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tere du Paraclet, l'Abbeffe Eloïfe fon épouse étant auffi décédée, & ayant demandé d'être enterrée dans le même tombeau, Abélard à fon approche étendit les bras, & la reçut dans fon fein, elevatis brachiis illam recepit, & ita eam amplexatus brachia fua ftrinxit. Ce fait n'eft certainement ni prouvé, ni vraifemblable. La Chronique dont il eft tiré, l'avoit apparemment appris de quelque brui: populaire.

L'Auteur de la Vie (c) de faint Jean ¡l'Aumônier, qui fut écrite incontinent. après fa mort, par Leonce Evêque de Naples, Ville de l'ffle de Chypre, raconte que faint Jean l'Aumônier étant mort à Amathunte dans la même Ifle, fon corps fut mis entre ceux de deux Evêques, qui fe retirerent de part & d'autre pour lui faire place à la vûë de tous les affiftans: Non unus, neque decem, neque centum viderunt fed omnis turba, que convenit ad ejus fepul turam, dit l'Auteur cité. Métaphrafte qui avoit la la Vie du Saint en Grec, rapporte le même fait.

(f) Bolland. t. 2. p. 315. 23. Janvier..

X X X I I.

Homme qui va en pelerinage après fa mort:

UN

N Ecolier de la Ville de S. Pons près Narbonne (a), étant décédé dans l'excommunication, apparut à un de ses amis, & le pria d'aller dans la Ville de Rhodès demander fon abfolution à l'Evêque. Il fe met en chemin pendant un temps de neiges, l'efprit qui l'accompagnoit, fans en être vû, lui montroit le chemin, & en ôtoit la neige. Etant arrivé à Rhodès, & ayant obtenu l'abfolution qu'il demandoit pour fon ami, l'efprit le ramena à S. Pons, & lui rendit graces de ce fervice, & prit congé de lui, promettant de lui en témoi gner fa reconnoiffance.

X X X II I.

Autre exemple d'une perfonne, qui accom pagne en pelerinage celles qui y vont pour elles.

Oici une Lertre qu'on m'écrit le ș Avril 1745, qui a quelque rapport à ce qu'on vient de voir.

() Melchior 1. de Statu morf,

Il s'eft paffé une chofe ici ces jours derniers, rélative à votre Differtation, fur les Revenans, que je crois devoir vous écrire. Un homme de Letraye, Village à quelques lieuës de Remiremont, perdit fa femme au commencement de Février dernier, & s'eft remarié la femaine avant le Carême. A onze heures du foir du jour de fes nôces, sa femme apparut à la nouvelle époufe. Le réfultat de l'entretien fut d'obliger la nouvelle mariée d'acquitter pour la défunte fept pelerinages. Depuis ce jour & toujours à la même heure, la défunte apparût & parla en préfence du Curé du lieu & de plusieurs perfonnes; le 15 de Mars, au moment que cette femme fe difpofoit à partir pour fe rendre à S. Nicolas, elle eut la vifite de la défunte, qui lui dit de fe hâter, & de ne pas s'effraier des peines qu'elle effuieroit dans fon voyage; cette femme avec fon mari, fon beau-frere & fa belle-four, fe mit en route,fans s'attendre que la morte feroit de la compagnie ; elle ne l'a pas quit tée jufqu'à la porte de notre Eglife ( de S. Nicolas.)

Ces bonnes gens arrivés à deux lieuës de S. Nicolas, furent obligés de loger dans un Cabaret qu'on appelle les Baraques. Là, cette femme fe trouva fi mal, que les

jufqu'ici, & auffitôt qu'elle fut fous la porte de notre Eglife, elle marcha fans peine, & ne reffentit plus aucune douleur ; ce fait m'a été rapporté & à notre Pere Sacriftain par les quatre perfonnes; la derniere chofe que la défunte dit à la nouvelle mariée, c'eft qu'elle ne lui parleroit & ne la verroit plus, que lorfque la moitié de fes voyages feroit acquittée ; la maniere fimple & naturelle avec laquelle ces bonnes gens nous ont raconté ce fait, me fait croire qu'il eft certain.

On ne dit pas que cette jeune femme ait encouru l'excommunication: mais apparemment elle étoit liée par le vœu où la promeffe qu'elle avoit fait d'accomplir ces pelerinages, dont elle chargea l'autre jeune femme qui lui fuccéda. Auffi voit-on qu'elle n'entra pas dans l'Eglife de S. Nicolas, elle accompagna les pelerins jufqu'à la porte de l'Eglife.

X X X I V.

Exemple d'un Saint qui fe retire, & qui fort de la terre pour éviter la compagnie des méchans.

Stein, les corps des Excommuniés, les

la terre rejettoit quelquefois de fon

corps

corps des Saints en fortoient auffi quelquefois pour le féparer des méchans, ou des morts de moindre mérite. Evagre de Pont (a) dit qu'un faint Solitaire nommé Thomas & furnommé Salus, à cause qu'il contrefaifoit l'infenfé, étant mort dans l'Hôpital de Daphné près d'Antioche, fut enterré dans le Cimetiere des Etrangers; mais on le trouvoit tous les jours hors de la terre, éloigné des autres corps morts, qui étoient comme pouffés loin de lui. Les habitans du lieu en donnerent avis à Ephrem Evêque d'Antioche, qui le fit transporter dans la Ville en folemnité, & l'enterra avec honneur dans le Cimetiere & depuis ce temps le peuple d'Antioche fait tous les ans la Fête de fa Tranflation. Jean Mofch (a) rapporte la même chose; mais il dit que ce furent des femmes enterrées près de Thomas Salus, qui sortirent de leur tombeau par refpect pour le Saint.

(a) Evagr. Pont. 1. 4. c. | 35.

(b) Joh. Mofch, Prat. Spi rit. c. 88.

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