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renferme & conferve les deux autres vafes & la matiere qu'ils contiennent. Flamel dit qu'il n'auroit jamais pu deviner fa forme, fi Abraham Juif ne l'avoit dépeint avec le feu proportionné, dans fes figures hyéroglyphiques. En effet, les Philofophes l'ont mis au nombre de leurs fecrets, & lor nommé Athanor, à caufe du feu qu'on y entretient continuellement quoiqu'inégalement quelquefois, parce que la capacité du fourneau & la quantité de la matiere demandent un feu proportionné. Quant à fa construction, on peut voir ce qu'en dit d'Efpagnet.

Du Feu en général.

Quoique nous ayons parlé du feu affez au long dans les principes de Phyfique qui précedent ce traité, il eft à propos d'en dire encore deux mots, pour ce qui regarde l'œuvre. Nous connoiffons trois fortes de feux, le célefte, le feu de nos cuifines, & le feu central. Le premier eft trèspur, fimple, & non brûlant par lui-même; le fecond eft impur, épais, & brûlant; le central eft pur en lui-même, mais il eft mélangé & tempéré. Le premier eft ingénérant, & luit fans brûler; le fecond eft deftructif, & brûle en luifant, au lieu d'engendrer ; le troifieme engendre & éclaire quelquefois fans brûler, & brûle quelquefois fans éclairer. Le premier eft doux; le fecond âcre & corrofif; le troifleme eft falé & doux. Le premier eft par lui-même fans couleur & fans odeur; le fecond, puant & coloré, fuivant fon aliment; le troifieme eft invisible, quoique

e toutes couleurs & de toutes odeurs. Le cé-. fte n'eft connu que par fes opérations; le fecond ar les fens, & le central par fes qualités.

Le feu est très-vif dans l'animal, stupide & lié ans le métal, tempéré dans le végétal, bouillant Ez très-brûlant dans les vapeurs minérales. eLe feu célefte a pour fa fphere la région éthé. dée, d'où il fe fait fentir jufqu'à nous. Le feu lémentaire a pour demeure la fuperficie de la erre, & notre atmosphere; le feu central est Mogé dans le centre de la matiere. Ce dernier eft enace, vifqueux, glutineux, & eft inné dans la natiere; il eft digérant, maturant ni chaud, i brûlant au toucher; il fe diffipe & confume rès-peu, parce que fa chaleur eft tempérée par le froid.

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Le feu célefte eft fenfible, vital, actif dans l'animal, plus chaud au toucher, moins digérant, & s'exhale fenfiblement.

L'élémentaire eft deftructif, d'une voracité incroyable; il bleffe les fens, il brûle; il ne digere -ne cuit, & n'engendre rien. Il eft dans l'animal ce que les Médecins appellent chaleur fébrile & contre nature; il confume ou divife l'humeur A radicale de notre vie.

Le célefte paffe en la nature du feu central; il devient interne, engendrant; le fecond eft externe & féparant; le central eft interne, uniffant & homogénant.

La lumiere ou le feu du Soleil habillé des rayons de l'Ether, concentrés & réverbérés fur la fuperficie de la terre, prend la nature du feu élementaire, ou de nos cuifines. Celui-ci paffe

en la nature du feu célefte à force de fe dilater & devient central à force de fe concentrer dans la matiere. Nous avons un exemple de ces trois feux dans une bougie allumée; fa lumiere dans fon expenfion repréfente le feu célefte; fa flamme le feu élémentaire, & la meche le feu central.

Comme le feu de l'animal eft d'une diffipation incroyable, dont la plus grande fe fait par la tranfpiration infenfible, les Philofophes fe font étudiés à chercher quelque moyen de réparer cette perte; & fentant bien que cette réparation ne pouvoit fe faire par ce qui eft impur & corruptible comme l'animal même, ils ont eu recours à une matiere où cette chaleur requife fût concentrée abondamment. L'art de la Médecine. ne pouvant empêcher cette perte, & ignorant les moyens abrégés de la réparer, s'eft contentée d'aller aux accidens qui détruisent notre fubitance, qui viennent ou des vices des organes, ou de l'intempérie du fang, des efprits, des humeurs, de leur abondance ou difette, d'où fuit infailliblement la mort, fi l'on n'y apporte un remede efficace, que les Médecins avoueat eux-mêmes ne connoître que très-imparfaitement.

Du Feu Philofophique.

La raison qui engageoit les anciens Sages à faire un mystere de leur vafe, étoit le de peu connoiffance que l'on avoit dans ces temps reculés, de la fabrique du verre. On a découvert dans la fuite la maniere de le faire; c'est pour

quoi les Philofophes n'ont plus tant caché la matiere & la forme de leur vafe. Il n'en eft pas ainfi de leur feu fecret; c'eft un labyrinthe dont le plus avifé ne fauroit fe tirer.

Le feu du Soleil ne peut être ce feu fecret ; il eft interrompu, inégal; il ne peut fournir une chaleur en tout femblable dans fes degrés, fa mefure & fa durée. Sa chaleur ne fauroit pénétrer l'épaiffeur des montagnes, ni échauffer la froideur des marbres & des rochers, qui reçoivent les vapeurs minérales dont l'or & l'argent font formés.

Le feu de nos cuifines empêche l'union des mifcibles, & confume ou fait évaporer le lien des parties conftituantes des corps; il en eft le

tyran.

Le feu central ou inné dans la matiere a la propriété de mêler les fubftances, & d'engendrer; mais il ne peut être cette chaleur Philofophique tant vantée, qui fait la corruption des femences métalliques; parce que ce qui eft de foi-même principe de corruption, ne le peut être de génération que par accident: je dis par accident; car la chaleur qui engendre eft interne & innée à la matiere, & celle qui corrompt eft externe & étrangere.

Cette chaleur eft fort différente dans la génération des individus des trois regnes. L'animal l'emporte de beaucoup en activité au deffus de la plante. La chaleur du vafe dans la génération du métal doit répondre & être propor-" tionnée à la qualité de la femence dont la corruption eft très-difficile. Il faut donc conclure

que n'y ayant point de génération fans corrup tion, & point de corruption fans chaleur, il faut proportionner la chaleur à la femence que l'on emploie pour la génération.

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Il y a donc deux chaleurs, une putrédinale externe & une vitale, ou générative interne. Le feu interne obéit à la chaleur du vase jusqu'à ce que, délié & délivré de fa prison, il s'en rend le maître. La chaleur putrédinale vient à fon fecours, elle paffe en la nature de la chaleur vitale & toutes deux travaillent enfuite de

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concert.

C'est donc le vafe qui adminiftre la chaleur propre à corrompre, & la femence qui fournit le feu propre à la génération; mais comme la. chaleur de ce vafe n'eft pas fi connue pour le métal comme elle l'eft pour l'animal & la plante, il faut réfléchir fur ce que nous avons dit du feu en général pour trouver cette chaleur. La Nature l'a fi proportionnellement mefurée dans la matrice quant aux animaux, qu'elle ne peut gueres être augmentée ni diminuée; la matrice eft dans ce cas un véritable Athanor.

Quant à la chaleur du vafe pour la corruption de la graine des végétaux, il la faut très-petite; le Soleil la lui fournit fuffifamment : mais il n'en eft pas de même dans l'art Hermétique. La matrice étant de l'invention de l'Artiste, veut un feu artiftement inventé & proportionné à celui que la Nature implante au vafe pour la génération des matieres minérales. Un Anteur anonyme dit que pour connoître la matiere de ce feu, il fuffit de favoir comment le feu élémentaire

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