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Après J. C. Tchoamtrong. L'any 26.

gardoit comme le vainqueur du Royaume de Cho, raf fembla tous les Officiers de la Province, leur représenta la conduite odieufe de l'Empereur, qui après avoir foumis l'Empire & détruit le Royaume de Cho, attiroit à fa Cour les Généraux qui lui avoient rendu de fi grands fervices pour les faire mourir. Tout le monde prit les armes on le déclara Commandant de la Province, & il fe trouva à la tête de cinquante mille hommes. La ville de Potou tenoit encore, & les troupes qu'on avoit envoyées pour en faire le fiége, n'avoient pû s'emparer de cette place. Quelques autres partifans de Kuo-tçong-tao voulurent auffi prendre les armes, mais on ne leur donna pas le tems de fe former un parti; ils furent arrêtés & mis à mort. Le Général Li-chao-yong revint une feconde fois devant Po-tou; les rebelles perfuadés qu'ils n'avoient point de pardon à efperer fe défendoient avec beaucoup d'opiniâtreté. L'Empereur ordonna à Ki-kie de venir promptement à la Cour, mais ce Général avoit pris les armes avec Li-chao-chin: on fut informé dans le même - tems que les villes Hing-tcheou, de Tçang-tcheou & plusieurs autres s'étoient revoltées. On ne recevoit que de ces nouvelles à la Cour ; l'Empereur fe propofoit de marcher en perfonne contre la ville de Po-tou, fes Miniftres ne voulurent point qu'il quittât fa Capitale, & lui confeillerent de faire venir Li-ffu-yuen. Ce Général fe rendit auffi-tôt fous les murailles de Po-tou, & la ville fut prife. Les rebelles n'avoient pris les armes qu'à caufe des mauvais traitemens qu'on leur faifoit fouffrir, & uniquement pour éviter la mort dont ils étoient ménacés. On envoya en même-tems dans le Sse-tchuen d'autres troupes qui étoient commandées par Gin-hoan. Ce Général battit Li-chao-chin proche Han-tcheou (a); comme cette ville étoit fans murailles, le rebelle s'y fortifia avec des paliffades; mais l'armée impériale y mit le feu, & Li-chao-chin fut pris en voulant fe fauver.

Les dépenfes que l'Empereur faifoit de fon côté em(2) Dépend de Tching-tou-fou.

Tchoam

pêchoient qu'on ne put fournir à celles que l'entretien des armées exigeoit : les Miniftres ne pouvoient plus fubvenir Après J.C. aux befoins de l'Etat, les Généraux confeillèrent de vui- tạong. der les thréfors qui étoient dans le palais; l'Empereur y L'an916. confentit, mais l'Impératrice s'y oppofa. En même tems Les deux Généraux Li-ffu-yuen & Li-chao-yong qui avoient pris la ville de Lo-tou se brouillerent, le dernier accufa Li-ffu-yuen de s'être entendu avec les rebelles. L'Empereur n'écouta pas ce difcours & engagea Li-ffu-yuen à venir à la Cour, il le combla de faveurs & le regarda comme fon fils. Depuis ce tems, ces deux Généraux furent toujours oppofés; mais comme l'Empereur étoit un Prince fur qui on ne pouvoit fe fier, Li-ffu-yuen ne laiffa pas de craindre. Che-kim-tam confeilla à ce Général de fonger à fa défense, & pour le faire avec plus de fureté il lui offrit d'aller prendre Ta-leam avec trois cens cavaliers. Li- ffu-yuen raffembla en peu de tems un grand nombre d'Officiers qui s'étoient déclarés en fa faveur; il fe mit à leur tête. L'Empereur fe difpofoit à fe mettre en campagne pour arrêter la revolte; fes Muficiens & les autres farceurs lui confeillerent de faire mourir auparavant le roi de Cho, dans la crainte que les amis de ce Prince ne vouluffent profiter des troubles dont l'Empire étoit ménacé. Il fortit enfuite de Lo-yam & alla camper fur le bord de la riviere de Ki-choui. Li-ssu-yuen étoit alors à Liyam d'où il fe rendit à Ta-leam qu'il prit. Auffi-tôt que l'on eut appris le fort de cette ville, la plupart des troupes impériales fe débanderent: de vingt-cinq mille hommes qui avoient fuivi l'Empereur, il n'en reftoit plus que dix mille. Ce Prince rencontra plufieurs de fes foldats qui défertoient, il voulut les engager à venir avec lui à Lo-yam, il leur fit de grandes promeffes; mais ils les rejetterent, en lui répondant qu'il donnoit ce qu'il ne pouvoit plus garder. Li-ffu yen recut tous ces foldats &

marcha en avant.

