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ciers & forcieres, qui vont ou qui croyent aller au Sabat, n'eft qu'illufion de la part du Diable & féduction de la part de ceux & celles qui s'imaginent voler & voyager, quoiqu'ils ne bougent de leurs places; l'Efprit de malice & de menfonge fe mêlant dans cette folle prévention, ils fe confirment dans leurs égaremens, & ils engagent d'autres dans leur impiété Car Satan a mille manieres de tromper les hommes & de les entretenir dans leurs erreurs. La ma-.! gie, les impiétés, les malefices font fouvent la fuite des défordres de l'imagination; il eft rare que ces fortes de gens ne donnent dans tous les excès de l'impudicité, de, l'irréligion, du vol & de toutes les fuites les plus outrées de la haine du prochain.

per

Quelqu'uns ont crû que les Démons prenoient la forme des Sorciers & Sorcieres, qu'on croyoit aller au fabat, & qu'ils entretenoient les fimples dans cette folle fuafion, leur apparoiffant quelque fois fous la forme de ces perfonnes réputées pour forciers, pendant qu'elles mêmes repofoient tranquillement dans leur lit. On: conte (b) que S. Germain Evêque d'Auxerre voyageant un jour, & paffant dans un Village de fon Diocèfe, après y avoir, pris fa refection, remarqua qu'on y prépa (6) Bolland.

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roit un fecond fouper, & qu'on dreffoit un nouveau fervice, il demanda fi l'on attendoit quelque nouvelle compagnie. On lui dit que c'étoit pour ces bonnes femmes. qui vont la nuit. S. Germain entendit bien. ce qu'on vouloit dire, & réfolut de veiller pour voir la fuite de cette avanture.

Quelques tems après il vit arriver une multitude de Demons en forme d'hommes & de femmes, qui fe mirent à table en fa présence. S. Germain leur défend de fe re-, tirer; il appelle les gens de la maison, & leur demande s'ils connoiffent ces gens là, ils répondent que ce font tels & telles de leurs: voifins & voifines. Allez, leur dit-il, voir dans leurs maifons s'ils y font. On y va, & on les trouve endormis dans leur lits. Le S. conjure les Démons & les oblige de déclarer que c'eft ainfi qu'ils féduifent les mortels & leur font accroire qu'il y a des Sorciers & des Sorcieres, qui vont la nuit au Sabat; ils obéirent & difparurent tout

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confus..

Cette hiftoire fe lit dans d'anciens manufcrits, & fe trouve dans Jacques de Voragine, dans Pierre de Noels, dans S. Antonin, dans d'anciens Breviaires d'Auxerre, tant imprimés que manufcrits. Je n'ai garde de garantir cette hiftoire, je la crois abfolument apocryphe. Mais elle prouve que

ceux qui l'ont écrite & copiée, croyoient que ces voyages nocturnes deSorciers & de Sorcieres au Sabat, étoient de pures illufions du Demon. En effet il n'eft gueres poffible d'expliquer tout ce qu'on dit des Sorciers & Sorcieres, fans recourir au miniftere du Démon, à quoi il faut ajouter une imagination dérangée & un efprit féduit & follement prévenu; & fi vous voulez, des drogues qui affectent le cerveau. troublent les humeurs & produisent des rêves relatifs aux impreffions qu'on a d'ailleurs. On trouve dans Jean-Baptifte Porta, dans Cardan, & ailleurs la compofition de ces onguents, dont on dit que les Sorciers fe frottent pour fe tranfporter au Sabat; mais elles ne produisent d'autres effets réel, que de les affoupir, de leur troubler l'imagination, & de leur faire croire qu'elles font de grands voyages, pendant qu'elles demeurent profondément endormis dans leurs lits.

(b) Johan. Baptifta Porta.

uym. Cardan, Johan Vicņu; de 1. 2. mbgia naluralit Huro¬ ¦ Ļamús 1. 3, 0. XVII.

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LIV.

Ce que c'eft qu'avoir la Jarretiere, exemples d'une diligence à voyager, plufque naturelle.

Ien des gens regardent de même comme de pures imaginations ce qu'on appelle avoir les Jarretieres, c'est-à-dire, faire une diligence incroyable & plus que naturelle à pied ou à cheval par le moyen de certains pactes explicites ou implicites avec le Démon. On raconte fur ce fujet grand nombre d'expériences que l'on don ne pour très-certaines.

L'exemple de notre Sauveur enlevé par le Démon au plus haut du Temple de Jérus falem (a), & enfuite fur une haute Montagne, d'où Satan lui fit voir tous les Royaumes du monde, & lui promit de l'en rendre maître; & celui du Prophéte Abacuc, qui fut tranfporté par les cheveux, de la Judée en Babilonne (b), où il porta à diner à Daniel enfermé dans la foffe aux Lions, & fut rapporté incontinent en Judée. Et celui du Prophéte Elie, transporté par l'Esprit de Dieu,qui arriva du mont Car

(a) Marth. VI. 5. 8. Ila Judée en Babilonne il (b) Dan. XIV. 35 40.de ; à environ 200. lieuës.

mel à Jezraël avant le Roy Achab qui étoit monté sur son chariot (c) ; & celui du Diacre S. Philippe qui tranfporté par le même Efprit, & qui fe trouva très-promptement rendu de Gaze à (d) Zoth: Et enfin celui de S. Paul qui (e) fut enlevé au troifiéme Ciel en corps ou autrement car il avoue n'en rien savoir; & le transport d'Enoch & d'Elie, & les pourceaux précipitez par le Démon dans le Lac (f) de Genezareth.

Tous ces exemples peuvent rendre probable le transport des Sorciers & Sorcieres au Sabat, & ce qu'on raconte de certaines perfonnes qui ont, ou fe vantent d'avoir ce qu'on appelle la Jarretiere, qui par le moyen de cette Jarretierre, & d'un pacte tacite ou exprès avec le Démon, font un três-grand chemin avec une diligence incroyable. On en çite plufieurs exemples qui paroiffent inconteftables.

On affure même que ces perfonnes qui ont ufé de ce fecret diabolique, fe trouvent après cela tellement accablez de fatigue, qu'ils ne peuvent fe remuer, & qu'ils font contraints de fe repofer à peu près autant de temps qu'ils en auroient mis à faire à l'ordinaire le voyage qu'ils ont fait avec tant de précipitation.

(c)3 Reg. XVIII. 46. !

(e) 2. Cor. XII. 2. 3..

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