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d'efpérer de la tranquillité, leur occafionna des guerres. longues & couteufes. Des armées innombrables, venues. de Tartarie, entrerent dans la Chine & ruinerent ses Provinces feptentrionales. Dans la fuite les Chinois s'aguérirent & commencerent à fortir de leurs frontiéres ; ils firent la conquête de tous ces vaftes pays qui font fitués entre le Maouarennahar & la Chine; ils s'avancerent même jufqu'à la mer Cafpienne. Un ufurpateur interrompit la fuite des Princes de la Dynaftie des Han, & fut auteur de grands troubles qui ne prirent fin que par le rétablissement des Han. Cette feconde branche fut longtems occupée à détruire l'Empire des Huns, & elle n'y parvint que vers l'an 95 de J. C. mais elle approchoit elle-même de fa fin. Elle fut détruite l'an 219 de J. C. Une troifiéme branche de cette famille conferva encore la dignité impériale pendant environ quarante-cinq ans quoiqu'elle ne poffedât pas toute la Chine. Deux autres, celles de Ou & de Goei la partageoient avec elle; ainfi la Chine, qui jufqu'alors n'avoit toujours formé qu'un feul Empire, fouvent démembré par de petites familles dont les Princes ne portoient que le titre de Roi, fut gouvernée en même-tems par trois Empereurs. Enfuite la famille de Tcin réunit fous fa puiffance ce vafte Empire; mais à peine fe trouva-t'elle maîtreffe abfolue, par l'entiére deftruction des trois familles, qu'il s'éléva une quantité prodigieufe de petites Dynafties, les unes originaires de la Chine, les autres venues du Turkeftan. Tant de petites Principautés devinrent une fource intariffable de guerres; elles étoient continuellement aux prifes les unes avec les autres. Les Tartares Orientaux augmenterent les troubles. Ainfi fe paffa tout le tems que regna la Dynaftie des Tcin; il fut fuivi par des tems encore plus facheux. La deftruction des Tcin produifit deux Empires dans la Chine; l'un dans le nord 'avoit été fondé par les Tartares Orientaux qui portoient le nom de To-pa ou de Goei; l'autre dans le midi; cinq familles Chinoifes le poffederent fucceffivement en peu de tems. Jamais la Chine ne s'étoit encore trouyée dans des tems fi malheureux. Des

familles qui fe difputent le thrône impérial entraînent avec elles des maux bien plus grands que de petites Prin- Après J. C. cipautés bornées dans une Province. Il y en avoit cependant encore indépendamment des deux grands Empires.

La célébre Dýnaftie des Tam mit fin à tous ces troubles & parut promettre à la Chine plus de tranquilité. En effet après plufieurs guerres qu'elle fut obligée de foutenir pour détruire ce qui reftoit des familles précédentes, elle fe trouva maîtreffe abfolue de toute la Chine. Aucune principauté ne la partagea avec elle; mais les Turcs & tous les Barbares du nord ne cefferent de faire la guerre aux Empereurs des Tam. Quelques rebelles qui penferent caufer la ruine de cette Dynaftie, l'ébranlerent jufques dans fes fondemens; enfin cette famille fut détruite comme toutes celles qui l'avoient précédée, & la Chine fe trouva plongée dans de nouveaux malheurs. Pendant que la petite Dynaftie des Heou-leam ne faifoit que de fe montrer fur le thrône Impérial, il s'élévoit dans le Turkeftan une famille qui s'approchoit insensiblement de la Chine pour s'en emparer entiérement dans la fuite, fous le nom de Tcin & enfuite fous celui de Heoutam ; c'est-à-dire les feconds Tam.

tum-kao.

Parmi les differentes Hordes des Turcs il y en avoit Ven-hienune qui portoit le nom de Tchou - yue; elle demeuroit Kamme dans les environs du lac de Lop, proche lequel il y avoit Lie taiki un grand défert que les Turcs appelloient Cha - to, & fu. c'eft de-là que la Horde de Tchou - yue a été appellée Cha-to. Les Hiftoriens Arabes qui ont parlé de cette espéce de Turcs lui ont donné le nom de Bagargar, & ils nous apprennent que ces peuples adoroient en partie le feu, & Scherif ele que la ville de Tantabée étoit leur Capitale. La Horde drip. des Cha-to étoit soumise aux Grands Khans des Turcs occidentaux; elle les fuivit dans toutes leurs expéditions & éprouva la même fortune. Après la mort du Grand L'an 657 Khan Ho-lou, les Cha-to avoient un chef nommé Kinchan, qui, pour les fervices qu'il rendit à l'Empereur de la Chine fut fait Kum de Tcham-ye. Il envoya des tri

L'an 7123

Après J. C.