Pendant que l'Empereur étoit en route, il s'éleva une grande fédition dans fon camp, un de fes Muficiens nommé Kuo-tçong-kien, qu'il avoit revêtu d'une des premié

Après J. C.

çong.

res charges de l'Empire vint attaquer avec les foldats Tchoam- qu'il commandoit, la porte de la ville où étoit l'Empereur. Ce Prince étoit alors à table, lorfqu'il entenditce tuLan 926. multe il appella un de fes Généraux ; les rebelles avoient déja mis le feu à la porte & avoient pénétré dans la ville; tous les Officiers prirent la fuite, douze feulement se ralliérent pour arrêter le défordre & défendre l'Empereur; mais une fléche lancée au hazard atteignit ce Prince & le tua. On prit enfuite fon corps & on le brûla avec tous les inftrumens de mufique que l'on trouva auprès de lui; on mit le feu au palais & tout fut pillé. Tel fut le fort de ce Prince,qui avant que de poffeder l'Empire étoit toujours à la tête de fes armées; c'eft lui qui attachoit à fon col une petite fonnete pour fe garantir d'un trop long fommeil; dans la fuite il s'abandonna à la moleffe & ne vivoit plus qu'au milieu d'une troupe de farceurs.

Li-ffu-yuen ayant appris cette nouvelle accourut à Loyam, fit raffembler les os de l'Empereur & les mit dans un cercueil. Quelques Officiers attachés à Tchoam-tçong revolterent dans Tai- yuen, les autres qui étoient reftés dans Lo-yam prierent Li-ffu -yuen de prendre foin du gouvernement. Li-ffu-yuen étoit fils adoptif de Li-keyong, pere du dernier Empereur. Il entra dans le palais impérial où il reçut les fermens de fidélité. Un Officier choifit dans le palais cent des plus jeunes & des plus belles femmes; mais Li-ffu-yuen qui étoit avancé en âge ne voulut pas les recevoir & les renvoya toutes hors du palais. Il ordonna enfuite que l'on raffemblât les fils du feu Empereur qui s'étoient cachés parmi le peuple; un de fes Officiers les fit tuer; le Prince défaprouva cette action; mais il fit mourir l'Impératrice Lieou-yeou; elle s'étoit fauvée à Tcin-yam. On condamna au.fi plufieurs autres Oficiers dont on étoit mécontent, à perdre la tête. Alors Li-ffu-yuen prit le titre d'Empereur, il eft conMim tçong nu dans l'hiftoire fous le titre de Mim-tçong. Il propofa de changer le nom de Tam que cette Dynaftie portoit; mais quelques Miniftres l'en détournerent: alors il accorda un amnistie général. Il voulut auffi que les Officiers

J. C.

Mim-tçong

vinffent tour à tour au palais, & qu'ils donnaffent audiance au peuple. Comme ce Prince ne fçavoit pas lire Apres con & que fon Miniftre ne pouvoit pas dreffer lui-même les L'an 926 réponses à tous les placets qu'on lui préfentoit, il nomma des Officiers qu'il chargea de cette commiffion, il rétablit la mémoire de plufieurs Généraux qui avoient eté mis à mort fous le regne précédent.

