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L X X I X.

Ce qu'on raconte des corps des Excommuniés qui fertent de l'Eglife, fujets à de très-grandes difficultés.

8°.

Uelque refpect que j'aye pour S. Gregoire le Grand, qui rapporte les exemples de perfonnes mortes excommuniées, qui fortoient de l'Eglife à la vûë de tout le monde, & quelque confideration que méritent les autres Auteurs que j'ai cités, & qui racontent d'autres faits femblables & même plus incroyables, je ne puis croire que nous ayons ces hiftoires avec toutes leurs circonftances; & après les raifons de douter, que j'ai rapportées à la fuire de ces hiftoires, je crois pouvoir dire encore, que Dieu pour infpirer aux peuples une plus grande terreur des excommunications, & un plus grand refpect pour les fentences & les cenfures de 1 Eglife, a voulu dans ces occafions, qui ne nous font pas bien connues, faire éclater fa puissance, opérer des miracles à la vûë des Fidé les; car comment expliquer tout cela fans recourir au miracle?

9. Tout ce quon dit des perfonnes mortes, qui mâchent fous la terre dans leurs

point d'autre caufe de leur incorruption, ce qu'on ne prouvera jamais.

De plus, une chofe auffi équivoque que l'incorruption ne peut pas être employée en preuve, dans une matiere auffi ferieufe que celle ci. L'on convient que fouvent les corps des Saints font préfervés de corruption; cela paffe pour certain chez les Grecs comme chez les Latins ; l'on ne peut donc pas conclure que cette même incorruption foit une preuve qu'une personne eft excommuniée.

Enfin cette preuve eft équivoque & générale, ou feulement particuliere, je veux dire, tous les excommuniés demeurent fans corruption, ou feulement quelques-uns. On ne peut pas foutenir que tous ceux qui

meurent dans l'excommunication, font incorruptibles. Il faudroit pour cela que tous les Latins envers les Grecs, & les Grecs envers les Latins, fuffent incorruptibles, ce qui n'eft pas. Cette preuve eft donc frivole, & ne conclut rien. Je me défie beaucoup de toutes ces hiftoires que l'on rapporte pour prouver cette prétendue incorruption des perfonnes excommuniées. Si on les examinoit de près, on y trouveroit fans doute bien du faux.

vivans, les faire mourir, les maltraiter : c'eft ce qui n'a jamais été, ni prouvé, ni conftaté d'une maniere, qui puiffe autorifer perfonne à ufer d'une pareille inhumanité, ni à deshonorer, faire mourir ignominieufement, fur des accufations vagues, frivoles, non prouvées, des perfonnes certainement innocentes de la chofe dont on les charge. Car rien n'eft plus mal fondé que ce qu'on dit des apparitions, des vexations, des troubles caufés par les prétendus Vampires & par les Broucolaques. Je ne fuis pas furpris que la Sorbonne ait condamné les exécutions fanglantes & violentes que l'on exerce fur ces fortes de corps morts; mais il est étonnant que les Puiflances féculieres & les Magiftrats n'employent pas leur autorité & la févérité des Loix, pour les réprimer.

L X X X.

Les dévouemens magiques, ouvrage du Démon. Leur efficace fans preuves.

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11°. L Es dévouemens magiques, les fafcinations, les évocations dont nous avons parlé, font des œuvres de ténébres, des operations de Satan; fi elles ont quelque réalité, ce que j'ai peine à

croire pour les dévouemens & les évocations des Manes, ou des ames des perfonnes mortes; car pour les fafcinations ou les illufions des fens, il femble qu'il eft malaifé de n'en pas admettre quelques-unes, comme lorfqu'on croit voir ce qui n'eft pas, ou qu'on ne voit pas ce qui eft préfent à nos yeux, ou qu'on croit entendre ce qui ne frappe pas nos oreilles, ou au contraire. Mais dire que le Démon peut donner la mort à une perfonne, parce qu'on a formé fa ftatue en cire, ou qu'on lui a donné fon nom avec quelques cérémonies fuperftitieufes, & qu'on l'a dévouée, en forte que la perfonne fe fente mourir à mefure que la figure de cire fe confume, c'est donner au Démon trop de pouvoir & à la magie trop d'efficace. Dieu peut, quand il veut lâcher la bride à l'ennemi du genre humain, & lui permettre de nous caufer le mal, que lui-même ou fes fuppôts cherchent à nous faire; mais il feroit ridicule de croire que la magie puiffe déterminer le fouverain. Maître de la nature à permettre au Démon de nous nuire, ou de s'imaginer que le Magicien ait le pouvoir de faire agir contre nous le Démon, indépendamment de Dieu.

12°. L'exemple de ce Païfan de Delne, qui donna fon enfant au Diable, & à qui le Diable ôta la vie, & puis la lui rendit,

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vivans, les faire mourir, les maltraiter : c'eft ce qui n'a jamais été, ni prouvé, ni conftaté d'une maniere, qui puiffe autorifer perfonne à ufer d'une pareille inhumanité, ni à deshonorer, faire mourir ignominieufement, fur des accufations vagues, frivoles, non prouvées, des perfonnes certainement innocentes de la chofe dont on les charge. Car rien n'eft plus mal fondé que ce qu'on dit des apparitions, des vexations, des troubles caufés par les prétendus Vampires & par les Broucolaques. Je ne fuis pas furpris que la Sorbonne ait condamné les exécutions fanglantes & violentes que l'on exerce fur ces fortes de corps morts; mais il eft étonnant que les Puiffances féculieres & les Magiftrats n'employent pas leur autorité & la févérité des Loix, pour les réprimer.

L X X X.

Les dévouemens magiques, ouvrage du Démon. Leur efficace fans preuves.

11°. Es dévouemens magiques, les fafcinations, les évocations, dont nous avons parlé, font des oeuvres de ténébres, des operations de Satan; fi elles ont quelque réalité, ce que j'ai peine à

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