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Egyptiens, les Grecs & les Romains, les Payens & les Chrétiens, ont parlé de l'état des ames après leur mort, d'une feçon affez uniforme quant au fond du dogme, mais fort différente dans la maniere & dans les circonftances. Ceux des Grecs & des Latins Payens, qui ont raconté ce qu'ils ont vû en l'autre vie pendant leurs abfences, ou leurs extafes, ou leurs fyncopes, comme Eucrate, Eros, Theopefius, Enarque, Curma, Vetin, Hincmar, faint Furfy, &c. ont rapporté les chofes chacun felon leurs préjugés & les principes de leur Religion. Le Payen y mêlera fes erreurs touchant le regne de Pluton,la Métempsycofe, les Champs Elifiens; le Chrétien parlera d'Anges & de Démons, exécuteurs des volontés du Très-Haut. Le Payen parlera de Minos, de Rhadamante, des fupplices de Tantale & de Sifiphe, de la Barque de Caron, du fleuve Lethé, &c. Le Chrétien y verra les méchans dans les flâmes, les Démons exerçant contre eux leur rage & leur vengeance; les ames des Juftes dans la Gloire & dans une paix éternelle; les ames à qui il refte quelque chofe à expier doivent attendre le fecours des Priéres & des Sacrifices offerts par les vivans, & les effets de la miféricorde de Dieu, pour achever leur bonheur, accourcir le temps

de leurs peines. Le Payen parlera autre

ment.

Mais tous conviennent dans ce point que l'ame de l'homme eft immortelle, qu'il y a un Etre très jufte & tout puiffant qui juge les mortels fuivant le mérite de leurs œuvres bonnes ou mauvaises, qui récompenfe les bonnes d'un bonheur infini & éternel, & punit les mauvaises & les crimes par des fupplices éternels & proportionnés à la grandeur des péchés. Ces fentimens paroiffent dans les Auteurs facrés & dans les prophanes d'une maniere fixe & uniforme.

Egyptiens, les Grecs & les Romains, les Payens & les Chrétiens, ont parlé de l'état des ames après leur mort, d'une feçon affez uniforme quant au fond du dogme, mais fort différente dans la maniere & dans les circonftances. Ceux des Grecs & des La tins Payens, qui ont raconté ce qu'ils ont vû en l'autre vie pendant leurs abfences, ou leurs extafes, où leurs fyncopes, comme Eucrate, Eros, Theopefius, Enarque Curma, Vetin, Hincmar, faint Furfy, &c. ont rapporté les chofes chacun felon leurs préjugés & les principes de leur Religion. Le Payen y mêlera fes erreurs touchant le regne de Pluton,la Métempsycofe, les Champs Elifiens; le Chrétien parlera d'Anges & de Démons, exécuteurs des volontés du Très-Haut. Le Payen parlera de Minos, de Rhadamante, des fupplices de Tantale & de Sifiphe, de la Barque de Caron, du fleuve Lethé, &c. Le Chrétien y verra les méchans dans les flâmes, les Démons exerçant contre eux leur rage & leur vengeance; les ames des Juftes dans la Gloire & dans une paix éternelle; les ames à qui il refte quelque chofe à expier doivent attendre le fecours des Priéres & des Sacrifices offerts par les vivans, & les effets de la miféricorde de Dieu, pour achever leur bonheur, & accourcir le temps

PREFACE.

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L'Mars dernier 1er, a fait trop de bruis dans 'Avanture qui eft arrivée à S. Maur au mois de Baris, & même à la Cour, pour que le public ne voye pas avec plaifir cette petite Differtation à laquelle elle a donné lieu D'ailleurs la matiere dont elle traite eft des plus curieufes. On a parlé des Efprits dans tous les tems. La plupart des Hiftoires font rem plies d'un nombre infini d'apparitions. Le peuple qui les croit toutes, en raconte tous les jours de nouvelles, qu'il circonftancie diversement. Parmi les Sçavans quelques-uns les croyent, étant emportés par les préjugés de l'enfance d'autres les nient par cette feule raifon, que ce feroit penfer comme le vulgaire: & la plupart font fur ce fujer dans un doute qui leur paroit d'autant plus raisonnable, que l'Ecriture ni l'Eglife n'en ont rien déterminé, Il feroit à Jouhaiter que quelque perfonne d'une fcience confommée, mis dans tout fon jour une question fi profonde; & c'eft pour en faire naître l'envie à ceux qui en feroient capables, qu'on donne au Public cette Lettre en forme de Differtation, qui peut être regardée comme l'ef fai & l'ébauche d'un Ouvrage qui feroit d'une grande utilité. Au moins eft-ce le feul motif qui a fait réfoudre l'Auteur à permettre qu'on rendit publique une Lettre,qu'il n'a écrite que pour fatisfaire la curiofité de quelques perfonnes de fes amis.

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DE L'APPARITION

DES ESPRITS;

A l'occafion de l'Avanture arrivée à
S. Maur en 1706.

OUS m'avez prévenu, Monfieur, aut fujet de l'Efprit de S. Maur qui fait tant de bruit à Paris car j'étois dans la réfolution de vous envoyer un petit détail de cet' événement, afin que vous me fiffiez part de vos réflexions fur une matiére fi délicate, & qui inté reffe fi fort tout le Public. Mais puifque vous avés lû la Relation de M. T. je ne puis comprendre que vous ayez hélité un moment à vous déterminer fur ce que vous en deviez penfer. Ce que vous me faites l'honneur de me dire, que vous avez fufpendu vôtre jugement jufqu'à ce que je vous cuffe fait part du mien, m'eft trop glorieux, pour que je puiffe me le perfuader; & je trouve plus d'apparence à croire que c'eft un tour que vous me voulez jouer, pour voir de quelle maniere je me tirerai d'un pas fi gliffant. Cependant je ne puis ré

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