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champ; il récita encore l'Oraifon Domi nicale; puis le Diacre (S. Etienne) lui fit le figne de la croix fur le coeur, & lui dit de fe lever en pleine fanté,

Un jeune homme (b) Catechumene, qui étoit mort depuis trois jours, ayant été réfufcité par les priéres de S. Martin, racontoit qu'après fa mort, il avoit été présenté devant le Tribunal du Souverain Juge, qui l'avoit condamné & envoyé avec une grande troupe dans des lieux ténébreux, qu'alors deux Anges ayant repréfenté au Juge, que c'étoit un homme pour qui S. Martin avoit intercédé, le Juge ordonna aux Anges de le renvoyer au monde, & de le rendre à Martin, ce qui fut exécuté; il fut bap-. tifé, & vécut depuis affez long-temps.

i

Saint Salvi Evêque d'Alby (c), ayant été attaqué d'une groffe fiévre, paffa pour mort. On le leva, on le revêtit, on le mit fur un brancard, & l'on paffa la nuit en priéres auprès de lui; le lendemain matin on le vit remuer; il parut s'éveiller d'un profond fommeil, il ouvrit les yeux; & levant la main au Ciel, il dit: Ah! Seigneur, pourquoi m'avez-vous renvoyé en ce féjour ténébreux ? Il fe leva entierement guéri fans vouloir parler. Mais quelques jours

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après il raconta comme deux Anges l'avoient enlevé au Ciel, où il avoit vû la gloire du Paradis, & avoit été renvoyé malgré lui, pour vivre encore fur la terre. Saint Grégoire de Tours prend Dieu à témoin, qu'il avoit appris cette histoire de la propre bouche de S. Salvi.

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L X X I.

Vifion de Vetin, Moine d'Augie.

UN Moine d'Augie-la-Riche, nommé

Vetin ou Guetin, qui vivoit en 824. étant tombé malade, étant fur fon lit les yeux fermés; mais n'étant pas encore endormi, vit entrer un Démon fous la forme d'un Clerc, d'une horrible difformité, qui lui montrant des inftrumens de fupplice qu'il tenoit en main, le menaçoit de lui en faire bientôt reffentir les effets. En même temps il vit entrer dans fa chambre une multitude de mauvais efprits, portant des inftrumens comme pour lui bâtir un tombeau, qu un cercueil pour l'y enfermer. Auffitôt il parut des perfonnages férieux & d'un air grave en habit religieux, qui firent fortir ces Démons. Puis Vetin vit un

(a) Vifio Vetini feu Gretini- | 265. Jac. IV. Benedict. part. 1. p.

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Ange environné de lumiéres, qui vint fe préfenter au pied de fon lit, & le conduifit par un chemin très-agréable entre des montagnes d'une hauteur extraordinaire pied defquelles couloit un grand fleuve, dans lequel étoit une multitude de damnés, qui fouffroient des tourmens divers, felon la qualité & l'énormité de leurs crimes. Il y en vit plufieurs de fa connoiffance, entr'autres des Prélats, des Prêtres coupables, qui étoient attachés par le dos à des pieux, & brûlés par un feu allumé au-deffous d'eux; les femmes leurs complices fouffroient le même tourment vis-à-vis d'eux.

Il y vit auffi un Moine qui s'étoit laissé aller à l'avarice, & à pofféder de l'argent en propre, qui devoit expier fon crime dans un cercueil de plomb jufqu'au jour du Jugement. Il y remarqua des Abbés, des Evêques & même l'Empereur Charlemagne, qui expioient leurs fautes par le feu, mais qui en devoient être délivrés dans un certain temps. Il y remarqua auffi la demeure des Bienheureux dans le Ciel, chacun dans fon rang & felon fes mérites. L'Ange du Seigneur lui déclara enfuite les crimes qui étoient les plus communs & les plus odieux aux yeux de Dieu. Il nomme en particulier la Sodomie comme le crime

le plus abominable. Après l'Office de la nuit, l'Abbé vint vifiter le malade, qui lui raconta au long toute cette vifion, & l'Abbé la fit écrire auffi-tôt. Vétin vécut encore deux jours, & ayant prédit qu'il n'avoit plus que le troifiéme jour à vivre, il fe recommanda aux priéres des Religieux, reçut le faint Viatique, & mourut en paix le 31. d'Octobre 824.

LXXII.

Vifion de Bertholde, rapportée par Hincmar de Reims.

L

E fameux Hincmar (a) Archevêque

de Reims, dans une Lettre circulaire qu'il écrivit aux Evêques fes Suffragans & aux Fidéles de fon Diocèfe, raconte qu'un homme appellé Bertholde, qui étoit de fa connoiffance, étant tombé malade, & ayant reçû tous fes Sacremens, fut pendant quatre jours fans prendre aucune nourriture; le quatrième jour il demeura si foible, qu'à peine lui trouvoit-on un peu de palpitation & de refpiration. Sur le minuit il appella sa femme, & lui dit de faire venir promptement fon Confeffeur. Le Prêtre n'étoit encore que dans la cour de

devant le logis, que Bertholde dit : Mettez ici un fiége, car le Prêtre va venir, il entra, dit quelques priéres aufquelles Bertholde répondit; puis il lui raconta la vifion qu'il avoit eue. Au fortir de ce monde, dit-il, j'ai vû quarante-un Evêques entre lefquels étoit Ebbon, Leopardelle & Enée, qui étoient couverts de mauvais habits noirs, fales & brûlés par les flâmes. Pour eux, ils étoient tantôt brûlés par les flâmes, & tantôt gelés d'un froid infupportable. Ebbon lui dit : Allez vers mes Clercs & mes amis, & dites-leur d'offrir pour nous le faint Sacrifice. Bertolde obéit, & retournant où il avoit vû les Evêques, il les trouva bien vêtus, rafés, baignés & pleins de joie.

Un peu plus loin, il vît le Roi Charles (b), qui étoit comme rongé de vers. Ce Prince le pria d'aller dire à Hincmar de le foulager dans fes maux. Hincmar dit la Meffe pour lui, & le Roi Charles fe trouva foulagé. Il vit enfuite l'Evêque Jeffé (d'Orléans) qui étoit fur un puits, & quatre Démons qui le plongeoient dans la poix bouillante, puis le jettoient dans une eau glacée. On pria pour lui, & il fut foulagé. Il vit enfuite le Comte Othaire, qui étoit de même dans les tourmens. Bertolde pria (b) Apparemment Charles Chauve, mort en 875.

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