Imágenes de páginas
PDF
EPUB

a faire autre chofe. Dans l'intervalle l'Ef prit fit fon ouvrage au grand étonnement de tout le monde.

Le Maître étant parti l'Esprit demanda à Etienne, Gendre de Hugues un denier pour en faire une offrande à S. Goeric, Pa tron d'Epinal. Etienne lui offrit un vieux denier Provenefien, & le mit fur le feuil de la porte, mais l'Efprit ne le voulut pas, difant qu'il vouloit un bon denier Toulois. Etienne mit fur le feuil de la porte un denier Toulois, qui difparut auffitôt; & la nuit fuivante on ouit un grand bruit dans l'Eglife de S. Goëric, comme d'un homme qui y marchoit.

Une autre fois Hugues ayant acheté du poiffon pour le repas de fa famille, l'Efprit prit le poiffon, le porta au jardin qui étoit derriere la maifon, en mit moitié fur un arbre pofée fur un petit ais, fcandulam & brofa l'autre dans un mortier ; & comme on cherchoit le poiffon, il dit clairement ce qu'il en avoit fait. Une autre fois Hugues voulant fe faire faigner, dit à fa fille de lui préparer des bandelettes, l'Esprit auffitôt alla prendre une chemise neuve dans une autre chambre, & la réduifit en diverfes bandes, qu'il préfenta au Maître du Logis, lui difant de choifir les meilleures.

Un autre jour la Servante du logis ayant étendu divers linges à l'ufage des femmes au jardin pour les fécher, l'Efprit les porta à la chambre haute, & les plia plus proprement que n'auroit pû faire la plus habile Blanchiffeufe. Ce qui eft fort remarquable, c'est que pendant les fix mois qu'il fe fit entendre dans cette maison, il n'y fit aucun mal à perfonne.

X X X VIII.

Efprit qui fe fait entendre à Verone:

EN

[ocr errors]

N 1325. un certain Guy de (a) Tornes, étant mort à Verone, parla au bout de huit jours à fa femme, mais elle ne vit rien. Elle ouit fimplement sa voix. Les voifins & les voifines entendirent la même voix, elle en parla au Prieur des Dominicains & au Profeffeur de Théologie, qui voulant s'affurer de la vérité du fait, demanderent au Maire de la ville deux cens hommes armez, qu'ils diftribuerent quatre à quatre dans tous les coins de la maifon, & portant avec eux, dans une boëte le corps de J. C. Ils commencerent à y

1 (a) Herman, Corner. Chro- | Lypf. 17 23. Ex Chronic. Loma mic. p. 1006. t. 2. Scriptor. bard.

[ocr errors]

&

réciter leurs matines & les fept Pfeaumes, après quoi le mort fit entendre sa voix, répondit fort pertinemment à plusieurs queftions Théologiques que lui fit le Prieur, reconnut qu'il étoit en purgatoire pour certains péchés qu'il avoit commis & pour lef quels il n'avoit point fatisfait, & qu'il feroit délivré quatre ans plûtôr, à cause des Meffes qu'avoit dites pour lui un pauvre Prêtre de fes parens.

On lui demanda comment il pouvoit parler n'ayant pas les organes néceffaires. Il répondit que tout Efprit féparé du corps avoit le pouvoir de fe former de l'air des inftrumens propres à prononcer des paroles. Il ajoûta que le feu de l'enfer agit fur des Efprits, non par fa vertu naturelle; mais par la puiffance Divine, dont le feu eft l'inftrument.

Le même Prieur des Dominicains revint dans la même maifon la veille de l'Epiphanie, & fit encore divers queftion à l'Efprit, qui y répondit, puis il ceffa de parler, & le retira comme un fouffle qui paffoit au milieu des Affiftans.

[ocr errors][merged small]

>>

XXXIX.

Efprit à Lagny fur Marne.

N 1330. la Chronique de Metz rapporte qu'en cette année arriva à Li»gni (où plûtôt Lagni) fur Marne à fix »lieues de Paris, comme une bonne Da» me de ladite Ville fut trépaffée, l'y ame »d'elle revint par plufieurs fois, & parla >> en la présence de plus de vingt-huit per>>fonnes à fon pere, à fa foeur, à fa fille, » à fon gendre, & à fes autres amis, en Deux prians & requerant fuffrage, efpé»cialement Meffes propres ; car elle di» foit que les Meffes propres que l'on di»foit pour les Ames, les délivrent des tour» mens du Purgatoire. Elle difoit mainte chofes occultes, que nul ne fçavoit fors » que Dieu. Les bienfaits les manifeftoit, >> mais de mal fe taifoit. Comme on fe dou»toit que ce fut un mauvais Efprit, un » Cordelier qui étoit préfent lui dit l'Evan»gile S. Joan In principio, &c. & lui » fit-on dire fa patenotre, fon Credo & fon Confiteor, & puis l'y demandoit un Prê

>>

[ocr errors]

>>tre qui étoit préfent, s'il iroit querir le >> faint Sacrement de l'Autel, & elle ré>>>pondit qu'il étoit préfent avec eux, car

>>

» fon pere qui étoit préfent, & plufieurs >> autres l'avoient reçu le jour de Noël, qui » avoit éte le mardi devant, & difoit que >> le jour des Morts fix mille & foixantequinze Ames avoient été délivrées des >>tourmens du Purgatoire parmi les Meffes » & les fuffrages qu'on avoit fait pour eux; & comme avec elle avoit deux An»ges, un bon & un mauvais. Le bon lui, » révéloit les choles deffufdites

L

X L.

Apparitions de perfonnes mortes;
de Démons.

E Pere Taillepied Cordelier, Profeffeur de Théologie à Rouen, qui a auffi écrit exprès fur les Apparitions, dit (a) que depuis dix ans en ça (fon Livre eft imprimé à Rouen en 1600) au Couvent des Cordeliers de l'Obfervance à Nice en Provence, un Religieux de fa connoiffance nommé Frere Gabriel, s'apparut à plufieurs de ce Couvent, & parloit comme du fond d'un pot, d'une voix rauque & caffée. Il prioit que l'on fatisfit un Marchand de Marfeille, chez qui il avoit pris.

(4) Taillepied Traité, de | 15. p. 173, l'Apparit. des Efprits. c. !

ин

« AnteriorContinuar »