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Après J. C.

noit le titre de Khaouarefm-fchah étoit gouverneur de Mahmoud. cette Province, Begal teghin & quelques mécontens l'avoient engagé de refufer l'hommage au Sulthan. Ce Prince arrivé dans le Kharisme fit rentrer les rebelles dans le devoir & donna le gouvernement du Kharisme à Altoun

Aboulfedha

tasch.

L'Inde eft un pays fi étendu qu'il fe préfentoit tous les ans à Mahmoud de nouvelles occafions de fignaler fon courage dans cette contrée. D'ailleurs il s'en faifoit un devoir de Religion. Son but étoit d'y faire connoître de plus en plus la Religion Musulmane. Il traverfa toute la grande Province de Moultan, pénétra jufqu'au Ganges & prit la ville de Canoudge fituée au nord de Benarès, il prit encore une autre ville appellée Cafam & le pays d'Ouganam. De retour à Ghazna il fongea à porter la guerre dans la partie feptentrionale de l'Inde. Il parvint jufqu'au pays de L'an te17. Kisradge(a), éloigné de Ghazna de trois mois de chemin il Dherbelot. conquit ce pays, en enleva toutes les richesses & en tira Aboulfedha un fi grand nombre d'efclaves qu'on les donnoit au plus bas prix à ceux qui fe préfentoient.

L'an 1 19.

hafen.

L'an 1021.

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L'hiftoire ne nous apprend rien de ce que fit ce grand Conquerant pendant quelques années. Il porta enfuite (b) la guerre dans l'Inde & fit part au Khalif d'une partie du butin qu'il y avoit fait : quelque (c) tems après il fongea à Aboulma entreprendre une autre expédition dans ce pays & il en inftruifit le Khalif. Il étoit fort attaché à ce Prince & ne pouvoit fouffrir les Khalifs Phatimites qui regnoient en Egypte. Ceux-ci s'efforçoient de gagner fon amitié & de fe faire reconnoître comme Souverains Pontifes des Mufulmans. C'eft dans ce deffein qu'ils envoyerent (d) à un L'an 1024. Officier nommé Ghaznak, gouverneur du Khorafan qui accompagnoit la caravanne de la Meque, pour Mahmoud une robe d'honneur. Ghaznak la reçut & ne voulut point paffer par Bagdad dans la crainte que le Khalif Cader ne lui en refusât l'entrée ; mais Mahmoud qui avoit déja reçu

(4) L'an 40 de l'Hegire.
(6 L'an 40 de l'Aegue.

(c) L'an 412 de l'Hegire.
(d) L'an 415 de l'Hegire.

les plaintes de ce Khalif obligea Ghaznak de fe présenter avec fa robe devant Cader qui la déchira de fes propres Mahmoud.

mains.

Après J. C.

Pendant ce tems là Mahmoud fe préparoît à marcher L'an 1025. contre les Indiens, il fondit dans le Royaume de Guzarat Aboulfedha (a) & fe rendit maître de la ville appellée Sanem-foumenat Dherbelos. fituée près la pointe de Jaquete, il trouva dans cette ville une grande idole nommée Soumenat qui étoit d'une feule pierre & qui avoit cinquante coudées de hauteur; mais on n'en appercevoit que trois, le refte étoit caché dans la terre. Elle étoit dans un temple qui avoit 56 colonnes que l'on difoit être d'or maffif & toutes chargées de rubis & de pierres précieuses. C'étoit la plus grande idole de l'Inde tous les Peuples y venoient en pélérinage; on lui avoit confacré une vafte étendue de campagnes. Mahmoud enleva toutes ces richeffes, brifa l'idole & fit égorger plus de cinquante mille de ces Idolâtres. On prétend qu'outre le butin que firent fes foldats il eut pour lui plus de vingt millions de pièces d'or. Mais ces richeffes ne font rien en comparaifon de celles qu'il prit après avoir forcé la ville de Baarca que l'on regardoit comme une place imprenable. Il y avoit foixante & dix millions en monnoye d'or, foixante & dix mille marcs en vaiffelle d'or & d'argent, des étoffes, des perles & des pierres précieufes fans nombre,& entre autres choses une chambre de trente coudées de long fur cinq de large dont les murailles & les planchers étoient d'argent.

hafen.

