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I I.

Les ames des morts reviennent quelquefois.

Pour le retour des ames après la mort

des

les faintes Ecritures le fuppofent en plus d'un endroit; par exemple lorfque Saül fait évoquer l'ame de Samuel par (a) la Pythoniffe; que l'évocation ait été réelle ou non ; que l'ame de Samuël ou fon ombre, ou même que rien n'ait apparu à la Pythoniffe, il est toujours vrai que Saul & fes gens, avec le commun des Hébreux croyoient la chofe poffible. Quand Moyfe défend les devins, les augures & les autres fortes de divinations, ily joint la défenfe de demander aux morts la connoiffance de la vérité. (b) Il parle fouvent (c) des hommes remplis de l'efprit de Python, qui découvroient les chofes cachées par la Necromantie, & par d'autres voies illicites, & fuperftitieuses.

Les autres Auteurs facrés en parlent de même; lorfque Jefus Chrift parut marchant fur les eaux pendant la nuit, les Apôtres s'écrierent croyant que c'étoit un

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(c) Lev. 20. 27. Deut. XVII,-11.

(d) phantôme, lorfque le mauvais riche prie Abraham d'envoyer quelqu'un des morts pour annoncer aux vivans de fe garder de tomber comme lui dans les flammes de l'Enfer, (e) il fuppofe vifiblement que les morts peuvent revenir & parler aux vivans. Notre Seigneur dans l'Evangile (f) refute expreffément l'erreur des Saducéens, & montre que leurs amès fubfiftent après leur mort. L'Apôtre S. Thomas ne doutoit point que J. C. ne pût apparoître avec un corps fubtile & aërien à fes Apôtres, mais il doutoit qu'il fut réellement reffufcité en chair & en os. (g) Je ne le croirai point, dit-il, que je n'aye porté ma main dans la plaie de fon cote, & que je n'aye mis mes doigts dans les trous de fes pieds & de fes mains percées par les cloux. Après fa Réfurrection les Apôtres le prirent d'abord pour un Efprit qui leur apparoiffoit, il les raffura en difant, voyés & touches mes pieds, & mes mains; car un Efprit n'a ni chair ni os. Après la mort du Sauveur plusieurs SS. décédés depuis long-tems, reffufciterent & apparurent à plufieurs. (h) Dans la

(1) Matth. XIV. 26. | feq. Ma c. VI. 49.

(e) Luc. XVI. 27% 28.
(1) Matth. XXII, 2 $6.

(g) Joan. XX. 24. 25.
(b) Matth. XXVII. § 2.

Transfiguration on vit Moyfe & Elie qui s'entretenoient (i) avec J. C. Ces fentimens étoient donc alors généralement répandus parmi les Juifs, & ni J. C. ni les Apôtres, ni après eux les Peres de l'Eglife ne fe font pas appliqués à les détruire ni à les refuter. Ils les ont fuppofés & en quelque forte autorifés par leur filence, par leurs difcours & par leur conduite.

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Conféquence qu'on peut tirer de cette doctrine.

ON ne peut donc nier les Apparitions

des Anges, des Démons & des Eprits, fans renverfer toutes les Ecritures qui les rapportent & les fuppofent. Mais il eft permis de raisonner für la maniere dont fe font faites ces Apparitions. Etoientelles réelles ou imaginaires? Les Anges avoient-ils de véritables corps palpables& materiels, ou des corps fubtiles, aëriens, en forme de vapeurs épaiffies, qui les faifoient paroître aux fens comme perfonnes vivantes, parlant, marchant, mangeant agiffant comme compofés de corps animés; ou étoit-ce de fimples phantômes, qui impofoient aux fens & aux yeux des (i) Matth. XVII, 3. Luc. IX. 30.

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A vi

hommes? Ou étoit-ce une efpece de fafcination & d'illufion faite aux yeux & aux fens des fpectateurs, qui croyoient voir, entendre, toucher, ce qui n'étoit rien audehors, & ne fubfiftoit que dans leur imagination trompée, comme il arrive dans Le fommeil, où même dans la veille, quand l'ignorance de la Phyfique nous fait pren dre pour réel, ce qui n'eft qu'apparent, comme quand on plonge un bâton dans l'eau, & qu'il paroît courbé ou rompu, quoiqu'il n'y ait aucun changement dans le bâton, mais feulement dans les rayons vifuels & dans l'impreffion qu'il font fur les yeux, ou ce qui fe paffe dans l'idée des hypocondriaques, qui fe figurent être de terre, de neige, de glace; ou être Rois, Papes, Cardinaux, ou Loup, Chats ou Chiens, & qui parlent & agiffent en conféquence.

» Je ne puis mieux répondre à ces queftions, ni réfoudre ces doutes, que par ces paroles de S. Auguftin: (a) qui » pourra expliquer avec quels corps les » Anges ont apparu aux hommes, en forte » que non-feulement on les voyoit, mais >> même on les touchoit ..... comment ils ont apparu en fonge, & ont parlé com,

(4) Auguft, Enchirid, c. 19,

>> me parlent ceux qu'on voit en fonge; » car les SS. Anges fe font ainfi manifef »tés, quoiqu'ils n'ayent point de corps palpables, ce qui produit une queftion trèsdifficile à réfoudre; fçavoir, comment » les Patriarches leur ont lavé les pieds, >> comment Jacob à pû lutter avec un An»ge revêtu d'un corps palpable. Quand >> on forme fur tout cela des queftions, & » que chacun propofe fes conjectures, ces » recherches, fervent à exercer utilement » l'efprit, pourvû qu'on demeure dans les >> termes d'une recherche modefte, & que » l'on ne fe flatte pas fans raifon de fçavoir » ce que l'on ne fçait pas.

>> Car enfin qu'eft-il néceffaire, ajoute» t-il, d'affurer ou de nier, ou de definir ces »fortes de chofes, qu'on ne peut affurer » fans danger, & qu'on peut ignorer fans » péché & fans aucun inconvenient.

On doit donc fans nier la chofe qui eft certaine, demeurer dans le filence, & avouer fon ignorance fur la maniere dont fe font faites les Apparitions. On me dira que ce n'eft point là réfoudre la difficulté, ni dé lier le noeud qui embaraffe; je l'avoue, mais Dieu n'a pas permis que nous en puffions fçavoir davantage. Quiconque veut trop approfondir la majefté de fes œuvres,

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