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çoive pas de ce fonge & de cette illufion.

Moyfe & Elie qui apparurent avec J. C. fur le Thabor; les morts qui reffufciterent après que le Sauveur fût expiré fur la Croix, n'étoient-ils que des phantômes formés dans l'imagination des Juifs & des Apôtres ? Les ames qui apparoiffent quelquefois, & dont on a une infinité d'Hiftoires dans des Auteurs fages, judicieux, contemporains, qui ont prédit des chofes futures, ou qui en ont annoncés de paffées & abfolument inconnues, qui ont demandé des prieres, ou ordonné des reftitutions, feront-elles auffi des chimeres des fonges & des illufions d'un efprit préoccupés ?

I X.

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Sentiment des Orientaux fur les Apparitions des Anges & fur le retour des ames, &leurs Apparitions

Rouvons à préfent les réalités ou du moins la créance de la réalité de ces Apparitions par des faits tirés des Histoires & des Ecrivains de toutes les nations, & de tous les fiécles. Les Mufulmans. croyent comme les Juifs & comme nous que les Anges apparoiffent quelquefois

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aux hommes fous la forme (a) humaine; qu'ils ont apparu à Abraham; qu'ils ont confervé Loth, & puni les habitans de Sodôme. Ils croyent que les ames demeurent auprès du corps qu'elles ont animé, & même dans leur tombeau, jufqu'au jour (b) du jugement. Ils foutiennent que l'Archange S. Gabriel a apparu à Mahomet, (c) & lui a révélé les chofes qu'il débite dans fon Alcoran ; que les Démonsfervoient Salomon & lui obéiffoient (d) comme des esclaves ou des domeftiques à gage; ils tiennent que les Génies ou les Démons font d'une nature mitoyenne entre l'Ange & l'homme, tenant de l'un & de l'autre, qu'ils boivent, qu'ils mangent, qu'ils engendrent, qu'ils meurent, en cela femblables aux hommes; qu'ils connoiffent les chofes futures de même que les Anges. Quelques uns les croyent engendrés du Démon, (e) ils les appellent Gimi comme qui diroit Génie.

Ils nomment Fagia ou Mefagian certains Efprits qui donnent la mort aux

(4) Alcoran Surat 6 p 245. Edit, Marracc. (b) Marrace. pag 625. (c) Alcor. Surat. LIII. P. 684.

(d) Ibid. Surat. XXVII. on le lit auffi dans le pré

tendu Teftament de Salo

men.

(e) Vide Alcor. Surat 72 & notas Marracc. M D'Herbelot Bibliotheq. Orient, in Motadi Bemvilla. p. 192.

hommes. Un jour le Sultan Mortadi Bemvilla au fortir de table, dit à une de fes femmes qui étoit préfente: Qui font ces gens qui font entrez ici fans permiffion? Elle regarda & ne vit perfonne. Mais jettant les yeux fur le Koy, elle remarqua qu'il pâliffoit, & en même tems il tomba mort. Les Mahometans croient que ces ELprits qui donnent la mort, lorfqu'ils font noirs, font toujours des bleffures mortelles.

Les Perfes & quelques Turcs, croient qu'il y a entre ces Génies des mâles & des Femelles. Les Mâles à qui les Perfes donnent le nom de Dives, font mauvais & fort laids, & font ordinairement la guerre aux Peris, qui font leurs femelles, (f) qui font la même chofe que les Fées de nos vieux Romans. Les Rabbins croyent que ces Gimim ou Genies font nés d'Adam fans le concours de fa femme Eve, ni d'aucune autre femme, & que ces Genies font ce que nous appellons Efprits Folets, (g) ce que l'on peut étendre auffi aux Spectres, aux Furies, aux Empauses, &c. ( h ) des Grecs & des Romains.

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X.

Sentiment des Hébreux, des Anciens & des Nouveaux Chrétiens fur le retour des Ames.

CE

Es opinions des Orientaux touchant la corporeïté des Genies, s'étoient répandues parmis quelques uns des premiers Chrétiens, qui ont cru que les Anges & les Démons avoient des corps, qu'ils étoient capables d'engendrer ; ils leurs ont appliqué ce qui eft dit dans la Genefe, (a) que les Enfans de Dieu (les Anges) ayant vû les filles des hommes, en devinrent amoureux, les épouferent & engendrerent les Geans. Le fameux Livre d'Enoch, (b) au quel plufieurs anciens Peres ont donné une grande autorité, (c) a clairement enfeigné cette doctrine, qui a été fort suivie dans l'antiquité.

Les Juifs d'aujourd'hui, tiennent les ames fpirituelles & immortelles; mais ils croyent qu'elles apparoiffent quelque fois, de même que les Anges & les Démons;

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(c) Clem. Alex. Orig. Tertul. Iren. &c. Apud. Fabric, in godice, vet. teßt, P. 160. & seq.,.

des ; & lorfqu'il eft dit dans l'Ecriture que Dieu ou fon Ange ont parlé à quelqu'un fans que ceux qui étoient préfens entendiffent diftinctement la voix de celui qui parloit, ou s'ils entendoient la voix ou le bruit, qu'ils n'oüirent qu'un bruit fourd, fans entendre aucune voix diftincte & articulée, comme quand Jefus parlant aux Troupes des Juifs, le Pere Eternel fit entendre fa voix qui cria: (c) Je l'ai glorifie &je le glorifierai encore, les affiftans dirent, les uns qu'il s'étoit fait un coup de tonnere les autres qu'un Ange du Ciel lui avoit parlé, Jefus leur dit ; Ce n'eft pas pour moi, mais pour vous que cette voix s'eft fait entendre, &c.

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Dans toutes ces occafions & en plufieurs autres femblables, ce ne font pas des Anges, qui ont proferé des paroles, mais Dieu qui a permis que les perfonnes à qui il vouloit faire connoître fes volontés entendiffent en fonge ou autrement des voix qui frappoient leurs oreilles, comme fi réellement des perfonnes ou des Anges leur avoient parlé. On peut faire l'application de ce principe à une infinité d'exemples rapportés dans les Hiftoriens facrés & profanes où il eft dit que l'on a oüi des paroles articulées, quoiqu'apparemment on ait fim(c) Johan. XII. 294

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