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matiere que je traite, eft ce qu'on raconte des Vampires, ou des Revenans de Hongrie, de Moravie, de Pologne, des Broucolaques de Grece, des Excommuniés, qu'on dit qui ne pourriffent point; j'ai cru devoir y donner toute l'attention dont je fuis capable, & j'ai jugé à propos de la traiter dans une Differtation particuliere, féparée de celle des Apparitions des Efprits. Après avoir bien étudié la matiere & m'en être fait inf→ truire autant que j'ai pû, j'y ai trouvé peu de folidité, & peu de certitude; ce qui joint aux avis de quelques perfonnes fages & refpectables que j'ai confultés, m'avoit fait entierement abandonner mon deffein, & renom cer à travailler fur un fujet, qui fouffre tant de contradictions.

Mais regardant la chofe fous un autre afpect, j'ai repris la plume, réfolu de détromper le Public, fi je trouvois que ce qu'on en dit eft abfolument faux, ou de faire voir que tout ce qu'on débite fur ce fujet eft

incertain, & qu'on doit être très-réfervé à prononcer fur ces Vampires, qui ont fait tant de bruit dans le monde depuis un certain temps, & qui partagent encore aujourd'hui les Efprits, même dans les pays qui font le Théatre de leur prétendu retour & de leurs Apparitions.

J'examinerai donc cette queftion en Hiftorien, en Philofophe, en Théologien. Comme Hiftorien, je tâcherai de découvrir la vérité des faits comme Philofophe, j'en examinerai les caufes & les circonftances; enfin les lumieres de la Théologie, m'en feront tirer des conféquences par rapport à la Religion. ainfi je n'écris point dans l'efperance de convaincre les Efprits forts & les Pyrrhoniens de l'exiftence des Revenans, des Vampires, ni même des Apparitions des Anges, des Démons & des ames; ni pour intimider lesEfprits foibles & credules, en leur racontant des Apparitions extraordinaires; je ne conte pas auffi guérir

les Superfticieux de leurs erreurs, ni le peuple de fes préventions, pas même de corriger les abus qui n'aiffent de cette créance peu éclairée, ni de lever tous les doutes qu'on peut former fur les Apparitions: je prétens encore moins m'ériger en juge & en cenfeur des Ouvrages & des fentimens des autres; ni me diftinguer, me faire un nom, ou me divertir, en répandant de dangereux doutes fur une chofe qui regarde la Religion, & dont on pourroit tirer de facheufes confequences contre la certitude des Ecritures & contre les dogmes inébranlables de notre créance. Je la traiterai donc auffi folidement & auffi férieufement qu'elle le mérite, & je prie Dieu de me donner les lumieres néceffaires pour le faire avec fuccès.

être

Je prie mon Lecteur de diftinguer ici les faits racontés d'avec la maniere dont ils font arrivés. Le fait peut certain & la maniere très-inconnue. L'écriture nous raconte certaines Ap

du corps. Ces exemples font indubi-tables & fondez fur la révelation des faintes Lettres; mais la maniere dont Dieu à operé ces réfurrections ou qu'il a permis ces apparitions, eft: cachée dans fes fecrets. Il nous eft permis de les examiner, d'en recher-cher les circonftances, de propofer quelques conjectures fur la maniere dont le tout s'eft paffé. Mais il y au-roit de la témérité de décider fur une

matiere que Dieu n'a pas jugé à propos de nous réveler. J'en dis autant à proportion des Hiftoires racontées -par des Auteurs fenfez, férieux, contemporains, & judicieux, qui racontent fimplement les faits, fans entrer dans l'examen des circonstances, ni dans la maniere dont les chofes font arrivées, & dont peut-être ils n'étoient pas bien informés eux-mêmes.

On m'a déja objecté que je citois des Poëtes & des Auteurs peu accréditez, pour foutenir une chofe auffi féricufe & auffi contestée que les Apparitions des Efprits.Ces fortes d'au

torités, dit-on, font plus propres à rendre douteufes les Apparitions, qu'à établir leur vérité.

Mais je cite ces Auteurs comme témoins de l'opinion des Peuples; & c'eft beaucoup que de montrer que les anciens Grecs & Romains penfoient que les ames étoient immortelles qu'elles fubfiftoient après la mort du corps, & qu'il y avoit une autre vie où elles recevoient la récompense de leurs bonnes actions, ou le châtiment de leurs crimes.

Ces fentimens qu'on voit dans les Poëtes, fe remarquent auffi dans les Peres de l'Eglife, & dans les Hiftoriens payens: on en voit même quelques traits dans l'Ecriture, toutes fois avec quelques differences mais qui reviennent au même pour le fond : par exemple ce que j'ai rapporté des Manes ou Lares, de l'évocation des ames après la mort du corps, de l'avidité de ces ames à venir fucer le fang des animaux immolés, de la figure de l'ame féparée du corps, de l'in

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