Mahmoud chargé de toutes ces dépouilles de l'Inde, Aboulma fut le plus puiffant & le plus riche Frince qu'il y ait eu parmi les Mahométans. Il établit dans le pays de Sanem Soumenat un Roi de la race de Dabfchelim. C'eft une ancienne famille qui a regné longtems dans l'Inde, mais que nous ne connoiffons pas affez pour en parler ici. De retour à Ghazna, il fit de riches préfens aux Mofquées, & informa (6) le Khalif de toutes ces grandes conquêtes.

Jufqu'à préfent nous avons vû ce Prince porter la guerre dans le nord contre les Turcs ou contre les Idolâtres de (4) L'an 416 de I Hegire (b) L'an 418 de l'Hegire.

L'an 1027

Mahmoud.

l'Inde, nous ne lisons pas dans l'Hiftoire qu'il ait attaqué les Après JC. Bouides, Princes dont la puiffance redoutable avoit affervi Dherbelos les Khalifs jufques dans Bagdad même. Ces Bouides étoient divifés en plufieurs branches, c'eft avec celle qui regnoit dans l'Eraque Perfique que Mahmoud eut des démêlés. Phakhreddoulet en mourant avoit laiffé fes Etats à fon fils Roftan, furnommé Madgd-eddoulet âgé de treize ans. La Reine Seïdat, Princeffe douée des plus grandes qualités, prit foin du gouvernement de l'Empire, & de la tutelle de fon fils. Elle mit tous fes foins à conferver une parfaite intelligence avec Mahmoud, dont elle n'ignoroit pas les vûes ambitieufes.

»

&

Madgd-eddoulet devenu plus âgé, voulut gouverner par lui-même, il donna la charge de grand Vifir à Abou-aly, fils de Sina que nous connoiffons fous le nom d'Avicene, &dépouilla fa mere de toute l'autorité. Cette Princeffe fut obligée de fe refugier dans un château du Laristan. Celui qui y commandoit lui offrit ses services & la mit en état de paroître à la tête d'une armée avec laquelle elle vint attaquer fon fils près de Rey.Madgd-eddoulet & fon Visir Avicene furent faits prifonniers. Seïdat reprit les rênes du gouvernement, & ne fe diftingua pas moins par fa juftice par fa fageffe dans fa profperité, que par la conftance & le courage qu'elle avoit fait paroître dans fon adverfité. Elle fe fit aimer & refpecter de tous fes fujets. Derriere un rideau elle préfidoit à tous les Confeils,mais elle donnoit audience aux Ambaffadeurs à vifage découvert. Elle pardonna bien-tôt à son fils, le remit fur le thrône, fe contentant de l'affifter de fes confeils & de le guider dans un art aussi difficile que celui de regner. Le Sulthan Mahmoud ne manquoit pas d'envie de fe rendre maître de fes Etats, ou au moins d'y être reconnu comme Sulthan, c'est-à-dire d'y faire battre monnoye à fon coin, & de faire prononcer fon nom dans les prieres publiques , ou au moins qu'on lui payât un tribut. Il avoit envoyé des Ambaffadeurs à la Cour de Seïdat pour exiger une de ces chofes. La Princeffe fit cette réponse à Mahmoud. » Pendant la vie du feu Roi mon époux, j'ai toujours appréhendé votre puiffance,

Après J. C

» je craignois que votre courage ne vous portât à attaquer un Prince qui en avoit beaucoup. Il eft mort, je fuis veuve, Mahmoud. chargée de la tutelle d'un enfant & de la d'un regence

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»Etat, ma crainte ceffe, parce que je vous connois trop généreux pour vouloir mesurer vos armes avec les mien»nes, & trop éclairé pour ne pas confidérer que l'iffu d'une guerre eft toujours fort incertain, quoique fon entreprise dépende de notre volonté. Dans le cas où vous remporte»riez fur moi l'avantage que vous vous promettez, feroit>> ce une gloire pour vous d'avoir vaincu une veuve & un pupille? Si vous êtes vaincu, que dira-t-on de ce Prince, qui après avoir foumis tant de vastes pays eft obligé de fuir devant une femme ?

