Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Après J. C.
Min-ti.

Tçong-ko.

chant plus quel parti prendre, vouloit fe fauver à Goeitcheou ou Tâ-mim-fou(a).Lorsqu'il fut arrivé à Ouei-tcheou ou Goei-kiun - fou (b) il rencontra Che- kim - tam qui fit mourir tous ceux qui le fuivoient l'Empereur fe fauva feul, & Che-kim-tam marcha vers Lo-yam. Un des principaux Officiers de l'Empire nommé Mem-han-kiong alla fe rendre à Tçong-ko qui le fit auffi-tôt mourir. Pendant ces troubles quelques fortereffes voifines de la Province de Sse-tchuen fe rendirent au Roi de Cho.

Cependant Tçong-ko s'approchoit de plus en plus de Lo-yam, où tous les Officiers fe préparoient à aller le recevoir; il entra dans cette capitale,l'Impératrice mere dépoLa l'Empereur & déclara Tçong-ko, que l'on l'appelle aussi quelquefois Lou-vam; c'eft-à-dire le Roi de Lou, Regent du Royaume: le lendemain elle le déclara Empereur. On donna à l'ancien Empereur le titre de Roi de Go;on envoya quelques troupes pour le pourfuivre; il fut arrêté & mis auffi-tôt à mort. On fit périr en même tems quelques Officiers, dont la conduite étoit fufpecte. On fit de

[ocr errors]

grandes largesses aux Généraux d'armée; on diftribua des charges & Che-kim-tam fut fait gouverneur du Ho - tong. Cet L'an 9;5. Officier avoit de mauvais deffeins. Lorsqu'il fut arrivé dans fon gouvernement, les Kitans y vinrent faire des courses: & dans le même-tems il y eut une grande fechereffe qui occasionna une famine confidérable; Che-kim-tam alla camper à Hin-tcheou (c). L'Empereur envoya à cette armée des habits d'hyver, toutes les troupes firent à plusieurs reprises des vœux pour fa perfonne, en criant Van-foui. Ces marques d'attachement pour ce Prince déplurent à Chekim-tam qui fit punir de mort plufieurs de ceux qui avoient crié le plus haut. Cette action fit connoître à l'Empereur ce qu'il devoit attendre de Che-kim - tam. Pour partager l'autorité de ce gouverneur & affoiblir fon parti, il envoya un fecond Commandant qui campa à Tai-tcheou. Du côté du Sse-tchuen le Roi de Cho vint faire des cour

(4) Dans le Pe-tcheli.

(b) Dans le Ho-nan.

(c) Aujourd'hui Sicou-yong-hien dépendante de Ta-yuen-fou dans le Chanfi.

fes dans les environs de Kin-tcheou & battit en quelques rencontres les troupes impériales.

Après J. C.
Teong-ko

Pendant ce tems-là Che-kim-tam après avoir retiré de L'an936. Lo-yam les richeffes qu'il y avoit, étoit allé à Tcin - yam; on craignoit beaucoup qu'il ne fe réunît aux Kitans, & c'eft pour le retenir que l'Empereur lui fit offrir le gouvernement de Tien-pim; mais cet Officier l'ayant refufé, on leva des troupes deftinées à marcher contre lui, & on fit périr quatre de fes enfans. Il s'éleva en même tems de nouveaux troubles d'un autre côté, Che-kim-tam en profita & eut le tems d'engager dans fon parti les Kitans en fe déclarant leur vaffal, & promettant de leur céder quelques Provinces. Kim-ta Général de l'Empereur alla affiéger Tcin-yam où ce rebelle s'étoit retiré. Mais cette ville ne put être prife. Te-kuam Empereur des Kitans s'avança avec cinquante mille cavaliers & vint à Hou-pekeou aujourd'hui Kou-pe-keou dans le Petcheli, d'où il envoya dire à Che-kim-tam qu'il alloit livrer bataille aux ennentis. Che-kim-tam fit partir un Courier pour le détourner de ce deffein, & l'engager à attendre au lendemain, parce que les troupes Impériales étoient en trop grand nombre; mais les Kitans en étoient déja aux mains. Il leur envoya promptement du fecours. Kim - ta Général de l'Empereur étoit campé avec fon infanterie au pied d'une montagne au nord-est de la ville. Les Kitans le firent attaquer par un corps de trois mille hommes que les autres troupes fuivoient. L'armée impériale fut battue & dix mille hommes. Kim-ta fe retira avec les fuyards à Tein-gan, que les Kitans & Che-kim-tam vinrent auffitôt affiéger. L'armée impériale étoit encore de cinquante mille hommes,l'Empereur fit partir de tous côtés des troupes pour aller fecourir Tein-gan, & fe mit lui-même en campagne; mais il ne marchoit que malgré lui vers le nord. On propofa, pour faire lever le fiège, de donner à un Prince Kitan qui étoit à la Chine, le titre d'Empereur des Kitans & de l'envoyer en Tartarie, dans l'efpérance que Te-kuam, obligé de défendre fa Couronne, abandonneroit Che-kim-tam; mais la crainte où l'on étoit ne permit pas

