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quelques-uns des principaux. Eau épaiffie, notre eau, eau feconde, arcane, argent-vif, bien, bien qui a plufieurs noms, chaos, hylé, notre compôt, notre confection, corps confus, corps mixte, cuivre, Es des Philofophes, laiton, fumier, fumée aqueufe, humidité brûlante, feu étranger, feu innaturel, pierre, pierre minerale, pierre unique matiere unique, matiere confufe des métaux, menftrue, menftrue fecond, miniere, notre miniere miniere des métaux, mercure, mercure épaiffi, piece de monnoie, œuf, auf des Philofophes, racine racine unique, pierre connue dans les chapitres des livres. C'eft enfin à ce mélange ou mercure que la plupart des Auteurs commencent leurs livres & leurs traités fur l'œuvre.

Du vafe de l'Art, & de celui de la

Nature.

Trois fortes de matrices, la premiere eft la terre, la matrice univerfelle du monde, le réceptacle des élémens, le grand vafe de la Nature, le lieu où fe fait la corruption des fomenle fépulcre & le tombeau vivant de toutes les créatures. Elle eft en particulier la matrice du végétal & du minéral.

ces,

La feconde matrice eft celle de l'uterus dans l'animal'; celle des volatiles eft l'œuf; & le feul rocher, celle de l'or & de l'argent.

La troifieme, celle du métal, eft connue de peu de perfonnes; la matrice étant, avec le fperme, la caufe de la fpécification du métal.

I. Partie.

L

La connoiffance de ce vafe précieux, & de l'efprit fixe & faxifique implanté dans lui, étoit un des plus grands fecrets de la cabale des Egyptiens. Il a donc fallu chercher un vafe analogue à celui que la Nature emploie pour la formation des métaux; un vafe qui devînt la matrice de l'arbre doré des Philofophes; & l'on n'en a point trouvé de meilleur que le verre. Ils y ont ajouté la maniere de le fceller, à l'imitation de la Nature, afin qu'il ne s'en exhalât aucun des principes. Car, comme dit Raymond Lulle, la compofition qui fe fait de la fubftance des vapeurs exhalées, & rabattues fur la matiere qui fe corrompt, pour l'humecter, la diffoudre, eft la putréfaction. Ce vafe doit donc avoir une forme propre à faciliter la circulation des efprits, & doit être d'une épaiffeur & d'une confiftance capable de résister à leur impétuofité.

est

Noms donnés à ce vafe par les Anciens.

Les Philofophes faifoient en forte de faire entrer ce vafe dans leurs allégories, de maniere qu'on n'eût pas le moindre foupçon fur l'idée qu'ils en avoient. Tantôt c'étoit une tour, tantôt un navire; ici un coffre; là une corbeille. Telle fut la tour de Danaé; le coffre de Deucalion, & le tombeau d'Ofiris; la corbeille, l'outre de Bacchus & fa bouteille; l'amphore d'or ou vafe de Vulcain; la coupe que Junon préfenta à Thétis Je vaiffeau de Jafon, le marais de Lerne, qui fur ainfi appelé de ve, capfa, loculus; le panier d'Erichthonius; la caffette dans laquelle

fut enfermé Tennis Triodite avec fa four Hé-
mithée; la chambre de Léda; les œufs d'où na-
quirent Caftor, Pollux, Clytemnestre & Hélene;
la ville de Troye; les cavernes des monftres les
vafes dont Vulcain fit préfent à Jupiter. La caf-
fette que Thétis donna à Achille, dans laque'ie
on mit les os de Patrocle, & ceux de fon ami.
La coupe avec laquelle Hercule palla la mer pour
aller enlever les boeufs de Gérion. La caverne du
mont Hélicon, qui fervoit de demeure aux Mu
fes & à Phœbus; tant d'autres chofes enfin ac-
commodées aux fables que l'on invento au
fujer du grand œuvre. Le lit où Vénus fut you-
vée avec Mars; la peau dans laquelle Crion fut
engendré le clepfydre ou corne d'Ainalthée
de Kiela, je cache, &, eau. Les Egyptiens
enfin n'entendoient autre chofe par leuss, posts,
leurs fépulcres, leurs urnes, leurs mauiolees en
forme de pyramide.

