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apporté. (c) Ils croyoient auffi que les Démons aimoient la fumée des facrifices, la melodie, le fang des victimes, le commerce des femmes; qu'ils étoient attachés pour un tems à certains lieux, & à certains édifices qu'ils infeftoient, & où ils apparoiffoient.

Ils tenoient que les ames féparées de leurs corps groffiers & terreftres, confervoient après leur mort un corps plus fubtil & plus délié, ayant la figure de celui qu'elles avoient quitté que ces corps étoient lumineux & femblables aux aftres; qu'elles confervoient de l'inclination pour les chofes qu'elles avoient aimées pendant leur vie; que fouvent elles apparoiffoient autour de leurs (d) tombeaux. Quand l'ame de Patrocle apparut à Achille, elle avoit fa voix, fa taille, fes yeux, fes habits; mais non pas fon corps (e) palpable. Ulyffe raconte qu'étant defcendu aux Enfers, il y vit le divin Hercule; c'est-àdire, ajoute-t'il, fon image; (f) car pour lui il ejt avec les Dieux immortels & affifte à leurs feftins. Didon dit qu'elle ira après sa mort aux Enfers; c'eft-à-dire, que fon

(c) Aug. Serm. 15 de Sanctis & quaft. in Deut. l. 5.c. | 47. vide Spencer, de Legib.

(d) Orig. Pram. 1. de 1, princip. Idem. l. 7.

(e) Iliad. XXIII,

image y defcendra, mais plus grande que le naturel.

Et tunc magna mei fub terras ibit imago(g).

Le pieux Enée reconnut la figure de fa femme Creüfe, qui lui apparut fous fa forme ordinaire, mais d'une taille plus grande & plus avantageufe.

Infelix fimulacrum atque ipfius umbra Creufe vifa mihi ante oculos, & notâ major (h) imago. Tite dans la harangue qu'il fit à fes Soldats, pour les animer à monter à l'affaut de la Tour Antonia à Jerufalem, leur dit: (i) Qui ne fait que les ames de ceux qui s'expofent généreufement aux périls & qui meurent à la guerre, s'élevent jufqu'aux aftres & y font reçûës au haut du Ciel, & apparoiffent comme de bons Génies après leur mort à leurs parens; au lieu que ceux qui meurent de maladie,quoiqu'ils ayent vêcus dans la juftice, font plongées fous terre dans l'oubli & dans les ténébres, enforte qu'on ne pense non plus à eux après leur mort que s'ils n'avoient jamais été.

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XVII.

Sentimens des anciens Peres Grecs & Latins fur le retour des ames.

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N voit clairement ces fentimens dans Origenes, dans Tertullien, dans S. Irenée. Origenes dans le fecond Livre contre Celfe, rapporte & approuve le fentiment de Platon, qui dit qu'on voit autour des fépulcres les ombres & les images des morts, qui ne font autre que l'ame dégagée d'un corps groffier, mais non encore entierement débaraffée de la matiere qui l'environne; ces ames deviennent enfin lumineufes, tranfparentes, fubtiles ou plûtôt elles font portées dans des corps lumineux & tranfparans comme dans un chariot, (a) où elles paroiffent aux vivans; Origenes (b) ne fait aucun doute que S. Thomas ne crut que l'ame de J. C. pouvoit apparoître à Marie; mais Thomas doutoit que J. C. fût reffufcité avec fon propre corps.

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Tertullien (c) dans fon Livre de l'Ame, foutient qu'elle eft corporelle & qu'elle a une certaine figure, il en appelle à l'ex

(4) Suidas in A'vyosides. I celfum.

image y defcendra, mais plus grande que le naturel.

Et tunc magna mei fub terras ibit imago(g).

Le pieux Enée reconnut la figure de fa femme Creüfe, qui lui apparut fous fa forme ordinaire mais d'une taille plus grande & plus avantageufe.

Infelix fimulacrum atque ipfius umbra Creufæ vifa mihi ante oculos, & notâ major (h) imago. Tite dans la harangue qu'il fit à fes Soldats, pour les animer à monter à l'affaut de la Tour Antonia à Jerufalem, leur dit: (i) Qui ne fait que les ames de ceux qui s'expofent généreufement aux périls & qui meurent à la guerre, s'élevent jufqu'aux aftres & y font reçûës au haut du Ciel, & apparoiffent comme de bons Génies après leur mort à leurs parens; au lieu que ceux qui meurent de maladie,quoiqu'ils ayent vêcus dans la juftice, font plongées fous terre dans l'oubli & dans les ténébres, enforte qu'on ne pense non plus à eux après leur mort, que s'ils n'avoient jamais été.

(g) Virg. Æneid. 1.

(b) Æneid. 11. 7. 773,

(i) Jofep. de Bello Jud.l.6.c.1.

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X VI I.

Sentimens des anciens Peres Grecs & Latins fur le retour des ames.

N voit clairement ces fentimens dans Origenes, dans Tertullien, dans S. Irenée. Origenes dans le fecond Livre contre Celfe, rapporte & approuve le fentiment de Platon, qui dit qu'on voit autour des fépulcres les ombres & les images des morts, qui ne font autre que l'ame dégagée d'un corps groffier, mais non encore entierement débaraffée de la matiere qui l'environne; ces ames deviennent enfin lumineufes, tranfparentes, fubtiles ou plûtôt elles font portées dans des corps lumineux & tranfparans comme dans un chariot, (a) où elles paroiffent aux vivans; Origenes (b) ne fait aucun doute que S. Thomas ne crut que l'ame de J. C. pouvoit apparoître à Marie; mais Thomas doutoit que J. C. fût reffufcité avec fon propre corps.

Tertullien (c) dans fon Livre de l'Ame, foutient qu'elle eft corporelle & qu'elle a une certaine figure, il en appelle à l'ex

(a) Suidas in A'vyotides. I celfum.

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