Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Après J. C.

hiu.

Tein ne viendroient point fecourir, Lou-tcheou & il s'en retourna; mais le Roi des Tcin, qui fentoit combien il cunétoit important de conferver cette place, & qui étoit en même-temps inftruit de la négligence de l'Empereur à maintenir l'ordre & la difcipline dans fon armée, choisit ce qu'il avoit de meilleurs foldats & alla furprendre, dans un tems de brouillards & à la pointe du jour, les troupes des Leam qui étoient encore enfevelies dans le fommeil. Elles furent mises auffi-tôt en déroute & obligées de fuir, laissant tous les bagages & les machines du fiége. Tcheoute-goei alla se préfenter au pied des murailles de Loutcheou, annonça que Li-ke-yong étoit mort & que fon fucceffeur venoit de battre en perfonne les ennemis. Il demanda que l'on ouvrit la porte de la ville. Li-ffu-tchao qui n'étoit point inftruit de tous ces événemens & qui appréhendoit que Tchou-te-goei ne fe fût revolté & joint aux ennemis des Tein, refufa d'abord d'obéir, il crut que c'étoit un piége que les ennemis des Tcin lui tendoient,& il n'ouvrit fes portes que quand il vit le Roi lui-même en habit blanc; c'eft-à-dire en deuil. La levée de ce fidge jetta la confternation dans l'Empire des Leam.

[ocr errors]
[ocr errors]

Tcheou-te - goei alla auffi - tôt après cette expédition faire le fiége de Tce-tcheou; mais un Général de l'Empereur raffembla promptement des troupes, quoiqu'il n'eût pas d'ordre, & marcha au fecours de cette place. II y arriva dans le tems que la ville alloit fe rendre; fa préfence ranima le courage des habitans il livra plufieurs combats aux Tein & les obligea de fe retirer. Pendant ce tems-là le Roi des Tcin s'en retourna à Tein-yam où il fit repofer fes troupes, & leur diftribua des récompenfes; il fit punir tous ceux de fes fujets qui s'étoient mal comportés & qui avoient envahi le bien d'autrui ; il fit soulager les pauvres, arrêta les voleurs & les libertins, fit des reglemens utiles pour la milice & ne voulut point que les foldats montaffent à cheval qu'ils ne fuffent en campagne. Il les divifa par troupes & établit entre elles le rang qu'elles devoient tenir. Après ces fages reglemens, il leva une nouvelle armée qu'il joignit à celles des Rois de Cho &

[ocr errors]

Après J. C.
Li-tfun-

hiu.

L'an 909.
Lie-tai ki-

fu.
Kam-me.

de Ki, & alla attaquer Yum--tcheou (a) qui appartenoit à l'Empereur; mais il fut repouflé. Il envoya auffi des secours à Pe-king qui étoit afliégée.

Dans le même-tems Liou-tchi-tçun général de l'Empereur se révolta & vint demander du fecours au Roi des Tçin; alors Li-tfun-hiu fe mit à la tête d'une armée, pendant qu'il envoya Tcheou - te- goei faire le fiége de Tçin -tcheou: les troupes impériales furent battues. D'un autre côté le Gouverneur de Hia-tcheou nommé Li-chi-tchang, un des ancêtres des Rois de Hia, avoit auffi pris les armes contre l'Empereur, & il avoit été tué; un de fes parens nommé Fou-gin-fou lui avoit fuccédé dans la même ville; ce fut contre lui que les Rois de Tçin & de Ki marcherent. Tcheou-te-goei affiégea Hia-tcheou ou Ning - hia; mais l'Empereur qui craignit que les Tcin ne s'emparaffent enfuite de la Cour occidentale envoya des troupes qui firent lever le fiége.

