morts de maladies chaudes, & qui ont con-
fervé dans leurs tombeaux un refte de vie
à peu près, comme ces animaux dont nous
avons parlé, & comme ces oifeaux qui
s'enfoncent pendant l'hiver dans les lacs où
les marais de la Pologne & des pays Sep-
tentrionaux, ils font fans refpiration & fans
mouvement, mais non toute fois fans vie.
Ils reprennent leur mouvement & leur ac-
tivité, lorfqu'au retour du Printems le So-
leil échauffe les eaux, ou lorfqu'on les ap-
proche d'un feu mederé ou qu'on les ap-
porte dans une poile échaufé d'une chaleur
temperée. Alors on les voit revivre & faire
leurs fonctions ordinaires, que le froid
avoit fufpenduës.

Ainfi les Vampires dans leurs tombeaux reprennent vie après un certain temps & leur ame ne les abandonne abfolument qu'après l'entiere diffolution & la décompofition des parties de leur corps, & lorfque les organes étant abfolument brifés, corrompus & dérangés, elle ne peut plus faire par leur moyen aucunes fonctions vitales; d'où vient que les peuples des pays dont nous avons parlé, les empalent, leurs coupent la tête, les brûlent, pour ôter à leurs ames toute efperance de les animer de nouveau, & de s'en fervir pour molefter les vivans.

Pline parlant (a) de l'ame d'Hermotime de Clazomene,qui s'abfentoit de fon corps & racontoit diverfes chofes éloignées qu'elle difoit avoir vuës, & qui en effet ne pouvoient être connues que d'une perfonne qui y auroit été préfente, dit que les ennemis d'Hermotime nommés Canthandes brûlerent ce corps,qui ne donnoit prefque aucun figne de vie & otérent ainfi à l'ame le moyen de revenir loger dans fon étuy : Donec cremato corpore interim Semianimi remeanti animæ, velut vaginam ademerint.

Origene avoit fans doute puifé dans les anciens ce qu'il enfeigne (b) que les ames qui de leur nature font fpirituelles prennent au fortir de leurs corps terreftres, un autre corps fubtile, d'une forme toute femblable au corps groffier qu'elles viennent de quitter qui eft à leur égard comme une efpece de foureau ou d'étui, & que c'eft avec ce corps fubtil qu'elles apparoiffent quelque fois autour de leur tombeau. Il fonde fon fentiment fur ce qui eft dit dans l'Evangile, du Lazare & du mauvais Riche (c), qui ont tous deux des corps, puifqu'ils fe parlent, & fe voyent, & que le mauvais

(a) Plin. Hift. nátur. 1. 7. c. 52.

(6) Orig. de Refurr. fragment. t. 1. p. 35. nov. edit.

& contra Celfum 1.7. p. 697.

(c) Luc XVI. v. 27. 28.

Riche demande une goute d'eau pour rafraichir fa langue. Je ne garantis pas ce raifonnement d'Origene; mais ce qu'il dit d'un corps fubtil, qui a la forme du corps terreftre, dont l'ame étoit revetuë avant fa mort, cft tout a fait femblable au fentiment des anciens dont nous avons parlé ci-devant art. IV.

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Que les corps qui font morts de maladie violente, ou qui ont été exécutés pleins de fanté, ou qui font fimplement évanouis, vegetent fous la terre & dans leurs tombeaux, que leurs barbes, leurs cheveux & leurs ongles croiffent; qu'ils rendent du fang, qu'ils foit fouples & maniables, qu'ils ne fentent point mauvais, qu'ils rendent des excremens, ou chofes femblables, ce n'eft pas ce qui nous embaraffe, la végétation du corps humain peut produire tous ces effets; qu'ils mangent même & qu'ils dévorent ce qui eft autour d'eux ; la rage dont un homme enterré tout vivant, eft tranfporté, lorfqu'il fe reveille de fon engourdiffement, où de fa fyncope, doit naturellement le porter à ces excès de violence.

Mais la grande difficulté eft d'expliquer comment les Vampires fortent de leurs tombeaux, pour venir infester les vivans, &

lations que nous voyons, fuppofent la chofe comme certaine fans nous en raconter ni la maniere, ni les circonstances qui feroient pourtant ce qu'il y auroit de plus intéreffant dans ce récit. Comment un corps couvert de quatre ou cinq pieds de terre n'ayant aucun jeu pour se mouvoir & fe débaraffer, enveloppé de linges, couvert d'aix, peut-il fe faire jour & revenir fur la terre, & y caufer les effets que l'on en raconte, & comment après cela retourne-t'il en fon premier état, & rentre-t'il fous la terre, où on le trouve fain, entier, plein de fang & dans la fituation d'un corps vivant Dira-t'on que ces corps pénétrent les terres fans les ouvrir, comme l'eau & les vapeurs qui entrent dans la terre, ou qui en fortent, fans en déranger fenfiblement les parties; il feroit à fouhaiter que les relations que l'on nous a données du retour des Vampires, fe fuffent mieux expliquées fur ce fujet.

蘇菜

LXIII.

Indices du Vampirisme dans les cimetieres.

Ciculier, eft que quand on eft infesté par quelques Vampires, on va au cimetiere, & l'on regarde les foffes, où il y a deux ou trois ou plufieurs trous (a) de la groffeur du doigt, qu'alors on fouille dans la foffe & l'on ne manque pas d'y trouver un corps fouple, maniable, vermeil, & fi on lui coupe la tête, il fort de ses veines & de fes arteres un fang fluide, vermeille & en abondance. Ces troux qui fe voyent dans la terre, qui couvre ces Vampires, pouroient→ ils contribuer à leur conferver une espece de vie, de refpiration, de végétation, & rendre plus croyable leur retour parmi les vivans? c'eft ce qui ne paroît nullement probable.

E que j'ai pu apprendre de plus par

Thomas Bartholin, (b) que j'ai déja cité, raconte après une ancienne Magicienne nommée Lendela, dont l'ouvrage n'a jamais été imprimé, qu'un homme nom◄ mé Harppe ordonna à fa femme de l'enter

(a) M. le Général de Grun en 1744. étant à Remire

(b) Bartolin. de caufa contemptus mort. l. 2. p. 268.