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par le Gouverneur de la Ville, & dépouil lé du faint Habit, puis vivement follicité de facrifier aux faux Dieux. Le Solitaire réfifta génereusement, & fut tourmenté en diverfes manieres, jufqu'à ce qu'enfin on lui trancha la tête, & l'on jetta fon corps hors de la Ville pour être déchiré par les chiens. Les Chrétiens l'enleverent pendant la nuit, & l'ayant embaumé & enveloppé de linges prétieux, ils l'enterrerent dans l'Eglife, comme Martyr en un lieu honorable.

Mais pendant le faint Sacrifice, le Diacre ayant crié tout haut à l'ordinaire: Que les Cathécumenes & ceux qui ne communient pas, fe retirent. On vit tout à coup fon tombeau s'ouvrir de lui-même, & le corps du Martyr fe retirer dans le veftibule de l'Eglife. Après la Meffe, il rentra de luimême dans fon fepulcre. Une perfonne de piété ayant prié pendant trois jours, apprit par la voix d'un Ange, que ce Religieux avoit encouru l'excommunication pour avoir défobéi à fon Supérieur, & qu'il demeureroit lié, jufqu'à ce que ce même Supérieur lui eut donné l'abfolution. On alla donc auffi-tôt au défert, & l'on en amena le faint Vieillard, qui fit ouvrir le cercueil du Martyr, & lui donna l'abfolution après quoi il demeura en paix dans fon

tombeau.

CEt

X X I X.

Réflexions fur cet exemple.

Et exemple me paroît fort fufpect. 1o. Du temps que le défert de Schéti étoit peuplé de Solitaires, il n'y avoit plus de perfécuteurs à Alexandrie. "On n'y inquiétoit perfonne, ni fur la Profeffion du Chriftianifme, ni fur la Profeffion Religieufe; on y auroit bien plûtôt perfécuté. les Idolâtres & les Payens. La Religion Chrétienne étoit alors dominante & honorée dans toute l'Egypte, fur-tout à Alexandrie. 29. Les Religieux de Schéti étoient plûtôt Hermites que Cénobites, & un Religieux n'y avoit pas l'autorité d'excommunier fon confrere. 3. Il ne paroît pas que celui dont il s'agit, ait mérité l'excommunication, du moins l'excommunication majeure, qui prive le Fidele de l'entrée de l'Eglife & de la participation des faints Myfteres. Le Texte Grec porte fimplement «qu'il demeura obéiffant pen»dant quelque temps à fon Pere fpirituel; mais qu'enfuite étant tombé dans la défo» béiffance, il fe retira des mains du Vieil»lard fans caufe légitime, & s'en alla à

Pexcommunication même majeure, fi ce Religieux quitta son état, & fe retira du Monaftere pour vivre en féculier : mais alors les Religieux n'étoient pas comme aujourd'hui, liés par les voeux de stabilité & d'obéiffance à leurs Supérieurs, qui n'avoient pas droit de les excommunier de la grande excommunication. Nous en parlerons encore ci-après.

X X X.

Homme rejetté hors de l'Eglife, pour avoir refufé de payer la Dixme.

J

Ean Bromton, Abbé de Sornat en An

ciennes hiftoires, que faint Auguftin Apôtre d'Angleterre, voulant perfuader à un Gentilhomme de payer la dixme, Dieu permit que ce Saint ayant dit devant tout le peuple, avant de commencer la Messe : Que nul excommunié n'affifte au faint Sacrifice, l'on vit auffitôt un homme enterré depuis environ 150 ans, qui fortit de l'Eglife. Après la Meffe, faint Auguftin, précédé de la croix, alla demander à ce mort pourquoi il étoit forti; le mort répondit Maii. pag. 396.

(a) Joh.Bromton Chronic. Vide&Belland, ad Diem 26,

!

que c'étoit pour être mort dans l'excommunication. Le Saint lui demanda où étoit le fepulcre du Prêtre, qui avoit porté contre lui la fentence d'excommunication. On s'y tranfporta, saint Augustin lui ordonna de fe lever, il revint en vie, & déclara qu'il avoit excommunié cet homme pour fes crimes, & en particulier pour fon obftination à refufer de payer la dixme. Puis, par ordre de faint Augustin, il lui donna l'abfolution, & le mort retourna en fon tombeau. Le Prêtre pria le Saint de le laiffer auffi rentrer dans fon fepulcre, ce qui lui fut accordé. Cette hiftoire me paroît auffi fufpecte que la précédente. Du temps de faint Auguftin Apôtre de l'Angleterre, l'obligation de payer la dixme, n'étoit pas commandée fous peine d'excommunication, & beaucoup moins 1 50 ans aupara

vant.

X X X I.

Exemples de perfonnes, qui ont donné des fignes de vie après leur mort, & qui se font retirées par refpect, pour faire place à de plus dignes.

T

Ertullien

rapporte (a) un exemple dont il avoit été témoin, de meo didi

ci. Une femme qui appartenoit à l'Eglife, à qui elle avoit été donnée pour efclave, étant morte à la fleur de fon âge, après un feul mariage fort court: avant qu'on la mît en terre, le Prêtre offrant le Sacrifice, & élevant les mains dans la priere, cette femme qui avoit fes mains étendues fur fes côtés, les leva en même temps, & les joignit en forme de fuppliante, puis après la paix donnée, fe remit en fon pre.nier état. Tertullien ajoute qu'un autre corps mort dans un Cimetiere fe retira, à cóté pour donner place à un autre corps mort qu'on vouloit enterrer auprès de lui. Il rapporte ces exemples à la fuite de ce que Platon & Démocrite difoient, que les ames demeuroient quelque temps auprès de leurs corps morts, qu'elles préfervoient quelquefois de corruption, & y faifoient encore croître les cheveux, la barbe & les ongles dans leurs tombeaux. Tertullien n'approuve pas le fentiment de ces Philofophes, il le refute même affez bien. Mais il avoue que les exemples dont je viens de parler, font affez favorables à cette opinion, qui eft auffi celle des Hébreux, comme nous l'avons vû ci-devant.

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On dit qu'après la mort du fameux Abé-, lard (b), qui avoit été enterré au Monas

(b) Chronic. Turon. In operibus Abaëlardi. p. 1195.

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