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» terre alors cache un grand tréfor dans fon fein, » & devient premierement femblable à la Lune, puis au Soleil. La premiere fe nomme terre de la Lune, la feconde terre du Soleil, & font » nées nées pour être liées par un mariage indiffoluble; car l'une & l'autre ne craignent plus les » atteintes du feu.

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» La quatrieme digeftion acheve tous les myf» teres du monde, la terre devient par fon » moyen un ferment précieux, qui fermente » tout en corps parfaits, comme le levain change » toute pâte en fa nature: elle avoit acquis cette propriété en devenant quinteffence céleste. Sa » vertu émanée de l'efprit univerfel du monde, »eft une panacée ou médecine univerfelle à » toutes les maladies des créatures qui peuvent être guéries. Le fourneau fecret des Philofophes vous donnera ce miracle de l'Art & de la Nature, en répétant les opérations du premier

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» œuvre. »

Tout le procédé Philofophique confifte dans la folution du corps & la congélation de l'efprit, & tout le fait par une même opération. Le fixe & le volatil fe mêlent intimement, mais cela ne peut fe faire file fixe n'eft auparavant volatilisé. L'un & l'autre s'embraffent enfin, & par la réduction ils deviennent abfólument fixes.

Les principes opératifs, que l'on appelle aufli les clefs de l'œuvre, ou le regime, font donc au nombre de quatre: le premier eft la folution ou liquéfaction; le fecond l'ablution; le troisieme Ja réducties corps quatrieme la fixation. Par la ittuun leur premiere

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matiere, & fe réincrudent par la coction. Alors le mariage se fait entre le mâle & la femelle, & il en nait le corbeau. La pierre fe réfout en quatre élémens confondus entemble; le ciel & la terre s'uniffent pour mettre Saturne au monde. L'ablution apprend à blanchir le corbeau, & à faire naître Jupiter de Saturne: cela fe fait par le changement du corps en efprit. L'office de la réduction eft de rendre au corps fon efprit que la volatilisation lui avoit enlevé, & de le nourrir enfuite d'un lait fpirituel, en forme de rofée, jufqu'à ce que le petit Jupiter ait acquis une force parfaite.

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«Pendant ces deux dernieres opérations, dit d'Efpagnet, le Dragon defcendu du ciel, de-. » vient furieux contre lui-même; il dévore fa queue, & s'engloutit peu à peu, jufqu'à ce qu'enfin il fe métamorphofe en pierre. Tel fut le Dragon dont parle Homere (a) il eft la véritable image, ou le vrai fymbole de ces deux opérations. « Pendant que nous étions affem»blés fous un beau plane, difoit Ulyffe aux Grecs, & que nous étions là pour faire des hécatombes, auprès d'une fontaine qui fourdoit de cet arbre, il apparut un prodige mer» veilleux. Un horrible Dragon dont le dos étoit » tacheté, envoyé par Jupiter même, fortit du

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fond de l'autel, & courut au platane Au haut » de cet arbre étoient huit petits moineaux avec » leur mere qui voltigeoit autour d'eux. Le Dragon les faifit avec fureur, & même la mere

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(a) Iliad. 1. 2. v. 306. & fuiv.
1. Partie.

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qui pleuroit la perte de fes petits. Après cette » action le même Dieu qui l'avoit envoyé, le » rendit beau, brillant, & le changea en pierre » à nos yeux étonnés. » Je laifle au Lecteur à en faire l'application.

Principes opératifs en particulier.
La Calcination.

La calcination vulgaire n'eft autre chofe que la mort & la mortification du mixte, par la féparation de l'efprit, ou de l'humide qui lioit fes parties. C'eft à proprement parler une pulvérifation par le feu, & une réduction du corps en chaux, cendre, terre, fleurs, &c.

La Philofophique eft une extraction de la fubf tance de l'eau, du fel, de l'huile, de l'efprit & le reste de la terre, & un changement d'accidens, une altération de la quantité, une corruption de la fubftance, de maniere cependant que toutes ces chofes féparées puiffent fe réunir pour qu'il en vienne un corps plus parfait. La calcination vulgaire fe fait par l'action du feu de nos cuifines, ou des rayons concentrés du Soleil, la Philofophique a l'eau pour agent; ce qui a fait dire aux Philofophes: Les Chymiftes brûlent avec le feu, & nous brûlons avec l'eau ; d'où l'on doit conclure que la Chymie vulgaire eft auffi différente de la Chymie Hermétique, que le feu differe de l'eau.

Solution.

La folution, chymiquement parlant, est une atténuation ou liquéfaction de la matiere fous forme d'eau, d'huile, d'efprit ou d'humeur. Mais la Philofophique eft une réduction du corps en fa premiere matiere, ou une défunion naturelle des parties du compofé, & une coagulation des parties fpirituelles. C'eft pourquoi les Philofophes l'appellent une folution du corps & une congélation de l'efprit. Son effet eft d'aquéfier, diffoudre, ouvrir, réincruder, décuire, & évacuer les fubftances de leur terreftréités, de décorporifier le mixte pour le réduire en fperme.

Putréfaction.

La putréfaction eft en quelque façon la clef de toutes les opérations, quoiqu'elle ne foit pas proprement la premiere. Elle nous découvre l'intérieur du mixte: elle eft l'outil qui rompt les liens des parties; elle fait, comme le difent les Philofophes, l'occulte manifefte. Elle est le principe du changement des formes, la mort des accidentelles, le premier pas à la génération, le commencement & le terme de la vie; le milieu entre le non être & l'être.

Le Philofophe veut qu'elle fe faffe, quand le corps diffous par une réfolution naturelle est foumis à l'action de la chaleur putrédinale. La diftillation & la fublimation n'ont été inventées qu'à l'imitation de celles de la Nature à l'égard des élémens, dont l'inclination ou la difpofi

tion à fe raréfier & s'élever, à fe condenser & à defcendre, font tout le mélange & les productions de la Nature.

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La diftillation differe de la fublimation ce que la premiere fe fait par l'élévation des chofes humides, qui diftillent enfuite goutte à goutte, au lieu que la fublimation & l'élévation d'une matiere feche s'attache au vaiffeau. L'une & l'autre font vulgaires.

La diftillation & la fublimation, philofophiquement parlant, font une purgation, fubtilisation, rectification de la matiere.

La coagulation & la fixation font les deux grands inftrumens de la Nature & de l'Art.

Fermentation,

Le ferment eft dans l'œuvre ce que le levain eft dans la fabrique du pain. On ne peut faire du pain fans levain, & l'on ne peut faire de l'or fans or. L'or eft donc l'ame & ce qui détermine la forme intrinfeque de la pierre. Ne rougiffons pas d'apprendre à faire de l'or & de l'argent, comme le boulanger fait le pain, qui n'est qu'un compofé d'eau & de farine pétrie, fermentée, qui ne differe l'un de l'autre que par la cuiffon. De même la médecine dorée n'est qu'une compofition de terre & d'eau, c'est-à-dire, de foufre & de mercure fermentés avec l'or; mais avec un or réincrudé. Car comme on ne peut faire du levain avec du pain cuit, on ne peut en faire un avec l'or vulgaire, tant qu'il demeure or vulgaire.

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