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lofophes Hermétiques fur la lumiere, dans fon Effai d'obfervations Chymiques & Phyfiques fur les propriétés & les effets de la lumiere & du feu. Il s'eft parfaitement rencontré avec d'Efpagnet, dont j'analyse ici les fentimens, & qui vivoit il y a près d'un fiecle & demi. Les obfervations que ce favant Profeffeur de Berlin rapporte, concourent toutes à prouver la vérité de ce que nous avons dit jufqu'ici. Il appelle la lumiere le grand & merveilleux agent de la Nature. Il dit que fa substance, à caufe de la ténuité de fes parties, ne peut être examinée par le nombre, par la mesure ni par le poids; que la Chymie ne peut expofer fa forme extérieure, parce que dans aucune fubftance elle ne peut être conçue, encore moins exprimée; que fa dignité & fon excellence font annoncées dans l'Ecriture sainte, où Dieu fe fait appeler du nom de lumiere & de feu: puifqu'il y eft dit, que Dieu eft une lumiere, qu'il demeure dans la lumiere; que la lumiere eft fon habit; que la vie est dans la la lumiere, qu'il fait fes Anges flammes de feu, &c. & enfin que plufieurs perfonnes regardent la lumiere plutôt comme un être fpirituel que comme une fubftance corporelle.

En réfléchiffant fur la lumiere, la premiere chofe, dit cet Auteur, qui fe préfente à mes yeux & à mon efprit, c'eft la lumiere du Soleil; & je préfume que le Soleil eft la fource de toute la lumiere qui fe trouve dans la Nature; que toute la lumiere y rentre comme dans fon cercle de révolution, & que de là elle eft de nouveau renvoyée fur notre globe.

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Je ne pense pas, ajoute t il, que le Soleil contienne un feu brûlant, deftructif: mais il renferme une fubitance lumineute, pure, fimple & concentrée, qui éclaire tout. Je regarde la lumiere comme une fubftance qui réjouit, qui anime, & qui produit la clarté, en un mot, je la regarde comme le premier inftrument que Dieu mit & met encore en œuvre dans la Natuie. De là vient le culte que quelques Payens ont rendu au Soleil, de là la fable de Prométhée qui déroba le feu dans le Ciel, pour le communiquer à la

terre.

M. Pott n'approuve cependant pas en apparence, mais il le fait en réalité, le fentiment de ceux qui font de l'Ether un véhicule de la matiere de la lumiere, parce qu'ils multiplient, dit-il, les êtres fans néceflité. Mais fi la lumiere eft un être fi fimple qu'il l'avoue, pourra-t-elle fe manifefter autrement que par quelque fubf tance fenfible? Elle a la propriété de pénétrer très-fubtilement les corps par fa ténuité fupérieure à celle de l'air, & par fon mouvement progreffif, le plus rapide qu'on puiffe imaginer; mais il n'ofe déterminer s'il eft dû à une fubftance fpirituelle, quoiqu'il foit certain que le principe moteur eft auffi ancien que cette fubftance

même.

Le mouvement, comme mouvement, ne produit pas la lumiere, mais il la manifette dans les matieres convenables. Elle ne fe montre que dans les corps mobiles c'est-à-dire, dans une matiere extrêmement fubtile, fine & propre au mouvement précipité, foit que cette matiere

s'écoule

s'écoule immédiatement du Soleil, ou de fon atmosphere, & qu'elle penetre jufqu'à nous; foit, ce qui paroît, dit-il, plus vraisemblable, que le Soleil mette en mouvement ces matieres extrêmement fubtiles, dont notre atmosphere eft remplie.

Voilà donc un véhicule de la lumiere, & un véhicule qui ne differe point de l'Ether; puifque ce Savant ajoute plus bas : C'est donc aussi là la caufe du mouvement de la lumiere qui agit fur notre Ether, & qui nous vient principalement, င်း plus efficacement du Soleil. Ce véhicule n'eft donc pas, même felon lui, un être multiplié fans néceffité.