Après J. C.

Tsong ko.
L'an 936

que l'on prît aucun parti. On fit des levées extraordinainaires dans l'Empire pour aller repouffer les Kitans: le peuple fe trouva accablé; de plus quelques Officiers qui ne cherchoient qu'à profiter de ces malheurs, offroient du fecours à l'Empereur dans le deffein de garder pour eux les places dont ils fe rendroient maîtres, & ce Prince étoit obligé d'accepter leurs offres. Pendant ce temslà le Roi des Kitans, pour achever de ruiner la famille des Tam, donna à Che-kim-tam le titre d'Empereur des Tçin, & obtint de ce nouveau Monarque, pour les services qu'il lui avoit rendus, feize Tcheou ou petites Provinces fituées dans le nord de la Chine. Tchao-te-kiun à qui l'Empereur des Tam venoit de confier en partie la défense de l'Empire; pendant que les Kitans étoient à Kou-pe-keou, voulut fe foumettre à eux dans le deffein de s'emparer avec leur fecours de l'Empire, il leur fit faire des offres confidérables, s'il vouloient le reconnoître en qualité d'Empereur; mais les Kitans le refuferent: un autre Général fit mourir Kim-ta & alla se rendre à ces Tartares, & Tcingan fut foumise au nouvel Empereur des Tcin.

Ce Prince & un Général des Kitans defcendirent enfuite vers le midi & vinrent_affiéger Tuon-pa: Ils livrerent un combat aux Tam, Tchao-te-kiun & Tchao-yencheou, furent les premiers qui prirent la fuite : tous les autres furvinrent & il périt environ dix mille hommes, le refte fut diffipé. La plupart des Officiers abandonnerent l'Empereur des Tam, la ville de Lo-yam fut consternée & craignit l'approche de l'ennemi. Les Kitans & les Tcin s'avançoient toujours vers le midi, & vinrent jufqu'à Loutcheou; ils prirent Tcin-tcheou. L'Empereur des Tam qui étoit à Ho-yam (a) voyant que tout étoit perdu revint à Lo-yam, & les Tcin qui le fuivoient entrerent dans la premiere de ces places. L'Empereur hors d'état de fe défendre contre tant d'ennemis, & abandonné par fes propres fujets, raffembla ce qui reftoit de fa famille, deux Impératrices, une Princeffe & quelques autres Princes,

(a) Aujourd'hui Ho-yam-yen qui dépend de Hoai-kim-fou.

Après J. C.

prit tous les ornemens de l'Empire, & s'enferma dans une tour où il mit le feu. Une des Impératrices avoit propo- Tong-ko. fé de brûler le Palais; mais la jeune Princeffe lui repréfenta qu'il étoit néceffaire de le conferver pour le nouvel Empereur, parce que ce Prince, n'ayant point d'endroit pour loger, forceroit le peuple, qui étoit accablé depuis long-tems par toutes fortes de malheurs, d'en conftruire un nouveau ; il eft difficile de donner de plus grandes marques d'attachement pour le bien public. Plufieurs Officiers préférerent la mort à la fervitude.

