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Saumaife, & le confeil qui en résulta. Quoique l'Auteur dont j'emprunte ces faits foit anonyme, je ne crois pas néanmoins qu'il ait eu la hardieffe de les produire comme véritables, s'ils ne s'étoient confervés du moins par une tradition particuliere ou dans la Province, ou dans les familles. Il s'en trouve plufieurs autres que nous n'avons connus que par les mêmes voyes. J'ai déja rapporté cette derniere Hiftoire, mais d'une maniere plus abregée, & avec une circonftance différente, en ce que j'ai dit après mes garans, que le paffage révélé étoit grec & non Syriaque. Je crains que cette diverfité ne faffe douter de la vérité de l'un & de l'autre.

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Je ne fçai fi l'on doit mettre l'efprit de Socrate (d) au nombre des bons Efprits, puifque Socrate étoit un Payen, qui ne connoiffoit ni le vrai Dieu, ni fes Anges; il avançoit que dès fa jeuneffe, il avoit un Génie qui le fuivoit, & le détournoit, de faire ce qui n'étoit ni jufte, ni avanta geux; mais cet Efprit ne lui infpiroit pas ce qu'il eut dû faire, feulement il l'empê choit de faire certaines chofes.

On raconte de lui qu'après la défaite de l'armée Athénienne commandée par le, Prêteur Dachés, (e) Socrate fuyant avec

(d) Plato in Theage, Plu- () Cicero de Divinar

ce Général Athénien, & étant arrivé en un lieu, où aboutiffoient plufieurs chemins différens, il ne voulut pas fuivre la route: que prenoient les autres fuyards; on lui en demanda la raifon; il répondit que fon Démon l'en détournoit, l'évenement juf tifia fa prévoyance. Tous ceux qui avoient pris un autre chemin que Socrate, furent tués ou faits prifonniers par la Cavalerie

ennemie.

Ariftote affure qu'il a connu un homme nommé Thafius, qui avoit inceffam ment autour de lui un Efprit fous la figure humaine, qui étoit invifible à tout autre qu'à lui.

Thomas Bartholin (f) dans un ouvrage qu'il a intitulé: Des caufes pourquoi les anciens Danois encore Gentils méprifoient la mort, rapporte qu'ils ne craignoient point de fe battre contre des Spectres, & quelques-uns d'entr'eux avoient la vue fr perçante qu'ils voyoient & de jour & de nuit les phantômes qui leurs apparoiffoient dans l'air; qu'ils pouvoient communiquer. aux autres cette faculté, en les faifant tenir derriere eux & regarder par-deffous leurs bras joints aux côtés, pendant qu'ils prononçoient certaines paroles. Il dir

(f) Bartholin. de caufis | 2. p. 261, contemp mortis, c. l. a.c.

après un Auteur de fa nation nommé Etienne, qu'on voit encore de ces gens dans P'Iflande, qui ont la veuë auffi perçante que le Lynx. J'attribuerai tout cela à la magie, fi l'on veut ; mais il peut fervir à eclair. cir ce que nous venons de voir de Thafius, & ce qu'on raconte auffi de quelques au

tres.

XXI.

Apparitions des Spectres ou des Démons &des Esprits!

Lutarque dont on connoît la gravité & la Sageffe, parle fouvent de Spectres & d'apparitions, il dit par exemple que dans la fameufe bataille de Marathon contre les Perfes, plufieurs foldats virent le phantome de Théfée qui combattoit pour les Grecs contre les ennemis (a).

Le même Plutarque dans la Vie de Sylta, dit que ce Général (b) vit pendant fon fommeil la Déeffe que les Romains adoroient fuivant le Rit des Cappadociens, qui rendent au feu le culte fuprême, foit que ce fut Bellone, ou Minerve, ou la Lune. Cette Divinité fe préfenta devant Sylla & lui mit en main une efpece de foudre, en

(a) Plutarc. in Thefeo. p. (b) Plutarc. in Sylla. 7. Paufanias in Atticis.

lui difant de le lancer contre fes ennemis qu'elle lui nomma les uns après les autres;. qu'en même tems qu'il les frappoit, il les voyoit tomber & expirer à fes pieds. (c) Il y a lieu de croire que cette Déeffe étoit Minerve, à qui le Paganisme attribue comme à Jupiter le droit de lancer la foudre.

Paufanias écrit que 400 ans après la bátaille de Marathon, on y entendoit encore toutes les nuits les henniffemens des cheyaux, & des cris comme de Soldats qui s'animoient au combat. Plutarque parle auffi des Spéctres, qu'on voyoit, & des hurlemens épouvantables qu'on entendoit dans des bains publics, où l'on avoit égorgés plufieurs citoyens de Chéronée fa patries on avoit même été obligé de fermer ces bains; ce qui n'empêcha pas que les voifins. n'y entendiffent encore de grands bruits, & ne viffent de tems en tems aux environs des Spectres terribles (d).

Dion Philofophe difciple de Platon & Général des Syracufains, étant un jour - affis fur le foir tout penfif dans le portique de fa maison, ouit un grand bruit, puis apperçut un Spectre terrible d'une femme d'une grandeur monftrueufe, qui reffembloit à une furie, telle qu'on les dépeint

(c) Dacier, notes fur 1 (d) Plutarq. In Cimene.p. Plutarq. t. IV. p. 241.

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dans les Tragedies. Il étoit encore affés grand jour; & elle commença à balayer la maifon. Dion tout effrayé envoya prier fes amis de le venir voir, & de paffer la nuit avec lui, mais cette femme ne parut plus. Peu de tems après fon fils fe précipita du haut de la maifon, & lui-même fut affaffiné par des conjurés (e).

Marcus Brutus un des meurtriers de Jules Cefar, étant dans fa tente pendant une nuit qui n'étoit pas bien obfcure, vers la troifiéme heure de la nuit, vit entrer une figure monftrueufe & terrible. Brutus lui demanda qui eft tu? Un homme, ou un Dieu, & pourquoi eft tu venu ici? (f) Le Spectre répondit je fuis ton mauvais Génie, tu me verras à Philippes. Brutus lui répondit fans s'effrayer; je t'y verrai. Et étant forti, il alla raconter la chofe à Caffius, quietant de la Secte d'Epicure, & ne croyant point des fortes d'apparitions; lui dit que c'étoit une pure imagination; qu'il n'y avoit n'y Genies, ni autres efprits, qui puffent apparoître aux hommes; que quand ils apparoîtroient, ils n'auroient ni la forme, ni la voix humaine, & ne pourroient rien contre nous, quoique ces raisons raffuraffent un peu Brutus, elles

(e) Idem. In Dione. p. 982. 1001.

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