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L.

Differtation fur l'incertitude des fignes de la mort, & l'abus des enterremens précipités, par M. Jacques Benigne Winflou; Docteur Regent de la faculté de Médedecine de Paris; traduite & commentée par Jacques-Jean Bruhier, Docteur en Médecine. A Paris, 1742. in-8°.

Na imprimé à Paris en 1742, un ouvrage qui peut fervir à expliquer comment des perfonnes qu'on à crû mortes, & qu'on a enterrées comme telles, fè font néanmoins trouvées vivantes affez longtemps après leur obfeques & leur enterrement. Cela rendra peut être le Vampirisme moins incroyable. M. Winflou, Docteur & Regent de la Faculté de Méde cine de Paris, foutint au mois d'Avril 1740. une Thefe où il demande fi les expériences de Chirurgies font plus propres que toutes autres à découvrir des marques moins incertaines d'une mort douteuse. Il y foutient qu'il y a plufieurs rencontres, où les mar ques de la mort font très douteufes, & il produit plufieurs exemples, de perfonnes qu'on a crû mortes & qu'on a enterrées comme telles, qui néanmoins fe font enfuite trouvées vivantes,

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M. Bruhier, Docteur en Médecine a traduit cette These en François, & y a fait des additions fçavantes, fort propres à fortifier le fentiment de M. Vinflou. L'ouvrage eft très-intéreffant pour la matiere dont il traite, & fort agréable à lire, par la maniere dont il est écrit. Je vais en extraire ce qui peut fervir à mon sujet. Je m'attacherai principalement aux faits les plus certains & les plus finguliers; car pour les rapporter tous, il faudroit tranfcrire tout le Livre.

On fait que Jean Duns, furnommé Scot, ou le Docteur Subtil, eut le malheur d'être enterré vivant à Cologne, & que quand on ouvrit fon tombeau quelque temps après, ou trouva qu'il s'étoit rongé le bras, On raconte la même chose de l'Empereur Zenon, qui fe fit entendre du fond de fon tombeau par des cris réitérez à ceux qui le veilloient. Lancifi celebre Médecin du Pape Clement XI. raconte qu'à Rome il a été témoin d'une perfonne de diftinction, qui étoit encore vivante lorfqu'il écrivoit, qui reprit le mouvement & le fentiment, pendant qu'on chantoit fon service à l'E glife.

Pierre Zacchias, autre célébre Médecin de Rome, dit que dans l'Hopital du S. Efprit, un jeune homme étant attaqué de

pefte, tomba dans une fyncope fi entiere, qu'on le crut abfolument mort. Dans le temps qu'on transportoit fon cadavre avec beaucoup d'autres, au delà du Tibre, le jeune homme donna quelques fignes de vie. On le reporta à l'hopital où il guérit. Deux jours après il tomba dans une pareille fyncope. Pour cette fois il fut réputé mort fans retour, on le mit parmi les autres destinez à la fépulture; il revint une feconde fois, & vivoit encore quand Zacchias écrivoit,

L I.

Divers exemples de perfonnes enterrées

vivantes.

Lutarque raconte qu'un homme étant tombé de haut fur le col, on le crut mort, fans qu'il y eût la moindre apparence de bleffure, comme on le portoit en terre au bout de trois jours, il reprit tout à coup fes forces & revint à lui. Afclepiade (a) ayant rencontré un grand convoi d'une perfonne qu'on portoit en terre, obtint de voir & de toucher le mort. Il trouva des fignes de vie, & par le moyen de quelques remedes il le rappella fur le champ & le rendit fain à fes parens,

(4) Celf 1. 2. 9. St

: Il y a plufieurs exemples de perfonnes qui ayant été enterrées, font revenues enfuite & ont encore vecû longtemps en parfaite fanté. On raconte en particulier qu'une femme (b) d'Orléans, enterrée dans le cimetiere avec une bague à fon doigt, qu'on n'avoit pû tirer en la mettant dans le cercueil, la nuit fuivante un Domestique attiré par l'efpoir du gain, ouvrit le tombeau, rompit le cercueil, & ne pouvant arracher la bague, voulut couper le doit de la perfonne, qui jetta un grand cris, le valet prit la fuite, la femme fe débaraffa comme elle put de fon drap mortuaire, revint chez elle, & furvéquit à fon mari.

M. Benard, Maître Chirurgien de Paris attefte qu'étant avec fon pere, à la Paroiffe de Real, on tira du tombeau vivant & refpirant, un Religieux de S. François, qui y étoit renfermé depuis trois ou quatre jours, & qui s'étoit rongé les mains autour de la ligature qui les lui affujetissoit. Mais il mourut prefque dans le moment qu'il eût pris l'air.

Plufieurs perfonnes ont parlé de cette femme d'un Confeiller de (c) Cologne, qui

(b) Le P. Le Clerc cidevant Principal du College de Louis le Grand.

(c) Miffon Voyage d'Ita- |

lie t. 1. Lettre 5. Goulart des Hiftoires admirables & mémorables, imprimé à Geneve en 1628.

ayant été enterrée en 1571 avec une bague de prix, le Foffoieur ouvrit le tombeau la nuit fuivante, pour voler la bague. Mais la bonne Dame l'empoigna & le força de la tirer du cercueil. Il fe dégagea néanmoins de fes mains & s'enfuit. La réfufcitée alla frapper à la porte de sa maison, on crut que c'étoit fon fantôme, & on la l'aiffa affez long-tems languir à la porte. Enfin on lui ouvrit, on la réchauffa & elle revint en parfaite fanté, & eut depuis trois fils qui furent gens d'Eglife. Cet évenement et répréfenté fur le Sépulcre de la perfonne dans un Tableau où l'Hiftoire eft répréfentée, & de plus écrite en vers, Allemans. On ajoûte que cette Dame pour convaincre ceux du Logis, que c'étoit elle même, dit au Valet qui vint à la porte, que les Chevaux étoient montez au grenier; ce qui fe trouva vrai; & on voit encore aux fenêtres du grenier de cette maifon, des têtes de Chevaux en bois, en figne de la vérité de la chofe.

François de Civile, Gentilhomme Norman (d), étoit Capitaine de cent hommes dans la ville de Rouen, lorfqu'elle fut affiégée par Charles IX. & avoit alors 26 ans, Il fut bleffé à mort à la fin d'un affaut, & étant tombé dans le foffé, quelques pion (d) Miffon, voyage, t. Și

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