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LX XIV.

Vifion d'un Proteftant d'York.

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Oici un autre exemple arrivé en 1698. à un prétendu Réformé (a). Un Miniftre de la Province d'York, du lieu nommé Hipley, & qui s'appelloit Henry Watz, étant tombé le 15 d'Août en apoplexie, fut mis le 17. dans un cercueil pour être enterré. Mais comme on alloit le mettre dans la foffe, il jetta un grand cri, qui effraya. tous les gens du Convoi, on le tira promptement hors du cercueil; & dès qu'il fut revenu à lui, il raconta plufieurs chofes furprenantes,qu'il difoit lui avoir été révélées pendant fon extafe, qui dura 48. heures. Le 24. du même mois, il fit un difcours fort touchant à ceux qui l'avoient accompagné le jour qu'on le portoit au tombeau.

On traitera, fi l'on veut, tout cela de vifion & de conte; mais on ne peut croire qu'on n'y reconnoiffe la créance de l'Enfer, du Paradis, du Purgatoire, de l'efficace des Priéres pour les Morts, des apparitions des Anges, & des Démons, qui tourmentent les damnés, & les ames à qui (a) Larrey Hift. de Louis XIV. an 1698. p. 68.

il refte quelque chofe à expier dans l'au

tre vie.

L X X V.

Conclufion de cette Differtation.

Pour reprendre en peu de mots tout ce

que nous avons rapporté dans cette Differtation nous y avons montré, 1o. qu'une réfurrection proprement dite d'une perfonne morte depuis un temps confiderable, & dont le corps étoit ou corrompu, ou puant, ou prêt à fe corrompre, comme celui de Pierre, enterré depuis trois ans, réfufcité par faint Staniflas, ou celui de Lazare, qui étoit depuis quatre jours dans le tombeau, & déja fentant une odeur cadavreufe; qu'une telle réfurrection eft un ouvrage de la feule toute-puiffance de Dieu.

2°. Que de perfonnes noyées, tombées en fyncope, en léthargie, ou extafiées, ou tenues pour mortes, de quelque maniere que ce foit, peuvent être guéries & rappellées à la vie, à leur mouvement ordinaire, à leur premiere fanté fans aucun miracle; mais par les feules forces de la Médecine, ou par une industrie naturelle & fans aucun myftere; mais par la patience,

même en fon premier état, que le cœur reprenne fon mouvement, & que le fang coule librement de nouveau dans les arte

res, les veines & les efprits vitaux & animaux dans les nerfs.

3°. Que les Oupires, ou Vampires, ou Revenans de Moravie, de Hongrie, de Pologne, &c. dont on raconte des chofes fi extraordinaires, fi détaillées, fi circonftanciées, revêtues de toutes les formalités capables de les faire croire, & de les prouver même juridiquement pardevant les Juges, & dans les Tribunaux les plus féveres & les plus exactes; que tout ce qu'on dit de leur retour à la vie, de leurs apparitions, du trouble qu'elles caufent dans les villes & dans les campagnes, de la mort qu'ils donnent aux perfonnes en leur fuçant le fang, ou en leur faifant figne de les fuivre ; que tout cela n'eft qu'illufion, & une fuite de l'imagination frappée & fortement prévenue. L'on ne peut citer aucun témoin fenfé, ferieux, non prévenu, qui puiffe témoigner avoir vû, touché, interrogé, fenti, examiné de fang froid ces Revenans, qui puiffe affurer la réalité de leur retour, & des effets qu'on leur attribue.

Je ne nierai point que des perfonnes ne foient mortes de frayeur, s'imaginant voir leurs proches, qui les appelloient au tom

beau, que d'autres n'ayent crû oüir frapper à leurs portes, les harceler, les inquiéter; en un mot, leur caufer des maladies mortelles; & que ces perfonnes interrogées juridiquement, n'ayent répondu qu'elles avoient vû & oui, ce que leur imagination frappée leur avoit représenté. Mais je demande des témoins non préoccupés, fans frayeur, fans interêt, fans paffion; qui affurent après de férieuses réfléxions, qu'ils ont vû, oüi, interrogé ces Vampires, & qu'ils ont été témoins de leurs opérations & je fuis perfuadé qu'on n'en trouvera aucun de cette forte.

L X X V I.

?

Incertitude de tout ce qu'on dit des Vampires.

A&J'ai Uffi j'ai appris d'un homme très-éclairé & très-bon efprit (a), que le Roy Louis XV. voulant favoir la vérité de ces faits, ordonna au Duc de Richelieu fon Ambaffadeur à Vienne en Autriche, d'examiner exactement la chofe, d'en voir les procès verbaux, & de lui en rendre compte, Le Duc fe fit inftruire de tout avec la derniere exactitude, & répondit au Roi

!

(4) M. le Marquis de d'Ypres en 1744,

que rien ne paroiffoit plus certain que ce qu'on publioit des Revenans de Hongrie. Les incrédules ne fe rendirent pas, & fupplierent le Roy d'ordonner de nouveau à fon Ambaffadeur de fe tranfporter fur les lieux, & de voir tout par lui-même. Il obéit, & trouva dans tout ce qu'on difoit des Vampires & des Redivives, plus de prévention & d'imagination que de vérité. De forte qu'encore aujourd'hui dans la Cour de Vienne, il y a fur cela deux partis, dont les uns tiennent pour la vérité de ces apparitions, & les autres les tiennent pour chimeriques & illufoires.

Et J'ai en main une Lettre, qui m'a été écrite de Varfovie le 3. Février 1745. par le R. P. Sliwiski, Visiteur de la Province des Peres de la Miffion de Pologne, qu'ayant étudié avec grand foin cette matiere, & s'étant propofé de composer fur ce fujet une Differtation Théologique & Phyfique, il avoit ramaffé des Mémoires dans cette vûë, mais que les occupations de Vifiteur & de Supérieur de la Maison de fa Congrégation de Varfovie, ne lui avoient pas permis d'exécuter fon projet. Qu'il a depuis recherché inutilement ces Mémoires, qui probablement font demeureés entre les mains de quelques-uns de ceux à qui il les avoit communiqués. Qu'il

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