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20

Cette lettre produifit l'effet que la Princeffe s'étoit pro- L'an 1019. mis, Mahmoud réfolut de differer l'exécution de fes pro- Aboulfedha jets, &.d'attendre la mort de Seïdat qui étoit avancée en âge. Elle ne tarda pas à arriver (a), & tout favorifa les prétentions de Mahmoud, les débauches continuelles du jeune Prince, la foiblesse de son esprit, les menées des Emirs qui afpiroient au gouvernement, porterent la divifion dans l'Etat. Trois principaux Emirs étoient chacun à la tête d'une faction. Madgd-eddoulet incapable de prendre une réfolution hardie, s'adreffa à Mahmoud, & lui porta fes plaintes. D'un autre côté la milice fe plaignit auffi à Mahmoud de la conduite de Madgd-eddoulet. Le Sulthan des Indes faifit cette occafion pour fe rendre maître de fes Etats. Mahmoud se mit à la tête de fes armées, entra dans l'Eraque Perfique par le Mazanderan, & fe préfenta devant Rei, capitale de l'Empire de ces Bouïdes. Il avoit ordonné qu'on prit Madgd-eddoulet; mais ce Prince le prévint, & eut la fimplicité de venir fe mettre entre fes mains. On rapporte que Mahmoud lui demanda s'il avoit lû quelque part que deux Rois pouvoient fe trouver dans un même endroit avec une égale puiffance, & fur ce que Madgdeddoulet lui répondit que non, qui vous a donc obligé, dit Mahmoud, de venir fans néceЛlité vous jetter entre mes

(4) L'an 420 de l'Hegire. Tome II.

Y

Mahmoud.

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mes mains, & me rendre par-là maître de votre perfonne & Après J. C. des vos Etats? Madgd-eddoulet fut conduit prifonnier à Ghazna, où il finit les jours, & Mahmoud s'empara des villes de Rei, d'Ifpahan, de Cafvin, & de tous les Etats qui appartenoient à cette branche des Bouïdes. Les peuples attachés à cette famille ne fe foumirent qu'avec peine à une nouvelle domination, & il fallut que Mahmoud ufa de la deniere févérité pour les réduire. Il fit périr tout à la fois quatre mille hommes qui s'étoient révoltés à Ifpahan, il punit de même les habitans de Cafvin. Il donna le gouvernement de cette province à son fils Mafoud, & s'en retourna enfuite à Ghazna..

Dherbelot.

On rapporte qu'après la conquête de l'Eraque Perfique,la caravane qui partoit de ce pays pour fe rendre dans les Indes, fut volée & pillée par une troupe de voleurs qui couroit dans le défert appellé Nedubendan. Une veuve qui avoit perdu fon fils dans cette action, vint à la Cour de Mahmoud pour lui demander juftice. Le Sulthan se contenta de lui dire que l'Eraque étoit fi éloignée de fa capitale, qu'il étoit fort difficile de remédier à tous les défordres qui pouvoient y arriver. Eh, pourquoi, repartit hardiment la veuve, foumettez-vous plus de pays pays

vez gouverner, & comment au jour du Vous n'en pou

Jugement répon drez-vous, lorfque Dieu vous en demandera compte? Le Sulthan frappé de cette réponse, combla la veuve de riches préfens, & fit en même-tems publier dans toute l'Eraque qu'il feroit dorénavant garant de la vie & des biens des Marchands qui alloient par caravanne aux Indes, il les fit escorter par cent foldats; mais comme ce nombre pas fuffifant pour arrêter les courfes des voleurs, à la premiere caravanne, il fit mêler de l'arfenic avec des fruit & en paffant dans le défert les foldats abandonnerent ces fruits qui furent auffitôt pillés,& firent périr la plus grande partie de ces bandits, le reste ayant été paffé au fil de Aboulfa- l'épée. 249 520

Aboulfedha

radge.

L'an 1030.

n'étoit

Après la conquête de l'Eraque, Mahmoud de retour à Ghazna fut atteint d'une fiévre lente, dont il mourut (a) (a) Il mourut dans le mois Dgioumadi el aoual ou felon d'autres dans le mois Rabielakher de l'an 421 de l'Hegire.

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