*

L'Empereur avoit cru devoir s'emparer de Chin-tcheou & de Ki-tcheou, dans la crainte que le Roi de Tchao, à qui ces places appartenoient, ne fe tournât du côté des Tcin. Mais cette précaution ne fervit qu'à faire décider plus promptement ce petit Roi, qui,mécontent d'avoir été chaffé de ces villes, s'adreffa au Roi des Tcin & implora fon fecours. Li-tfun-hiu raffembla fes troupes pour marcher contre l'Empereur; ce n'étoit point l'avis de fes Miniftres qui fe défioient du Roi des Tchao, fous prétexte qu'il avoit été attaché de tout tems à l'Empereur & qu'il étoit fon allié ; mais le Roi des Tcin ne les écouta pas, il envoya le général Tcheou-te-goei qui vint camper à Tchaotcheou. Les troupes impériales s'avançoient en mêmetems. Tcheou-te-goei s'approcha du camp de l'Empereur · pour engager le combat, les Leam n'oferent fortir; il les fit infulter enfuite par quelques troupes légeres qui furent repouffées. Comme ce camp étoit trop bien fortifié, & que l'armée impériale étoit munie de toutes fortes de pro visions, Tcheou-te-goei qui n'osa l'attaquer, refolut d'atten

(4) Dans le Chenfi, dans les environs de Si-gan-fou

pour

Après J. C.

hiu.

dre qu'elle eût confommé fes vivres. Il représenta à Litfun-hiu qui vouloit qu'on les forçât, que les troupes de Li-tfu Tcin-tcheou & de Tim-tcheou étoient affez fortes garder ces villes; mais qu'elles ne pourroient tenir dans une action générale en rafe campagne, que les meilleures troupes qu'il avoit à oppofer aux ennemis ne confiftoient qu'en cavalerie, qui ne pouvoit combattre avec avantage que dans la plaine, & qui ne pouvoit s'étendre dans une attaque de retranchemens.

[ocr errors]

pa

Le Roi rentra dans fa tente, peu fatisfait du confeil que fọn Général venoit de lui donner, & aucun Officier n'ofoit parler. Tcheou-te-goei alla trouver Tchang-tchingnie & lui représenta que le Roi couroit après la victoire & qu'il méprifoit trop fes ennemis; que quoique fes forces ne fuffent pas fuffifantes, il demandoit avec empreffement le combat. Dans l'état où font nos affaires, dit-il, il faut » roître abandonner un grand terrain pour engager l'ennemi à faire un pas. En le tenant ainfi il quittera fon camp & » nous l'attaquerons avec plus d'avantage. Tchang-tchingnie revint dans la tente du Roi, & le détermina à fuivre les avis de Tcheou-te-goei. On n'eut pas plutôt refolu d'aller camper à Kao-ye, qu'on apprit par des transfuges que les Leam fe difpofoient à fe retirer, comme Tchang-tchingnie l'avoit prévû. Il n'y avoit point alors de fourages dans les environs, ils avoient été enlevés par les Leam qui en avoient fait de grandes provifions, mais les Tein qui en manquoient, avoient trouvé le moyen de les leur enlever; & les foldats des Leam, qui n'ofoient plus fortir de leur L'an,11. camp, furent obligés de prendre les pailles qui couvroient les maifons pour en nourrir leurs chevaux. Cette difette de fourage détruifit une partie de la cavalerie. Alors Tchou-te - goei avec trois mille hommes fe présenta à la porte des retranchemens du camp impérial, & fit une fauffe attaque les Leam fortirent & fe rangerent en bataille: dans le tems qu'ils fe difpofoient à paffer un pont on les arrêta & on commença le combat. La vi&toire balança long-tems entre les deux partis, Tcheou te-goei par fa prudence fçut retenir l'impétuofité du Roi & fit décider la victoire en fa faveur, Lorsque les Leam

Li-tfun

hiu.

