tçong eut recours au Khan des Hoei-ke & des Toufan. Ko-le-khan dorna le commandement des troupes qu'il envoyoit au fecours de l'Empereur à Ko-lo-tchi qui fe joignit au_Général Kou-tfe-y; ils marcherent ensemble contre les Tong-lo. Cette Horde des Hoei-ke qui demeuroit vers le Kerlon avoit pris le parti de Gan-lo-chan. Les foldats de ce rebelle quitterent les environs de Si-gan-fou où ils étoient campés pour aller vers le pays d'Ortous, dans le deffein de fe joindre aux autres Tartares, & de revenir enfuite ravager les frontiéres de la Chine, mais ils furent défaits par les troupes Chinoifes & Hoei-ke. L'Empereur pour reconnoître les fervices qu'il venoit de recevoir de ces Tartares donna à la fille de leur Khan le titre de Princeffe, comme fi elle eût été une Princeffe de la famille Impériale. Dans l'extrême befoin où il fe trouvoit, il étoit

obligé de ménager ces peuples. Enfuite le fils du Khan Après J. C. nommé Ye-hou fe rendit à la Chine avec un corps de Ko le khan troupes de quatre mille hommes Il s'aboucha avec Koutfe-y qui regala tous ces Tartares, mais Ye-hou ne voulut avoir aucune part à cette fête, fous prétexte que dans la fituation où étoit alors l'Empire, on ne devoit s'occu per qu'à le délivrer de fes ennemis; il fe trouva dans une bataille qui fut donnée fur le bord de la riviere Fong où les rebelles avoient mis quelques troupes en ambufcade. Les Hoei-ke fondirent deffus & les diffiperent avec leurs fléches. Ils s'approcherent enfuite de Si-gan-fou avec le refte de l'armée impériale qui étoit compofée de Chinois, de Tartares, d'Indiens & d'Arabcs (a). Les rebelles furent vaincus, les Hoei-ke furtout, qui les prirent par derriere, en firent un grand carnage: Gan-king-fu fils de Gan-lo-chan & qui lui avoit fuccédé après l'avoir fait poignarder, fut obligé d'abandonner la Cour orientale; c'eft-à-dire Lo-yam, & de fe retirer vers le nord. Quelques ennemis fecrets de l'Empereur porterent les Hoeike à mettre cette ville au pillage. Ces Tartares y firent pendant trois jours de grands défordres & diffiperent tous les magazins; ils ne s'arrêterent qu'à force de préfens. Cette conduite n'empêcha pas Ye-hou de fe rendre enfuite à la Cour, où la néceflité & le befoin des fecours obligerent l'Empereur d'oublier cette infulte. Ce Prince envoya au-devant de lui tous fes principaux Officiers & lui donna un grand feftin. Ye-hou lui propofa de laisser ses troupes à la Chine & de repaffer en Tartarie pour y raffembler des chevaux, remonter la Cavalerie Chinoife & reprendre enfuite les villes qui étoient encore entre les mains des rebelles. L'Empereur le remercia de ces offres, lui donna le titre de Tchong-y-vam, & y joignit beaucoup de préfens qu'il promit de lui envoyer tous les ans en Tartarie

Le Grand Khan qui venoit de rendre aux Chinois des L'an 758. fervices fi importans fit demander en mariage une fille de

(a) Les Arabes avoient alors un grand commerce avec les Chinois.

Après J. C.

Lie-tai-ki

fu.

Kam mo.