L'an 786.

buts aux Chinois. Après fa mort, fon fils Fou - koue lui fuccéda dans le gouvernement de la Horde. Celui-ci eut pour fucceffeur fon fils Ko-tou, & le fils de ce dernier nommé Tfin-tchong devint après lui chef de la Nation. La L'an 713. trop grande puiffance des Tibetans ou Toufans l'obligea d'abandonner fa demeure & de fe retirer avec fes fujets dans le voisinage de la fortereffe de Pe-ting au nord d'Igour. Enfuite lorfque cette place eut été prife par ces peuples, Thin-tchong, dont le nom de famille étoit Tchouye, fe foumit aux Tibetans. Ces peuples le placerent avec fes fujets à Kan-tcheou à l'extrêmité du Chenfi, & toutes les fois qu'ils faifoient des courses dans la Chine, les Châto étoient à l'avant-garde de leur armée. Dans la fuite les Hoei-ke enleverent aux Toufans Leam-tcheou: alors ceux-ci craignant que les Cha-to ne fe déclaraffent en faveur des Hoei-ke voulurent les tranfporter plus loin du côté de l'occident; mais Tçin-tchong & fon fils Tchi-y fe retirerent au contraire vers l'orient avec trente mille familles Turques, dans le deffein de fe foumettre à l'Empereur des Tam; les Toufans les poursuivirent & ils en vinrent plufieurs fois aux mains. Les Turcs s'approcherent de l'endroit où eft aujourd'hui Caracorom.

L'an 808.

L'an 836

L'an 969.

Après la mort de Tçin-tchong, fon fils Tchi-y qui avoit perdu une grande partie de fes fujets, s'avança avec dix mille hommes vers Lim-tcheou, où il fe foumit aux Chinois. Le gouverneur du pays le plaça à Yen-tcheou, & l'Empereur Hien-tçong lui donna quelques titres. Dans la fuite un frere de Tchi-y nommé Ko-le-o po fe rendit auffi à la Chine avec plufieurs bandes de Turcs, & obtint auffi des titres de l'Empereur. On confia à Tchi-y la garde des frontieres feptentrionales pour maintenir les peuples du nord, & furtout les Hoei-ke, qui, en apportant leurs tributs, ne laiffoient pas de commettre de grands défordres vers Kouei - hoa-tching ou Kou-kou - hotun. Après la mort de Tchi-y, fon fils Che-fin lui fuccéda.

Ce chef des Cha-to rendit de grands fervices aux ChiLie tai-ki- nois. Sous le regne de Y-tçung Empereur de la Dynaftie des Tam, un rebelle nommé Pang-hiun ravageoit les Pro

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Après J. C.
Li-koue-

L'an 870.

L'an 878.

vinces de la Chine. Tche-fin avec fes Turcs fe joignit aux Généraux Chinois & les aida à appaifer les troubles. Ces fervices lui valurent de nouvelles dignités & furtout ichar le nom de famille Li, qui étoit celui de la Dynastie des Empereurs des Tam; l'Empereur y ajouta le nom de Koue-tchang. Depuis ce tems Che-fin n'eft plus appellé par les Hiftoriens Chinois que Li-koue-tchang. On le plaça enfuite avec ses sujets à Kuei-hoa-tching ou Kou-kouho-tun dont il eut le gouvernement; il abusa bientôt de L'an 871, la confiance que les Chinois avoient en lui, & tua quelques-uns de leurs Officiers; mais ce premier mouvement de Li-koue-tchang ne fut rien en comparaifon de ce que fon fils Li-ke-yong fit dans la fuite. Il y avoit alors dans la Chine un fameux rebelle nommé Hoang - tchao (a). Ces troubles & la difette porterent deux Officiers qui commandoient quelques troupes des Cha-to à former le projet d'engager Li-ke-yong à fe mettre à leur tête. Un d'eux le vint trouver, lui fit connoître ce que la plûpart des troupes penfoient en fa faveur, s'affura de ceux de la Nation dont on pouvoit se défier; Li-ke-yong rassembla dix mille hommes,& alla joindre fon parti. La revolte n'étoit pas encore entiére,Li-ke-yong ne fouhaitoit que d'obtenir quelques nouveaux grades, & furtout d'être confirmé dans le pofte dont il venoit de s'emparer; il l'envoya demander à l'Empereur qui le refufa, quoique la fituation de l'Empire eût dû engager ce Prince à fermer les yeux fur ce qui venoit de fe paffer. Li-koue-tchang demanda la même grace pour fon fils à l'Empereur & promit que jamais la tendreffe paternelle ne lui feroit rien entreprendre contre l'Empire, fi Li-ke-yong s'écartoit de fon devoir, & qu'il feroit le premier

