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en parlent auffi & affurent même que ce Phenomene effraya beaucoup Henry IV. & les Courtifans, & Pierre Matthieu en dit auffi quelque chofe dans fon Hiftoire de France, tom. 2. pag. 268. Bongars en parle comme les autres & prétend que c'étoit un chaffeur qu'on avoit tué dans cette forêt, du temps de François premier (Bongars Epift. ad Camerarium) mais aujourd'hui il n'eft plus queftion de ce Spectre. Cependant il refte dans la foreft une route, qui a retenu le nom duGrandVeneur, en mémoire, dit-on, de ce prestige.

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Χ Χ Ι Ι.

Revenans au Perou,

d'une.

Oici encore un autre exemple de Revenans, arrivé dans le pays des Ititans au Pérou. Une fille nommée Catherine, mourut agée de feize ans, mort malheureufe, & coupable de plufieurs facrileges. Son corps immédiatement après fa mort, fe trouva tellement infec-. té, qu'il fallut le mettre hors du logis en plein air, pour fe delivrer de la mauvaise odeur qui en exaloit. On entendit en même

(a) Annal. Societ. Jefu an- | viana fol 766, no go. 91. in Provincia Peru- |

temps des hurlemens comme de chiens : & un cheval, auparavant fort doux, commença à rüer, à s'agiter, à frapper des pieds, à rompre fes liens. Un jeune homme qui étoit couché, fut tiré du lit par le bras avec violence; une fervante reçut un coup de pied fur l'épaule, dont elle porta marques pendant plufieurs jours. Tout ceci arriva avant que le corps de Catherine fut inhumé.

les

Quelque temps après plufieurs habitans du lieu virent une grande quantité de thuiles & de briques renverfées avec grand fracas dans la maifon où elle étoit décédée. La fervante du logis fut traînée par le pied, fans qu'il parut perfonne qui la touchat, & cela en préfence de fa Maîtrefle & de dix ou douze autres femmes. La même fervante entrant dans une chambre, pour prendre quelques habits, apperçut Catherine, qui s'élevoit pour faifir un vaiffeau de terre, La fille fe fauva auffi-tôt ; mais le Spectre prit le vafe, le jetta contre le mur & le mit en mille pieces. La Maîtreffe étant accou ruë au bruit, vit qu'on jettoit avec violen→ ce contre la muraille un quartier de brique, Le lendemain une image du Crucifix, collée contre le mur, fut tout d'un coup arra chée en présence de tout le monde, & bri, fée en trois pieces,

XXIII.

Revenans dans la Laponie.

On trouve encore des veftiges de ces

revenans dans la Laponie, ou l'on dit qu'on voit grand nombre de Spectres qui apparoiffent parmi ces peuples, leur parlent, mangent avec eux, fans qu'on puiffe s'en défaire. Et comme ils fe perfuadent que ce font les manes de leurs parens qui les inquietent, ils n'ont pas de moyens plus efficaces pour fe garantir de leurs vexations, que d'enterrer les corps de leurs proches fous l'âtre du feu, afin apparem ment qu'ils y foient plûtôt confommés. En général ils croyent que les Manes ou les ames forties du corps, font ordinairement malfaifantes, jusqu'a ce qu'elles foient rentrées en d'autres corps. Ils rendent quelque efpece de culte aux Spectres ou Demons, qu'ils croyent roder autour des rochers, des montagnes, des lacs & des rivieres, à peu près comme autrefois le Romains rendoient des honneurs aux Faunes, aux Dieux des bois, aux Nymphes, aux Tritons. Mais ce qui nous intéreffe le plus, . en cet endroit, eft la tradition des Revenans parmi les Juifs, les Grecs & les

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Romains, & enfuite en France, en Allemagne, fous Charles Magne, en Angleterre au douzieme fiecle, comme onľa vû ; en Laponie depuis long-temps; en Hongrie & en Moravie, encore aujourd'hui.

André Alciat (a) dit qu'il fut confulté fur certaines femmes, que l'inquifition avoit fait bruler comme forcieres, pour avoir fait mourir des enfans par leur fortileges, & avoient menacé les meres d'autres enfans de les faire auffi mourir, lefquels en effet étoient morts la nuit fuivante de maladies inconnues aux Médecins. Voilà encore de ces Striges ou Sorcieres, qui en veulent à la vie des hommes.

X XI V.

Retour d'un homme mort depuis quelques

mois.

Terre le vénerable (a), Abbé de Cluni rapporte l'entretien qu'il eut en préfence des Evêques d'Oleron & d'Ofma en Efpagne & de plufieurs Religieux, avec un ancien Religieux nommé Pierre d'Engelbert, qui après avoir vêcu longtems dans

(a) Andr. Alciat. Parergon juris l. 8. c. 22.

(b) Petrus Venerab. Abb.

Cluniac de Miracul. l. 1. f

28. p. 1393.

le fiécle où il étoit en réputation de valeur & d'honneur, s'étoit retiré après la mort de fa femme, dans l'Ordre de Cluni. Pierre le Vénérable l'étant venu voir, Pierre d'Engelbert lui raconta qu'un jour étant dans fon lit bien éveillé, il vit entrer dans fa Chambre pendant un grand clair de Lune, un nommé Sanche, qu'il avoit, quelques années auparavant, envoyé à fes frais au fecours d'Alfonfe Roy d'Arragon, qui faifoit la guerre en Caftille. Sanche étoit retourné de cette expedition fain & fauf. Quelques temps après il tomba malade & mourut dans fa maifon.

Quatre mois après fa mort il fe fit voir à Pierre d'Engelbert, comme nous l'avons dit. Sanche étoit tout nud, n'ayant qu'un haillon qui couvroit ce que la pudeur veut, qu'on tienne caché. Il fe mit à découvrir les charlons du feu, comme pour fe chauffer, ou pour fe faire mieux diftinguer. Pierre lui demanda qui il étoit ; je fuis répondit-il, d'une voix caffée & enrouée, Sanche votre Serviteur; & que vient-tu faire ici? Je vais, dit-il, en Caftille avec quantité d'autres, afin d'expier le mal que nous avons fait pendant la guerre derniere, au même lieu où il a été commis. En mon particulier j'ai pillé les ornemens d'une Eglife, & je fuis condamné pour cela à faire ce voyage.

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