Il y eut dans le même tems quelques troubles à Pientcheou; mais on ne leur laiffa pas le tems de devenir plus considérables, & on les appaifa fur le champ. Les Kitans d'un autre côté s'étendoient alors beaucoup vers l'orient. Leur Roi Apao ki venoit de s'emparer de la ville de Fouyu - tching au nord de la Corée. L'Empereur lui envoya un ambassadeur nommé Kuen pour lui annoncer le changement qui venoit d'arriver dans l'Empire. Le Roi des Kitans parut regretter l'ancien Empereur, & maltraita l'ambassadeur; il vouloit qu'on lui remît plufieurs places dans le nord, fur le refus qu'on en fit, il mit aux fers Kuen; mais ce Prince mourut prefque auffi-tôt, & fon fils Te - kuam lui fuccéda. Il y avoit alors un Officier de l'Empereur nommé Mem-tchi-fiang qui avoit quelque deffein de s'emparer du pays de Cho; un autre qui voulut fe revolter fut puni fur le champ. Ce Prince commença à faire diftribuer à fes Officiers des habits d'hyver & de printems. Il fçut engager Liu-ven-tcin qui s'étoit retiré autrefois chez les Kitans à revenir à la Chine, cet Officier commandoit dans Pim-tcheou pour ces Tartares & il avoit fous fest ordres plus de cent mille Chinois qu'il ramena dans leur patrie.

L'Empereur au commencement de la nouvelle année L'an 927donna quelques charges à différens Officiers;événemens peu importans & fur lefquels nous ne nous arrêterons pas, fi ce n'eft que pour faire remarquer que Che-kim-tam, gendre de P'Empereur, & qui fonda dans la fuite la Dynaftie des Heou-tfin, fut un de ceux qui eut part à ces diftributions; il obtint une charge confidérable dans les troupes. troupes. D'autres furent punis avec toute leur famille. En même-tems.

Mim-tcong

Kao-ki-tchang roi de Hing-nan s'empara de Kuei-tcheou. Après J.C. On fut obligé d'envoyer des troupes contre lui. Celles L'an 927. qui étoient dans la ville de Po-tou fe revolterent; mais elles furent foumifes & on en fit périr un grand nombre. L'Empereur fit enfuite porter la guerre dans le pays deHingnan dans le midi. Cette expédition ne réuffit pas. Ses troupes furent plus heureufes quelque tems après. Kuei-tcheou, Tchong-tcheou (a) & Van-tcheou (b) furent reprises, enfuite les Kitans firent la paix avec l'Empereur ; & les peuples de Sin - lo vers la Corée; de Yam - ko, de Tanghang à l'occident du Chenfi, les Hoei-ke & les Tou-fan ou peuples du Tibet lui envoyerent des ambaffadeurs. Ce Prince voulant alors fe rendre à Pien-tcheou, ce voyage fit naître quelques foupçons dans l'efprit de Tchu-cheou-in qui en étoit gouverneur : une partie de fes Officiers l'exhorterent à prendre les armes & il le fit. L'Empereur se propofoit de lui envoyer Fan-yen-kuam pour l'engager à rentrer dans le devoir; mais Fan-yen-kuam ayant repréfenté qu'il étoit plus à propcs de faire partir des troupes, parceque la ville de Pien-tcheou étoit trop fortifiée, on le chargea d'y aller avec cinq cens cavaliers. Il fut obligé d'en venir aux mains avec les troupes de Pien-tcheou ou Kai-fong-fou. Enfuite l'Empereur s'aprocha lui - même de cette place. Alors Tchou-cheou-in fe donna la mort, & les habitans,voyant de deffus leurs murailles l'Empereur, ouvrirent leurs portes. Dans le même tems Che-kim-tam fut encore élevé à de plus grandes dignités. Par - là l'Empereur accéleroit la ruine de fa famille.

L'an 918.

Les Kitans vinrent prendre Pim-tcheou. D'un autre côté Yam-po roi d'Ou envoya des ambaffadeurs à l'Empereur: on ne voulut pas les recevoir, & cela fut caufe que ce petit Roi interrompit tout commerce avec les Tam, & ne fongea plus qu'à leur faire la guerre. En même tems un Officier de l'Empereur nommé Vam-tou se revolta, & appella à son secours un chef des Tartares Ki

(a) Dépend de Tchong-king-fou dans la Province de Ssetchuen.

(b) Aujourd'hui Van-hien qui dépend de Kouci-tchcou-fou dans le Ssetchuen.

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