Après J. C. Prirent la fuite, toutes les troupes des Tein tomberent deffus, les foldats fe fauverent en abandonnant toutes leurs armes, leurs provifions & en jettant des grands cris; vingt mille refterent fur le champ de bataille. Après cette victoire l'armée des Tein alla camper à Tchao-tcheou, & les Généraux des Leam évacuerent les places dont ils s'étoient emparées. Le Roi des Tcin envoya le Général Tcheou-tegoei faire le fiége de Tan-tcheou (a) & de Goei-tcheou (b), & Tchang - tching- nie alla attaquer celle de Hingtcheou (c): Li-tfun-hiu les fuivit avec une grande armée & vint affiéger en perfonne Goei-tcheou dont il ne put fe rendre maître , parce que les Leam avoient trouvé le moyen d'y jetter des troupes pendant la nuit. Il vint camfur le bord du Hoam à Li-yam, dans le tems que les Leam alloient paffer ce grand fleuve; lorfqu'ils le virent approcher, ils abandonnerent leurs vaiffeaux & fe retirerent. Tcheou-te-goei détruifit les villes de Hia-tfin d), de Kao-tam (e), de Tum - vou (f), de Tcha-tching (h): le gouverneur de Tan-tcheou abandonna fa place & Prilles de Lin-ho), la fuite. On attaqua enfuite Li-yam (g), on détruifit les villes de Lin-ho (i), de Ki-muen (a), on affiégea Goeitcheou, on pilla Sin-hiang (b) & Kum-tching (c). L'armée impériale étoit alors campée dans un endroit appellé Pe-ffu-ma-po (d): la préfence de cette armée & l'arrivée de nouvelles troupes obligerent le Roi des Tcin à lever le fiége de Goei-tcheou; il s'en retourna à Tcin-yam, laiffant Tcheou-te-goei dans Tchao-tcheou.

per

[blocks in formation]

Il y avoit alors un petit roi d'Yen nommé Lieou-cheou- Après J. C. kuam, qui prétendoit à l'Empire; il s'étoit déjà revêtu des Li-tfunhabits Impériaux. Les guerres civiles qui défolcient l'Em- hiu. pire de la Chine, & la puiffance qu'il s'arrogeoit lui faifoient croire qu'il étoit en état de prendre le titre d Empereur. Quoique fes Miniftres le détournaffent autant qu'ils le pouvoient de ce deffein, il ne laiffa pas de s'adreffer à quelques Princes voisins, auxquels il demanda qu'il lui fut permis de porter le titre de Cham-fou, c'eft un titre inconnu en Europe, & que l'on peut rendre par pere de tous les grands officiers de l'Empire. Le Roi des Tçin, indigné de la hardieffe de Lieou-cheou-kuam qui demeuroit dans le Percheli, vouloit marcher contre lui. Mais fes cfficiers le retinrent, en lui repréfentant que ce petit Roi ne cherchoit que fa perte en demandant ce titre, & qu'il falloit le lui accorder. Li-tfun-hiu fuivit leur confeil. Cependant les troupes Impériales étoient venues camper à Hing-tcheou. Les Rois de Tçin & de Tchao qui étoient alliés, n'étoient point affez puiffants pour réfifter à des armées fi nombreuses. En conféquence ces deux Princes s'unirent encore plus étroitement, efpérant que le Ciel détruiroit un jour la fa mille des Leam.

C'est dans ces circonftances que le petit roi d'Yen ofa prendre le titre d'empereur. Le Roi des Tçin le méprifoit trop alors pour en être inquiét, & il fe flattoit d'aller lui enlever dans peu les ornemens Impériaux. Son Miniftre Tchang-tching-nie, pour achever de perdre le Roi d'Yen en le portant de plus en plus à tout entreprendre, conseilla à Li-tfun-hiu de lui envoyer des Ambafladeurs pour le féliciter fur ce nouveau titre.

Pendant ce tems-là l'Empereur des Leam avoit été informé que les Tçin & le Roi de Tchao fe préparoient à venir faire une incurfion dans le midi. Réfolu de commander lui-même fon armée, il se rendit à Siam-tcheou (a), où il apprit que les Tçin ne s'étoient pas mis en campagne. Il en décampa & retourna à Lo-yam fa capitale. Le

(a) Aujourd'hui Tchang-te fou dans le Honan.

« AnteriorContinuar »