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l'étoient pas, mais fimplement endormies ou attaquées de Letargie & celles que l'on tenoit pour mortes, ayant été noyées, & qui font revenues par le foin qu'on en a pris, par les remedes qu'on leur a donnés, ou par l'adreffe des Médecins; ces fortes de gens ne doivent point paffer pour vrayement réfufcitées, ils n'étoient pas morts, ou ils ne l'étoient qu'en apparence.

Nous avons deffein de parler ici d'une autre forte de gens réfufcités, qui étoient enterrés quelquefois depuis plufieurs mois ou même depuis plufieurs années, qui auroient dû être étouffés dans leurs tombeaux, quand il auroient été enterrés tout vivants & dans qui l'on trouve encore des fignes de vie, le fang liquide, les chairs entieres le-coloris beau, les membres flexibles & maniables. Ces gens qui, dit-on, reviennent ou le jour ou la nuit, inquietent les vivans, leur fucent le fang, les font mourir, paroiffent avec leurs habits, dans leurs familles, s'affeyent à table, & font mille autres chofes; puis retournent dane leurs tombeaux, fans qu'on voye comment ils en font fortis, ni comment ils y font rentrés. Ce font des efpeces de réfurrections momentanées; car aulieu que les autres morts dont parle l'Ecriture, ont vécû, bû & mangé & converfé avec les autres

hommes, après leur résurrection, ceuxci ne paroiffent que pendant un certain temps, en certain pays, dans certaines circonftances, & ne paroiffent jamais dès qu'on les a empâlés ou brulés, ou qu'on leur a coupé la tête.

I I I.

Comment fe peut faire cette forte de
refurrection.

I cette derniere forte de résuscités n'é

Stoient pas réellement morts, il n'y à

de merveilleux dans leur retour au monde que la maniere dont il fe fait, & les circonftances dont il eft accompagné. Ces revenans fe réveillent-ils fimplement de leur fommeil, ou reprennent-ils leurs efprits, comme ceux qui font tombés en fyncope, en foibleffe ou en défaillance, & qui au bout d'un certain temps reviennent naturellement à eux mêmes, lorfque le fang & les efprits animaux ont repris leur cours & leur mouvement naturel ?

leurs tom

Mais comment fortir de beaux fans ouvrir la terre, & comment y rentrer fans qu'il y paroiffe? A t'on vû des létargies ou des pamoifons, ou des

veut que ce foit des réfurrections réelles; à t'on vû des morts fe refufciter eux-mêmes & par leur propre vertu ?

S'ils ne font pas réfufcités par eux mêmes, eft-ce par la vertu de Dieu qu'ils font fortis de leurs tombeaux? quelle preuve àt'on que Dieu s'en foit mêlé; quel est l'objet de ces réfurrections, eft-ce pour manifefter les oeuvres de Dieu dans ces Vampires? Quelle gloire en revient-il à la Divinité?

L'ame

Si ce n'eft pas Dieu qui les tire de leurs tombeaux, eft-ce un Ange, eft-ce un Démon, eft-ce leur propre ame? féparée du corps peut-elle y rentrer quand elle le veut, & lui donner une nouvelle vie, ne fut-ce que pour un quart d'heure? Un Ange ou un Démon peuvent-ils rendre la vie à un mort? non fans doute, fans l'ordre, ou du moins fans la permiffion de Dieu. On a examiné ailleurs cette question du pouvoir naturel des Anges & des Démons fur les corps humains, & l'on a fait voir que n'y la révélation, ni la raison ne nous donnent aucune lumiere certaine fur ce fujet.

I V.

Réfurrection d'un homme enterré depuis trois ans, réfufcité par S. Stanislas.

Outes les vies des SS. font pleines de réfurrections de morts, on pourroit en compofer de gros volumes. Ces réfurrections ont un rapport manifeste à la matiere que nous traitons ici, puifqu'il eft queftion de perfonnes mortes, ou tenuës pour telles, qui apparoiffent en corps & en ames aux vivans & qui vivent après leur réfurrections. Je me contenterai de rappor ter l'histoire de S. Staniflas Evêque de Cracovie, qui refufcita un homme mort depuis trois ans, avec des circonftances fi fingulieres, & d'une façon fi publique, que la chofe eft au deffus de la plus fevére critique. La vie du Saint a été écrite ou du temps de fon martyre (a), ou peu de temps après par différens Auteurs exactement informés; car le martyre du Saint, & fur tout la réfurrection du mort, dont nous allons parler, ont été vûs & connûs d'une infinité de perfonnes, de toute la Cour du Roy Boleflas, & cet événement s'étant paffé en Pologne, où les Vampires font

fréquens encore aujourd'hui, regarde par cet endroit, plus particuliérement le fujet que nous traitons.

L'Evêque S. Staniflas ayant acheté d'un Gentilhomme nommé Pierre une terre fituée fur la Viftule, dans le territoire de Lublin, au profit de fon Eglife de Cracovie, en donna le prix au Vendeur en présence de témoins, & avec les folemnités requifes dans le pays, mais fans écritures; car alors on n'écrivoit que rarement en Pologne ces fortes de ventes & d'achats, on fe contentoit de témoins. Stanislas entra en poffeffion de cette terre par l'autorité du Roy, & fon Eglise en jouit paisiblement pendant environ trois ans.

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Dans l'intervalle, Pierre qui l'avoit venduë, vient á mourir; le Roy de Pologne Boleflas, qui avoit conçu une haine implacable contre le S Evêque, qui l'avoit repris librement de fes excès chercha l'occafion de lui faire peine, & fufcita les trois fils de Pierre & fes héritiers, & leur dit de répeter la terre, que leur pere avoit vendue, fous prétexte qu'elle n'avoit pas été payée, il leur promit d'appuyer leur de mandes & de la leur faire rendre. Ces trois Gentilshommes firent donc citer l'Evêque en la préfence du Roy, qui étoit alors à Solec occupé à rendre la Juftice fous des

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