>

Mais ce qui a trompé davantage ceux qui ont étudié la Philofophia Hermétique dans les lile vafe de l'Art & celui de la

vres,

c'est que Nature n'y font pas communément diftingués. Ils parlent tantôt de l'un tantôt de l'autre, tuivant que le fujet les amene; fans qu'aucun en falle la diftinction. Ils font mention pour l'ordinaire d'un triple vaiffeau. Flamel la repréfenté dans fes Hiéroglyphes, fous la figure d'une écritoire. Ce vaiffeau de terre, en forme d'é

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qitoire dans une niche, eft appelé, dit-il, de triple vaiffeau; car dans fon milieu il y a "un étage, fur lequel il y a une écuelle pleine » de cendres tiedes, dans lefquelles eft pofé l'œuf

.

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Philofophique, qui eft un matras de verre, » que tu vois peint en forme d'écritoire, & qui eft plein de confection de l'art, c'est-à-dire, » de l'écume de la mer Rouge & de la graiffe du » vent mercuriel. » Mais il paroît, par la defcription qu'il donne de ce triple vaiffeau, qu'il parle non feulement du vafe, mais du fourneau.

Il eft abfolument néceffaire de connoître le vafe & fa forme pour réuffir dans l'œuvre. Quant à celui de l'art, il doit être de verre, de forme ovale; mais pour celui de la Nature, les Philofophes nous difent qu'il faut être inftruit parfai tement de fa quantité & de fa qualité. C'est la terre de la pierre, ou la femelle, ou la matrice dans laquelle la femence du mâle eft reçue, fe putréfie & fe difpofe à la génération. Morien -parle de celui-ci en ces termes : « Vous devez "favoir, ô bon Roi, que ce magistere eft le fecret des fecrets de Dieu très-grand; il l'a confié & recommandé à fes Prophetes, dont » il a mis les ames dans fon paradis. Que fi les Sages, leurs fucceffeurs, n'euffent compris ce qu'ils avoient dit de la qualite du vaiffeau dans » lequel fe fait le magiftere, ils n'auroient jamais pu faire l'œuvre. » Ce vafe, dic Philalethe,eft un aludel, non de verre, mais de » terre; il est le réceptacle des teintures; & » refpectivement à la pierre, il doit contenir (la premiere, année des Chaldéens ) vingt»quatre pleines méfures de Florence, ni plus,

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» ni moins. »

Les Philofophes ont parlé de différens vases pour tromper les ignorans. Ils ont même cherché

en faire un myftere comme de tout le refte. 'eft pourquoi ils lui ont donné divers noms, ivant les différentes dénominations qu'il leur plu donner aux divers états de la matière. Ainfi Is ont fait mention d'alambic, de cucurbite, de afes fublimatoires, calcinatoires, &c. Mais il 'y a qu'un vafe de l'art que d'Efpagnet (a) dérit ainfi Pour dire la vérité, & parler avec ingénuité, on n'a befoin que d'un feul vafe pour perfectionner les deux foufres; il en faut un fecond pour l'élixir. La diverfité des digeftions ne demande pas un changement de vase; il est même néceffaire de ne point l'ouvrir, ni le changer jufqu'à la fin du premier œuvre. Ce vafe fera de verre, ayant le fond rond ou ovale, & un cou long au moins d'une » palme, mais étroit comme celui d'une bouteille; il faut que le verre foit épais égale»ment dans toutes fes parties, fans noeuds ni , fèlures, afin qu'il puiffe réfifter à un feu long » & quelquefois vif.

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» Le fecond vafe de l'art fera fait de deux' hémifpheres creux de chêne, dans lefquels on mettra l'œuf, le faire couver. » Le Tré, pour vifan fait auffi mention de ce tronc de chêne, en ces termes (b): « Après, afin que la fontaine fût plus forte, & que les chevaux n'y marchaffent, ni autres bêtes brutes, il y éleva un » creux de chêne tranché par le milieu, qui garde le Soleil & l'ombre de lui. »

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Le troifieme vafe enfin eft le fourneau qui (a) Can. 112. & fuiv,

(b) Philofoph, des métaux. 4. part.

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