Après que l'Empereur des Tein fut entré dans Loyam avec les Kitans, il fit dépouiller l'ancien Empereur de fa dignité, & le reduifit au rang d'un fimple particu lier, quoiqu'il fût mort. D'autres Officiers du parti des Tam fe refugierent dans les Royaumes voifins, & cette Dynaftie qui avoit regné en qualité de Dynaftie Impériale pendant quatorze ans fous quatre Empereurs, fut éteinte. Après fa deftruction la Chine étoit encore partagée en plufieurs Empires qui fubfiftoient depuis la fin de lå Dynastie des Tam. Dans le Kiang-nan & le Kiang-fi il y avoit un Royaume dont les Princes portoient le titre de Rois d'Ou. Ils furent détruits par les Rois de Nan - tam ou des Tam méridionaux qui s'emparerent du même pays." Dans le Tche-kiang étoit le Royaume d'Ou-youe; dans le Sfe-tchuen celui de Heou-cho; dans le Hou-kouang celui de Tçou & de King-nan; dans la Province de Canton, le Royaume de Han; dans le Fokien celui de Min. Tout le nord des Provinces de Peking, de Chanfi & de Chensi étoit exposé aux incurfions des Tartares Kitans. C'est ainfi que ce vafte Empire étoit démembré, & il ne changea point de fituation pendant le regne de la Dynaftie des Tein qui fuccéda à celle des Tam, & qui ne le poffeda que pendant onze ans. Tous ces petits Royaumes étoient gouvernés par des Princes Chinois d'origine, & le titre Impérial étoit porté par des étrangers. Nous venons de le voir entre les mains des Turcs Cha-to, après eux il paffe à des Barbares de l'occident auxquels il est enlevé de nou veau par les Cha-to.

Tome II.

M

Après J. C.

On fera fupris qu'un Empire qui a toujours été agité par des fecouffes fi violentes, & en même-tems continuellement exposé à l'invasion des étrangers, n'ait pas eu le même fort que tous les autres Empires. Ceux des Médes, des Perfes, des Grecs & des Romains ont été détruits, celui de la Chine a toujours fubfifté. A quoi devons-nous en attribuer la caufe? Quelques refléxions fur l'établissement & la forme de ces Etats nous la font connoître. Nous ne pouvons pas nous étendre beaucoup fur les Empires des Medes & des Perfes dont nous n'avons que des idées fort imparfaites. Nous fçavons en général qu'ils ont été formés par un Peuple peu confidérable dans son origine. Plufieurs Nations voifines qui avoient des mœurs & des ufages différens ont été obligées de fe foumettre, & comme elles avoient chacune un génie particulier, fouvent oppofé, & qu'elles étoient jaloufes d'être gouvernées par leurs propres Rois, elles ne reftoient foumifes que par la force, ainfi à la premiére revolution elles feCouoient le joug. L'Empire d'Alexandre ne doit point être regardé du même oil, ce n'eft point proprement un Empire. Un Conquérant qui foumet rapidement un grand nombre de Provinces dont il n'a pas le tems de former un grand corps, eft prévenu par la mort fes Généraux qui font à la tête de fes armées victorieufes s'emparent des Provinces où ils commandent & en compofent autant de Royaumes différens. Toutes les Républiques Grecques, qui n'afpiroient qu'après la liberté & qui avoient toujours été gouvernées par leurs propres loix, faififfent ce moment pour devenir libres, & le vafte Empire d'Alexandre étoit à peine formé qu'il fut détruit. Les Romains dans leur origine étoient renfermés dans une feule ville habitée par quelques par quelques barbares. Les villes voisines étoient policées & foumifes à leurs Rois particuliers. Elles formoient autant de corps qui n'ont été fubjugués que par la force. Les Peuples vaincus furpafferent bien-tôt en nombre la Nation victorieuse ils furent contraints d'adopter les loix, les mœurs & la Religion des vainqueurs; l'amour de la République a fait faire de grandes actions,

« AnteriorContinuar »