(a) Mafoudi qui parle de ce rebelle le nomme Baichou. Voyez les anciennes Relations des Indes & de la Chine par l'Abbé Renaudot. Cet Hiftorien Arabe rapporte que le rebelle marcha d'abord vers Canfou (c'eft aujourd'hui Kouam-tcheou ou Canton) où tous les Marchands Arabes abordoient; s'étant rendu maître de cette ville il fit paffer au fil de l'épée tous les habitans; il perit dans ce maffacre fix vinge mille Mahométans, Juifs, Chrétiens & Parfis ou Ghebres qui demeuroient dans la Ville pour leur négoce. Le rebelle s'ampara enfuite de Cumdam ou Si-gan-fou, alors l'Empereur demanda du fecours au Roi de Tagazgaz dans le Turkeftan. Les Tagazgaz que l'on appelle auffi Bagargar font les Turcs Cha-to qui fecoururent les Chinois.

J. C.

Li-koue

à marcher contre lui; mais l'Empereur en perfiftant à ne pas Après C accorder le pardon à Li-ke - yong, voulut donner à Likoue-tchang le gouvernement de Ta-tong-fou; celui-ci le refufa, alla se joindre à fon fils, & ils remporterent enfemble une victoire fur les Généraux Chinois.

tchang.

L'an 880.

L'an 883.

Dans la fuite Li-koue-tchang entra par le détroit de Yen-muen - kouan (a) & vint ravager le pays de Hintcheou (b) & de Tai-tcheou (c); il affiegea la ville de Tcinyam (d). Les troupes chinoifes vinrent à fa rencontre & Kao-ven-tçi qui commandoit dans Tço-tcheou pour Like-yong leur remit cette place. Ce contre-tems obligea Li-ke-yong de venir faire le fiège de cette place; mais il fut battu par les Chinois qui allerent auffi-tôt affiéger Goeitcheou (e). Li-koue-tchang éprouva le même fort que fon fils; toutes les troupes furent difperfées, & il fe fauva avec fon fils dans le nord, chez les Ta-ta ou Ta-tche, Hordes des Mo-ko qui demeuroient alors dans la montagne Inchan. Les Chinois firent demander à ces Tartares les deux chefs des Turcs: alors Li-ke-yong, dans la crainte que les Ta-ta ne le livraffent, fe retira avec les plus braves de fes amis dans les forêts où il fe forma un parti; mais quelque tems après, dans un feftin qu'il leur donna, il avoua fon crime envers l'Empereur, & parut fouhaiter de rentrer en grace. Il offrit de prendre le rebelle Hoamtchao qui s'étoit retiré dans le nord; c'étoit par-là qu'il vouloit mériter fon pardon; mais les Ta-ta ne paroiffant pas être difpofés à armer en fa faveur, il s'adreffa à quelques Officiers Chinois qui firent connoître fes fentimens à l'Empereur : fes fervices furent acceptés, & il vint joindre avec fes troupes celles des Chinois qui marchoient contre le rebelle Hoang-tchao. Il avoit quarante mille hommes qui étoient tous habillés de noir. Il rendit de grands fervices à l'Empereur, battit les troupes du rebelle en plu

(4) Proche Tai-tcheou dans le Chanfi.

(b) Aujourd'hui Sicou-yong-hien dépendante de Ta-yuen-fou dans le Chanfi.
(c) Aujourd'hui Tai-tcheou-fou dans le Chanfi.

(4) Aujourd'hui Ta yuen-hien dépendante de Ta-yuen-fou dans le Chanfi.
4) Aujourd'hui Ta tong-fou dans le Chang.

fieurs

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