pas

&

l'Empereur, fes ambaffadeurs fe trouverent à la Cour avec Ko le-khan ceux d'Abou-dgiafar al manfor second Khalif des AbbassiVen-bien- des. Ils furent long-tems à difputer à qui auroit le tum-kao. & entreroit les premiers dans la falle d'audience. Pour terminer cette conteftation, les maîtres des cérémonies les firent entrer par des portes différentes. Il paroît que les Arabes ne furent pas contens de la conduite des Chinois, ils brûlerent cette année Canton, pillerent tous les magazins & s'en retournerent fur leurs vaiffeaux. Le Khan obtint la Princeffe Chinoife, & le titre d'Im-vougoei-yuen-pi-kia-kioue-khan. L'Empereur fit conduire fa fille en Tartarie par Yu, & par plufieurs autres grands Officiers de l'Empire. Le Khan s'étoit mis fur fon thrône pour les recevoir, il avoit un bonnet comme les Tartares & une longue robe fort riche. Avant que de les introduire, on demanda au chef de l'ambaffade à quel degré de parenté il étoit avec l'Empereur, & quand on fçut qu'il étoit fon oncle on le fit entrer. Le Khan voulut refter affis, alors Yu refufa de le faluer, & lui reprocha de recevoir avec trop de fierté une Princeffe de la Chine & les ordres de l'Empereur.» Ce Monarque, dit l'ambassadeur, » en considération des fervices que vous lui avez rendus, » veut bien vous donner des marques de fon amitié en » vous envoyant fa propre fille qu'il aime tendrement. » Dans les alliances que les Chinois ont faites avec les Tartares, ils n'ont jamais donné que des filles qu'ils avoient adoptées, aujourd'hui c'est la fille même de l'Empereur qui fait un voyage de dix mille li pour fe rendre auprès de vous, vous devenez gendre de l'Empereur, » au lieu de recevoir cette Priceffe avec refpect, vous reftez affis fur votre thrône ! Ce difcours étonna le grand Khan, qui fe leva auffi-tôt & fe conduifit, dans cette cérémonie, au gré des Chinois. Le lendemain il donna à la Princeffe le titre de Khatoun, diftribua à tous fes officiers les préfens que l'Empereur lui avoit envoyés. Ce mariage répandit la joye dans tous fes états, il fit préfent à I'Empereur de cinq cens chevaux & de quatre habits de martes zibelines, enfuite il envoya fon fils Ko-tcho à la tê

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te des trois mille cavaliers au fecours des Chinois ; quelque tems après ille fit fuivre par d'autres troupes, & par un Général qui amenoit trois filles du Khan pour remercier l'Empereur de l'alliance qu'il venoit de contracter avec les Hoei-ke, & lui annoncer en même-tems que le Khan venoit de foumettre les Kien-kuen, peuples qui demeuroient vers Irkutskoy dans la Siberie le long de l'An

gara,

Après J. C.
Ko-le khan

Ven--bien

tum-kao.

khan.

Ces troupes Hoei-ke avec l'armée impériale furent dé- L'an 759. faites par les rebelles & obligées de fe fauver à la Cour Lie tai-kide l'Empereur. Dans le méme-tems le grand Khan mou- Tam-chou. rut, fon fils Ye-hou ayant été tué auparavant à caufe de Kam-mo. fes crimes, les Hoei-ke mirent fur le thrône un autre fils nommé Y-ti-kien qui prit le titre de Meou-yu-khan, Teng-lion le nomme encore Teng-li-khan (a). Il étoit d'ufage que les femmes qui n'avoient point eu d'enfants de leur mari, lorfqu'elles devenoient veuves fuffent enfevelies toutes vivantes avec lui; les Hoei-ke prétendoient que la Princeffe Chinoise devoit fe conformer à cette coutume; mais la Princesse ne voulut jamais y confentir, & elle eut beaucoup de peine à obtenir qu'elle porteroit le deuil à la Chinoife,& pleureroit fon mari pendant trois ans. Cependant pour fe conformer en quelque chofe aux ufages de ces peuples, elle fe coupa le vifage en plufieurs endroits, enfuite elle eut la permiffion de s'en retourner à la Chine. L'année fuivante le grand Khan envoya à la Chine un de fes principaux Officiers nommé Kiu-lou-mo-ho-tarkhan pour faluer l'Empereur & la Princeffe veuve du feu Khan; L'an 762. l'Empereur accorda à ces Hoei-ke la permiffion de la voir dans le Palais.

L'an 760.

Kam-mo.
Lie-tai-ki-

fu.

Après la mort de cet Empereur appellé So-tcong, & Tam-chos. lorfque Tai-tçong lui eut fuccédé, ce Prince pour appaifer les nouveaux troubles que la revolte de Sfe-tchao-y avoit occasionnés, refolut de mettre dans fon parti les Hoei-ke, & de renouveller avec eux les traités, dans l'efpérance de tirer de ces peuples de grands fecours. Il

` ( a ) C'est-à-dire Khan divin, Tengri en Turc fignifie Dieu.

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