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X X X V.

Lares, Manes, Lemures des Larins
Paiens.

LEs folers

Es folers, ou Démons familiers dont on a parlé, font a peu près ce que les Romains nommoient Lares, ou Dieux domeftiques, que l'on croyoit être les ames de gens de bien & de famille, pour laqu'elle ils confervoient de l'affection, & qu'on honoroit par de petits préfens.

Il y avoit d'autres Efprits, que les Romains nommoient Lemures,qui étoient d'or,› dinaire mauvais (a) & mal faisants. Ovide parle des fêtes qu'on faifoit pour les appaifer, & des préfens qu'on leur offroit. Voici comme on célebroit cette fête nom- › mée (b) Lemuria. Le Pere de famille fe levoit à minuit, pendant que tout le monde étoit endormi, alloit nuds pieds en grand filence, & rempli d'une fainte frayeur à une fontaine, faifant par le craquement des doigts un peu de bruit pour écarter les Manes, qui auroient pû troubler la cérémonie. Après s'être lavé trois fois les mains il s'en retournoit, jettant par dessus sa tête

toyo Apuleius de Deg. (b) Fabaria Lemuria.

de groffes fêves noires, qu'il avoit dans la bouche, en difant: Je me rachette, moi¿ les miens par ces fêves. Ce qu'il répetoit neuf fois fans regarder derriere lui. Il s'imaginoit que l'Ombre qui le fuivoit, ramaffoit ces fêves fans être apperçue. Il prenoit de l'eau une feconde fois, frappoit fur un vale d'Airain, & prioit l'Ombre de fortir de fa maifon, en répétant neuf fois, fortés Manes Paternels.

Remarqués le fon qu'il fait fur un vafe d'airain pour écarter les Manes. Lucien (c) fait la même remarque, & dit en général que les Spectres fuient d'abord qu'ils enten dent le bruit de l'airain, ou du fer. Théocrite (d) fait dire à un Pasteur : Je n'ose jouer de la flutte à midi, de peur d'irriter le Dieu Pan, qui dort à cette heure là, & qui eft très dangereux, quand on l'irrite,ou qu'on l'éveille en chantant.

Dans l'incertitude où étoient les Payens fi les ames de leurs peres étoient heureuses ou malheureufes; fi elles étoient de bons ou de mauvais Efprits, il les nommoient Manes, & leurs donnoient le nom de Dieu (e); cum vero incertum eft que cuique fortitio advenerit, utrum lar fit an larva, no

(c) Lucian. in Philopend vide fcol:aften. 1-833.(e) Apulei, de Deo Socrat.

(d) Theocr. Idill. 1. initio

mine Manem Deum nuncupant; fcilicet & henoris gratiâ Dei vocabulum additum eft.

X X X V I.

Efprits qui demandent des prieres.

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Ly a des Efprits qui paroiffent conduire au bien, & demandent qu'on dife pour eux des Meffes, ou qu'on faffe d'autres bonnes œuvres.

Pierre le Vénérable, Abbé de Cluni (a). raconte qu'un bon Prêtre nommé Etienne, ayant entendu la confeffion d'un Seigneur nommé Guido bleffé à mort dans un combat, ce Seigneur lui apparut tout armé quelque tems après fon décès, & le pria de dire à fon frere Anfelme, de rendre un bœuf, que lui Guido, avoit pris á un paifan, & de réparer le dommage qu'il avoit fait à un village, qui ne lui appartenoit pas, & auquel il avoit impofé certaines charges induës; qu'il avoit oublié de déclarer à fon Confeffeur, ces deux péchez dans sa derniere confeffion, & qu'il étoit cruellement tourmenté pour cela ; & pour affurance de ce que je vous dis, ajouta-t-il, quand vous ferez retourné à vôtre logis, vous trouverez qu'on vous a volé l'argent que vous def

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tinez à faire le voyage de S. Jacques. Le Curé de retour, trouva fon coffre forcé & fon argent enlevé; mais il ne pût s'acquitter de fa commiffion parceque le Gentilhomme Anfelme étoit abfent.

Peu de jours après le même Guido lui apparut de nouveau & lui reprocha fa négligence à s'acquiter de fa commiffion. Le Prêtre s'excufa comme il pût, & enfin alla trouver Anfelme, qui lui répondit durement, qu'il n'étoit pas obligé de faire pénitence pour les péchés de fon frere.

Le mort apparut une troifieme fois au Curé, & lui témoigna fon déplaifir du peu de compaffion que fon frere avoit de lui; mais il pria Etienne de le fecourir lui-même dans cette extrémité. Il le fit; reftitua le prix du bœuf, & pour le refte comme la chofe excédoit fon pouvoir, il fit prier Dieu pour lui, fit des aumones, & le recommanda aux Gens de bien de fa connoiffance, & Guido ne parut plus.

蒸蒸蒸

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R

X X X V I I.

Esprit qui fe fait entendre à Epinal.

Icherius Religieux de ce Monaftere de de Senones (a), écrit qu'à Epinal à huit ou dix lieues d'ici, il arriva de fon tems & vers l'an 1210 chez un bourgeois nommé Hugues de la Cour, une chose tout à fait merveilleufé, d'un Efprit qui depuis Noel jufqu'à la S. Jean-Baptifte, fit dans cette maison une infinité de chofes à la vuë de tout le monde : on voyoit bien ce qu'il faifoit, mais on ne voyoit pas l'efprit. Tout le monde l'entendoit fort bien, quoiqu'il parlat d'une voix rauque & embaraffée. Il difoit qu'il étoit l'Esprit d'un jeune homme de Clefentine village à fept lieues d'Epinal, qui avoit abandonné fa femme par cequ'elle avoit eu trop de familiarité avec fon Curé.

Un jour Hugues ayant ordonné à son Domestique de feller fon Cheval & de lui donner à manger, parcequ'il vouloit aller, en Campagne, le Valet différa de faire se qu'on lui commandoit, parce qu'il avoit

(4) Richerius 1. 4. c. 39. la critique de Richerius. Cette liftoire n'est pointMais elle eft dans notre imprimée dans le troifié-Manuferit original.

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