Il diftingue très-bien le feu de la lumiere, & marque la différence de l'un & de l'autre; mais après avoir dit que la lumiere produit la clarté, il confond ici cette derniere avec le principe lumineux, comme on peut le conclure des expériences qu'il rapporte. J'en aurois conclu qu'il y a un feu & une lumiere qui ne brûlent pas, c'est-à-dire, qui ne détruisent pas les corps auxquels ils font adhérens; mais non pas qu'il y a une lumiere fans feu. Le défaut de distinction entre le principe ou la caufe de la fplendeur & de la clarté, & l'effet de cette caufe eft la fource d'une infinité d'erreurs fur cette matiere.

Peut-être n'eft-ce que la faute du Traducteur qui aura employé indifféremment les termes de lumiere & clarté comme fynonymes. Je ferois affez porté à le croire, puifque M. Pott, immédiatement après avoir rapporté divers phénomenes des matieres phosphoriques, le bois pourri, les

I. Partie.

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vers lumineux, l'argile calcinée & frottée, &c. dit, que la matiere de la lumiere dans fa pureté, ou féparée de tout autre corps, ne fe laiffe pas appercevoir, que nous ne la traitons qu'entourée d'une enveloppe, & que nous ne connoiffons fa préfence que par induction. C'eft diftinguer proprement la lumiere de la clarté qui en eft l'effet. Avec cette diftinction, il eft aifé de rendre raifon d'une infinité de phénomenes très-difficiles à expliquer fans cela.

La chaleur, quoiqu'effet du mouvement, eft comme identifiée avec lui. La lumiere étant le principe du feu, l'eft du mouvement & de la chaleur, celle-ci n'étant qu'un moindre degré de feu, ou le mouvement produit par un feu plus modéré, ou plus éloigné du corps affecté. C'est à ce mouvement que l'eau doit la fluidité, puifque fans cette caufe elle devient glace.

On ne doit donc pas confondre le feu élémentaire avec le feu des cuifines; & obferver que le premier ne devient un feu actuel brûlant, que lorsqu'il eft combiné avec des fubftances combustibles; il ne donne par lui-même ni flamme, ni lumiere. Ainfi le phlogistique ou fubftance huileuse, fulfureuse, réfineuse, n'est pas le principe du feu, mais la matiere propre à l'entretenir, à le nourrir & à le manifefter.

Les raifonnemens de M. Pott prouvent que le fentiment de d'Efpagnet & des autres Philofophes Hermétiques fur le feu & la lumiere, eft un fentiment raifonné, & très-conforme aux obfervations Phyfico-Chymiques les plus exactes, puifqu'ils font d'accord avec ce favant Profeffeur

de Chymie dans l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Berlin. Ces Philofophes connoiffoient donc la Nature: & s'ils la connoiffoient pourquoi ne pas plutôt effayer de lever le voile obfcur fous lequel ils ont caché fes procédés par leurs difcours énigmatiques, allégoriques, fabuleux, que de méprifer leurs raifonnemens, parce qu'ils paroiffent intelligibles; ou de les accufer d'ignorance & de menfonge?

De la confervation des Mixtes.

L'efprit igné, le principe vivifiant donne la vie & la vigueur aux mixtes; mais ce feu les confumeroit bientôt, fi fon activité n'étoit modérée par l'humeur aqueufe qui les lie. Cet humide circule perpétuellement dans tous. Il s'en fait une révolution dans l'Univers, au moyen de laquelle les uns fe forment, fe nourriffent, augmentent même de volume pendant que son évaporation & son abfence font deffécher & périr les autres.

Toute la machine du monde ne compofe qu'un corps, dont toutes les parties font liées par des milieux qui participent des extrêmes. Ce lien eft caché, ce nœud eft fecret; mais il n'en eft pas moins réel; & c'eft par fon moyen que toutes ces parties fe prêtent un fecours mutuel, puifqu'il y un rapport, & un vrai commerce entre elles. Les efprits émiffaires des natures fupérieures font & entretiennent cette communication ; les uns s'en vont quand les autres viennent; ceux-ci retournent à leur fource quand

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